[Chapitre 4]

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Je ne pouvais pas en croire mes yeux. Ce sont bien les deux hommes de mon rêve. Le plus grand se dirige vers ma prof d'histoire-géographie et commence à lui dire de mots qui ne parviennent pas jusqu'à mon oreille. Le plus petit me fixe et je répond à son regard par encore plus de terreur que je ne devais en avoir auparavant.

Je suis clouée sur ma chaise, comme pétrifiée. Cette scène est totalement irréelle.

Puis, lorsque je croise par la suite le regard glaçant de son accolyte, je ressens une sensation plus étrange. Comme si ses yeux ne me voyait pas réellement, et qu'ils assistaient à une autre scène qui serait totalement différente de celle qui est en train de se produire.

C'est alors que je me ressaisit.
Instinctivement, j'attrape mon manteau, et cours le plus vite possible vers la porte de la salle de classe, mais le petit (qui mesure quand même au moins vingt centimètres de plus que moi...) tend sa main dans ma direction et essaie de me bloquer, mais j'arrive heureusement trop rapidement pour lui.

Sans réfléchir aux conséquences, je pique un sprint en direction de la sortie. Lorsque je la vois enfin, je passe devant une des salles de troisième, j'aperçois un garçon d'un an de plus que moi courir aussi en direction de la porte. Je le rejoint lorsqu'il essaie d'ouvrir la porte d'entrée, mais celle-ci est vérouillée.

Sans même s'être échangé un mot, on décide de retraverser le collège et de prendre la porte de sortie. Arrivant en vue de celle-ci, nous apercevons le grand qui a enfonçé le couteau dans ma gorge, alors, avant qu'il ne s'aperçoive de notre présence, je tourne les talons et jette un coup d'œil à mon acolyte. Même s'il ne l'a pas vu, il a compris qu'il ne fallait pas l'approcher.

Nous faisons donc demi-tour au pas de course. Arrivant à la hauteur des toilettes des garçons, on s'accorde une petite pause. Sans aucun petit mot d'introduction, il me lance :

"- Tu sais qui c'est ?"

J'avoue que je ne sais pas trop quoi répondre. Je devrais dire oui parce c'est vrai que je les ai déjà vu auparavant, mais aussi non car c'est vrai, je peux me l'affirmer, je ne sais vraiment rien d'eux.

"- Non."

Il répond du tac au tac avec une vitesse fulgurante.

"- Alors pourquoi tu les as fuis ?"

J'hésite. J'hésite pendant de longues secondes à lui dire la vérité. C'est vrai, après tout, je ne le connais pas. C'est un parfait inconnu, et si j'avais vraiment une tête à me faire des histoires pour tout et n'importe quoi, je pourrais jusqu'à aller me demander s'il n'est pas un de leurs complices.

Je sais qu'il va me prendre pour une vraie fille, mais je préfère ne rien lui révéler.

"- Je ne sais pas.

- Quoi ?"

Il me regarde comme si c'était la chose la plus absurde qu'il avait entendu depuis plusieurs années.

"- Tu rigoles là j'espère ?

- Non.

- Tu es complètement folle. Ça t'avance à quoi de me suivre, et de faire tout ça si tu n'as aucun but ? A moins que tu n'en ais un et que tu ne veuilles pas me le dire ! J'espère pour toi que c'est ça parce que sinon on ne va pas se côtoyer très longtemps !

Il m'énerve. Cet idiot ne pense qu'à lui. Il doit imaginer que le monde tourne autour de lui, de ses choix, de ses actions. Mais on peut dire qu'il se trompe royalement. Je préfère rapidement changer de sujet avant qu'il ne fasse vraiment ce qu'il dit : s'éloigner de moi.

"- Et toi, comment tu les connais ?"

Il prend quelques secondes avant de me répondre.

"- Je les ai vu.

- Comment-ça ?

- En rêve.

- Quand ?

- Mais ça va les questions ! Ne te gêne pas surtout ! Mais si tu crois que tu vas réussir à t'imiscier comme ça dans ma vie privée, tu te mets le doigt dans l'œil !

J'avoue je ne me suis peut-être pas gênée sur les questions, mais ce n'est quand même pas une raison pour réagir avec autant de haine envers moi !

Il continu :

"- Tu n'as pas pu faire ça comme ça tu les connais forcément."

Cette fois-ci, je ne répond pas. J'avoue, là, j'ai vraiment peur de lui. Il me regarde avec un regard mauvais, presque noir.

Sans aucune délicatesse, il m'attrape et me plaque contre un mur en me chuchotant à l'oreille en détachant bien chaque mots les uns des autres :

"- D'où tu les connais ?"

Lorsque j'entend de nouveau le son de sa voix, je devine que s'il n'obtient pas de réponse maintenant, qu'elle soit vraie ou fausse, je ne ressortirait pas vivante de cet établissement.
La première fois que j'ai essayé de lui cacher quelque chose, on peut dire que ça a mal fini. Je décide donc de ne plus rien lui cacher.

"- Moi aussi.

- Quoi ?

- Moi aussi je les ai vu en rêve cette nuit."

- Tout les deux ?

- Tout les deux."

Il me relâche, et affiche une minne mi étonnée, mi soulagée.

"- Donc ce n'était pas par simple intuition que tu as couru avec moi ?"

Je fais non de la tête. Cette fois, il soupire sans essayer de le cacher. Il me dit alors tout haut en me tendant sa main que je sers chaleureusement :

"- Reprenons sur de nouvelles bases, comment t'appelles-tu ?

- Apolline, et toi ?

- Yann."

The SundeadOù les histoires vivent. Découvrez maintenant