Ma vie est nulle

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Mon début d'année est catastrophique. Olivia me manque horriblement. On ne se voit que rarement, on échange des messages mais ce n'est plus pareil. On ne se voit plus, on ne peut plus se mettre à côté en cours, on ne peut plus se foutre des gens ensemble...J'en ai marre. Je me sens triste tout le temps en ce moment. Je ne sais pas quoi faire. Je n'arrive pas à sortir de ça. Je traîne souvent avec Adam, celui que j'ai rencontré cette année. J'arrive facilement à lui faire confiance, je lui ai même parlé de Noam. L'autre ne me parle plus tant que ça. Une fois, j'ai voulu l'attendre en cours, il m'a envoyé boulé et est parti vers sa nouvelle amie, Emma. Je n'existe presque plus pour lui. Tant pis. Megan me suit un peu tout le temps. Je ne l'aime pas trop avec toutes ces histoires, ceux de l'année dernière aussi mais j'ai toujours aussi peur d'être complètement seule. Je m'y sens un peu moins avec elle même si ce n'est qu'une façade. J'ai voulut parlé à Noam parce qu'en j'en avais marre de ces aller retour et avec ma timidité légendaire face à lui, j'ai envoyé un message. Une dissertation complète où je m'expliquais clairement. Sa réponse ? Jsp. Même pas écrit en entier.  Et entre temps, je l'ai vexé. L'entraîneur voulait que l'on fasse un relais à quatre avec les garçons. J'ai dit, je cite : "Mais non, il est trop chiant en relais". Résultat, il ne me parle plus depuis deux semaines. Ma vie est vraiment nulle. J'en peux vraiment plus. Je m'entend de moins en moins avec ma mère. J'en ai marre d'être réprimandée tout le temps. Je suis une jeune adulte maintenant. J'aimerais me prendre en charge seule. Je n'ai pas besoin qu'elle me rappelle mes devoirs, mes rendez-vous, qu'elle vérifie mon agenda, mon téléphone...Je me sens oppressée et en même temps, je l'aime tellement. On a des moments de complicité entre les deux. On rigole, on partage des choses. Je ne veux pas lui briser le cœur. 

Je suis chez mes grands parents du côté de mon père. Je m'ennuie très fort. Ma mère n'est même pas là, elle est au travail. Ils parlent entre eux. Je fais une remarque sur ce qu'ils disent, mais j'ai vraiment l'impression de ne pas être là. Je suis peut-être un fantôme. Je dis quelque chose mais personne ne me remarque. Les larmes me montent au yeux. Si je pleurais, là, est ce qu'ils le verraient au moins ? Il est tellement absent de ma vie. Il ne me connait pas, il ne sait pas ce que j'aime faire, les gens avec qui je traîne, mes horaires dans la semaine. Il ne sait rien. Je ne sais vraiment pas ce que je fous sur cette terre. Tout le monde s'en fout de ma poire. Si je meurs, personne ne sera impacté. Ma vie est dérisoire sur les sept milliards d'Homme. En rentrant, je vois la boîte de Doliprane sur le buffet. Je la prends en passant. Est ce que quelqu'un le verrait si elle disparaissait ? La dernière fois, personne n'a rien vu. Je me souviens qu'il y a d'autres boîtes dans mon armoire. J'en trouve quatre. Je sors chaque cachet un par un, machinalement. Le bruit n'attire pas mon père. De toutes façons, il doit encore regarder un de ces films. La dernière fois, ça n'avait pas marché, mais il n'y avait qu'une boîte alors là, peut-être que je serais enfin tranquille. Je ne crois pas en dieu mais j'espère qu'il y a aura un ailleurs un peu mieux que ce monde. Ce monde où je ne me sens pas à ma place. Je les mets tous dans un verre que j'ai acheté cette été. Je le remplis d'eau et attends qu'ils fondent en jouant sur mon ordi. Autant faire quelque  chose qu'on aime avant de mourir. J'aimerais envoyer un message à Olivia mais je n'ai pas envie de lui faire peur. Elle a bien d'autre problème à gérer que moi. Je l'accapare avec mes problèmes futiles alors qu'elle en a des plus graves. Je ne serais qu'un poids de plus sur ses épaules. Elle sera un peu plus libre, elle s'en remettra. Plein de gens l'aiment même si elle ne les voit pas. Ils l'aideront et un jour elle me remerciera. Je ne suis pas faite pour vivre ici. Je ferme mon ordinateur. Je bois en une seule fois le liquide blanchâtre au gout dégouttant. Il me laisse un arrière gout et une sensation bizarre dans la gorge. Ma mère est rentrée sans me le dire. Je laisse le verre en apparence, si je suis morte demain, ils comprendront facilement. Elle dort déjà. Je pose un bisou sur sa joue et m'en vais. 

SombreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant