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" L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour"

Flashback
Il faisait nuit lorsque je l'ai rencontrée.

Je ne trouvais pas le sommeil et je m'étais faufilé en douce hors de l'internat.
Cela faisait deux jours que celle que j'appelais tatie m'avait tout simplement abandonné au pas de cet orphelinat.
Je n'étais encore qu'un môme qui ne comprenait rien à la vie. Cette femme qui s'était occupée de moi depuis la mort de mes parents n'en pouvait plus. Elle se plaignait sans cesse du fardeau que son frère et sa belle-soeur lui avaient légué.
Moi.
Tous les jours de grosses gouttes tombaient de ces yeux qui ressemblaient étrangement aux miens. Et elle répétait les mêmes phrases, maudissant le monde de l'avoir abandonné à ce sort.
Mon seul réflexe était de la serrer dans mes petits bras d'enfants.
Mais qu'est-ce que j'espérais ? À peine me voyait elle s'approcher qu'elle ravalait ses larmes laissant place à un personnage effrayant. Elle me repoussait et me donnait des coups en beuglant telle une insectophile ayant aperçu un cafard.

Je lui faisais peur.

- Va t'en fils du diable ! Tu attires le mal !

Ces mots ne m'avaient jamais fait d'effet. Je les entendais si souvent, tout le quartier me méprisait. Ils me dévisageaient comme si j'avais été nu dans la rue. Mais dans ces regards se lisait indéniablement une peur perpétuelle.

- Pourquoi ? Entendis-je.

La nuit s'était emparée des environs. La seule lumière éclairant mon chemin était celle de la lune. Mais il semblait que quelqu'un ait réussi à me suivre.

- Pourquoi tu t'es enfui ? Continua ce son cristallin.

J'ai alors pensé qu'il pouvait s'agir de la faucheuse, venue m'arracher à cette vie dépourvue de sens.
Je n'avais rien à perdre. J'avais bien envie de l'essayer, cette mort.
Je rejoindrai maman et papa. Pensai-je. Si ils ne sont pas revenus depuis, c'est que ça doit être amusant.

- Je ne me suis pas enfui. Je n'arrivais pas à dormir. Répliquai-je finalement en fermant les yeux.
- Pourquoi tu n'arrivais pas à dormir ? Demanda celle que je pensais être la faucheuse.

Je me surpris soudain à trembler, ma respiration ne plus être régulière.
Elle s'approchait.

- Tu trembles, pourquoi ? Murmura-t-elle pourtant arrivée à mon niveau.

Mes yeux ne s'ouvraient plus, ils étaient déjà partis. Le reste de mon corps n'allait pas tarder à lâcher aussi, j'étais prêt à accepter mon sort. Emmène moi !

Plusieurs minutes devaient s'être écoulées. Pourtant il ne s'était rien passé. Mais qu'attendait-elle ? Je me risquai alors à ouvrir les yeux, frustré de ne pas encore avoir été enlevé.

Je vis alors deux adorables amandes vertes aux reflets bruns me fixer. On pouvait y lire de la joie mêlée à de la curiosité. Pourquoi était elle heureuse de me voir ? Étrange.

- Comment tu t'appelles ?

Cette question me fit l'effet d'une bombe. Je déglutis.
Moi ? Personne ne s'était jamais intéressé à...moi.
Parfois appelé fils du diable, la plupart du temps ignoré ou plutôt rejeté, j'en étais arrivé à oublier mon propre nom.
- Max, je crois. Hésitai-je.
- Enchantée Max ! Tu veux être mon ami ? Chanta-t-elle tout sourire.

La faucheuse était une demoiselle d'à peu près mon âge, des boucles brunes lui tombant sur les épaules. Ses longs cils battaient à chaque clignements d'yeux.
Mais quelle était donc cette naïveté à la fois insupportable et étrangement apaisante.

- Qu'est-ce que tu fais dehors en pleine nuit ? Cassai-je involontairement.

Elle tressauta et je vis son sourire s'effacer rapidement. Elle fuit. Je la stoppai instinctivement.

- Attends ! Ne t'en va pas. Insistai-je.
Mais pourquoi est-ce que je ne l'avais pas tout simplement laissée partir ?

Ses deux petites amandes s'emplirent de larmes. Non s'il te plaît. Je la pris rapidement dans mes bras et la serrai contre ma poitrine espérant stopper ses pleurs.

- Chut chut, murmurai-je à son oreille.
Elle ne se détacha pas de mon étreinte.
Inerte.
C'était la première fois qu'on ne me rejettait pas lorsque je me trouvais à cette proximité.

- Eh ! Chuchotai-je. Ça va mieux ?

Aucune réponse.

- Eh toi ! Répétai-je avec anxiété.

Elle enfonçait sa petite tête contre mon torse d'enfant, son corps tremblant entre mes mains.
Une ombre effrayante apparut soudainement et une silhouette se dessina dans la nuit.
Je serrai la faucheuse de toutes mes forces . Je n'avais pas peur, non j'étais même prêt à tenir tête à cette silhouette qui s'avérait être...
un petit garçon ?

- Sophia ? Commença-t-il doucement. Viens on rentre.

La petite fille ne répondit pas enfonçant de plus bel son visage contre ma poitrine. Ma faucheuse s'appelait donc Sophia, et elle semblait ne pas vouloir suivre ce petit brun aux cheveux en bataille.

- Sophia ! S'impatienta le brun. Ne sois pas têtue.

Pourquoi ne voulait elle pas le rejoindre ? Bien que n'en sachant pas la raison je répondis une phrase comme laisse la au garçon.
Il me fixa alors comme on fixe un animal qui aurait fait une bêtise, mais habitué je ne me vexai pas. Étonné ou bien énervé que je ne réagisse pas à sa condescendance il me poussa violemment récupérant celle que je tenais au passage.

Tous les deux disparurent alors me laissant seul comme au départ dans la solitude de la nuit.

Fin flashback
- Ne me laissez pas tout seul !Emmenez-moi avec vous aussi ! Maman, papa !
- Max ! Max ! Tout va bien je suis là ! Fit une voix rassurante.
- Maman ? Je suis enfin avec vous ? Répondis-je les yeux encore clos.
- N...on Max, c'est moi. Chuchota cette même voix mais légèrement secouée.
- J..e suis dé-solée. Tout est de ma faute. Balbutia-t-elle encore.
Mais qu'avait le propriétaire de cette voix ?
Encore des pleurs. Me dis-je, les paupières toujours incapables de s'ouvrir.
Je ne sentais plus mon corps, j'avais la bouche sèche et l'estomac criant famine. Malgré tout je me sentais bien et je ne voulais pour rien au monde bouger de là.

- Tu vas t'en sortir Max ! Reste avec moi je t'en prie, je t'aime tellement ! Insista encore ce timbre. Il me parut un moment familier.
- Je ne voulais juste pas qu'elle interfère entre nous...pas que tu finisses dans cet état ! Pardonne-moi mon amour...tu seras vengé je te le promets !
Mais que racontait-elle donc ? Cette histoire était pathétique.
Je tapotai dans le vide voulant soutenir cet être qui semblait désespéré et lui soufflai un bon courage avant de retomber dans le sommeil.



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Hey !
Je voulais en profiter pour souhaiter de BONNES FÊTES À TOUS  ! 🎉
Héhé !

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