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"L'habit ne fait pas le moine"

- Salut !
Ce mot vibra. Ou plutôt me fit vibrer.
Il glissa par mon oreille pour se propager à une vitesse inouïe un peu partout dans mon corps. Un simple terme prononcé au quotidien me parut soudain si merveilleux, si mélodieux.
Ce sensuel "salut" m'était-il réellement adressé ? Comment y croire ? Et si ce n'était pas le cas et que je me faisais ignorer en osant me retourner ? Hors de question de perdre la face de cette manière ! Mais il fallait tout de même tenter ! Impossible. Si. Ah.
Agité par ce conflit intérieur, mon corps au préalable secoué par cette douce sonorité, se paralysa instantanément et me somma de cesser tout mouvement.

Rare était ce qui pouvait me mettre dans cet état d'inertie passagère. Pas même l'annonce de la mort de mon frère quand bien même je venais d'apprendre avoir été adoptée. Bah. C'est vrai. Ce frère je ne l'ai jamais vu ou du moins je ne m'en souviens plus. Et puis concernant l'adoption, au fond je l'avais toujours su. L'évidence était pourtant dans le fait que j'aime cette famille qui m'avait recueillie. Nul ne pouvait et ne pourra nous séparer, peu importe le passé. Jamais.
Mais alors cette voix. Cette voix reconnaissable parmi mille autres. Cet individu au doux visage. À la peau expressément bronzée, les cheveux bruns un peu défaits. Lui, réussit à transformer ce coeur de pierre en statue de même matière. Grâce à lui, je libérais des sentiments que jusqu'ici, seule la scène me procurait : oublier ce monde autour de moi comme s'il n'avait jamais existé, sentir les battements de mon coeur qui accélérait à la vitesse d'une formule 1, sourire sans même en connaître la raison. Ce n'est pas mon genre !

Deb qui avait repéré un vendeur de gaufres et qui n'avait pas résisté à leur bonne odeur revint après ces quinze dernières secondes qui semblaient avoir été des heures. Bloquée là.
La bouche à moitié pleine, tâchée de chocolat, elle pointa derrière moi en articulant difficilement :
- Y a ton crush là !
Alors dans un énième effort de mouvement et piquée par l'insatiable envie d'observer le spécimen de près, je finis par me retourner. Personne. Mais je pus remarquer une foule anormalement agitée.
Une main se posa soudain sur mon épaule et avant que je ne puisse réagir je me retrouvai le visage contre un torse chaud.

- Ça va ?
- Sophia !
- Elle est inconsciente !
- Fais quelque chose !
- Me postillonne pas dessus et passe ton tel, j'ai pas le mien sur moi !
- Je te signale que je viens de lâcher une gaufre pour...
- Et c'est plus important que ta meilleure amie ?
- ...non mais...Eh ! Comment tu sais que Sophia et moi sommes meilleures amies ?

Sol La Do Mi Ré Sol Sol Do tut tut tut


--------------- Noir complet ---------------


Bip Bip Bip

- ...
- Tu es réveillée ma puce ? Me chuchota une voix familière.
Mais que faisait elle au spectacle de musique ? Elle est déjà rentrée de son voyage d'affaire ?
- Maman ? répondis-je faiblement, tout en tentant d'ouvrir doucement les yeux. Où...où est-ce qu'on est ?
- À l'hôpital mon sucre. Deborah et un jeune garçon nous ont prévenu ton père et moi. Je suis rentrée aussi vite que j'ai pu. Me renseigna-t-elle.
- Un jeune garçon ? Soufflai-je surprise. Mais elle ne me répondit pas car au même moment le médecin entra pour annoncer ma sortie prochaine de la clinique.

Cela faisait environ une semaine que je me trouvais dans cet endroit. Je ne comprenais pas ce qui s'était passé et ma seule hâte était de récupérer mon téléphone pour demander plus de détails à Deborah.

Pendant que je préparais mes affaires pour enfin m'en aller, une grande rousse à la taille de mannequin fit son entrée dans ma chambre.
Ses yeux étaient aussi noirs que le regard qu'elle me lançait.
- KAMORO Sophia ! S'exclama-t-elle. Elle ne me laissa pas le temps de placer un mot qu'elle m'attrapa par le col, me faisant perdre tout contact avec le sol. C'est qu'elle a de la force la bimbo...

- Lâche-moi. Dis-je étouffée, les jambes qui se balançaient dans le vide. Qu'est ce que tu me veux ?
- Ne touche pas à Connor ! Cracha la rousse. Il est déjà pris !
Une fois le message passé elle m'envoya valdinguer de l'autre côté de la pièce - bon, c'est pour caricaturer le fait qu'elle n'a pas réalisé la chose en douceur - et la quitta comme elle y était entrée.

Si cette scène avait été filmée, Max et Deb l'auraient visionnée en boucle. Histoire de rire un peu - beaucoup - de ma mésaventure et surtout de moi. Qui aurait cru qu'une personne aussi superficielle puisse cacher la force d'Hercule en elle ?

...après réflexion je me joindrai sûrement à ces deux-là.

Pour essayer d'oublier...
Oublier cette nouvelle qui me fendait le coeur.









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Et voilà.
Les phrases en gras que je place en début d'histoire sont les citations que je préfère et que je veux partager avec vous - même si vous connaissez quelques unes d'entre elles - elles ont le plus souvent un rapport direct avec ce qui va se passer dans le chapitre.
Héhé.

SensationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant