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Comme toujours, je passais mes journées le nez dans mes livres sur le rebord de ma fenêtre à regarder la ville qui se dessinait au loin. Je me sentais comme Raiponce, enfermée dans une tour en attendant le prince charmant. Sauf que ce qui me différencie d’elle est que le prince ne viendra jamais et que j’ai choisi d’être enfermée dans cette « tour ». Mes parents n’ont jamais compris et ne comprendront jamais pourquoi une adolescente de 18 ans persiste à ne pas vouloir aller dans un lycée public où elle pourrait se faire des amis. Je suis loin d’être la fille ultra sociable, mannequin parfaite de la tête au pied. Malgré le fait que ma sœur me raconte continuellement le contraire. Je me demande parfois, ce que serait ma vie sans elle, une jumelle sans sa sœur. Cela signifie-t-il qu’il lui manque une moitié ?

Ma mère m’a toujours considéré comme la plus sage de nous deux… tellement sage que je refuse d’affronter le monde extérieur. Toute cette agitation, cette excitation, rien de cela ne m’attire réellement. Je préfère mille fois le calme de ma chambre, le vent qui passe entre les feuilles des arbres, la pluie qui coule contre ma fenêtre ou encore les oiseaux qui se posent sur mon balcon. La seule chose qui me relit à l’extérieur, ce sont les messages que ma sœur m’envoie.

Cette fille me surprend toujours, elle est pleine de vie et d’entrain, elle est joviale et adore une chose en particulier, faire la fête avec ses amis. À chaque fête qu’elle a pu faire à la maison, je m’enfermai dans ma chambre, tout cela me faisait peur. Je ne veux pas me retrouver à ce genre de situation où la musique est si forte qu’elle vous rend sourd. Les couples se cachent dans des coins ou non pour faire des choses que je n’ose pas imaginer.

J’ai dû arrêter l’école à l’âge de 12 ans car j’avais fait plusieurs crises de paniques, dû en partie au fait que certains élèves se moquaient de moi, car je n’étais pas plus comme ma sœur. Je m’en suis voulu au point où je voulais mettre fin à mes jours mais elle a été là pour moi, et je ne le dirai jamais assez « Je t’aime Mina, merci d’être là pour moi ma sœur ». Des mots que je ne cesse de répéter chaque jour pour n’importe quelles raisons, telles que le gâteau au chocolat qu’elle me rapporte et les moments que l’on passe ensemble.

Je ferme mon livre et le pose dans une des étagères de ma bibliothèque. Celle que mon père a fait construire avant… l’accident. J’entends mon téléphone vibrer sur le bureau, je me précipite presque sur lui, pour lire le message, c’est Mina.

Mina : Je pense avoir du retard, tu peux passer prendre les médicaments de maman à la pharmacie pour moi, je t’aime !

Je garde mon téléphone entre mes mains encore quelques secondes et je lui réponds avec un air un peu hésitante.

Luna : Pourquoi tu seras en retard ?
Elle me répond presque dans la seconde, je l’imagine bien taper comme une furie sur son téléphone.
Mina : Je participe à une réunion pour un festival au mois de décembre. Désolée de te demander ça sœurette, mais maman n’avait pas l’air en forme ce matin…

En y repensant, maman est allée travailler en retard, elle semblait à bout de force, elle était malade la semaine dernière, une grippe selon les médecins. Mais, une simple grippe peut faire en sorte que marcher soit impossible ou alors avoir des troubles de la vision ? Même internet n’avait pas la réponse pour toutes les questions que je me posais à ce sujet.

Luna : T’en fait pas, ce ne sont que quelques médicaments.
Mina : Merci ! Tu es un amour !!!

J’ai pris mon sac et je suis sortie de la maison, en fermant à double tour derrière moi. La pharmacie se trouve à juste dix minutes de la maison, ce n’est pas grand-chose. Mais, pour moi, les dix minutes de marche dure en réalité une éternité. Il n’y a pas beaucoup de monde à 14 heures, les écoliers ne sortent pas tout de suite et les employés sortent encore plus tard. Les seules personnes à être dans les rues sont les pires êtres qui existent… Les personnes de mon âge, après ce qui m’était arrivé, je ne les voyais plus que comme des monstres qui aiment faire souffrir les plus faibles.

Je me suis mise à marcher la tête baissé. Je pensais que marcher ainsi, ils ne feront aucune remarque, je serai tranquille, rien à craindre. La pharmacie se rapprochait de plus en plus ou du moins j’avançais de plus en plus vers elle. Lorsque je me suis arrêtée devant ses portes, elles étaient encore fermées. Je n’avais pas d’autre choix que d’attendre. Je me suis adossé au mur et j’ai baissé les yeux vers mes pieds, je regardais le sol. Ce fut la chose la plus distrayante que j’ai trouvé. J’ai entendu des bruits de pas venir vers moi comme quelqu’un qui courait. Il s’approchait de plus en plus de moi.

Sans que je ne m’y attende quelqu’un est apparu devant moi, lorsque j’ai levé la tête vers lui, il avait un grand sourire aux lèvres. J’ai rapidement regardé son visage, un garçon avec des yeux couleur anis je dirais et une peau plutôt bronzé et des cheveux d’un noir intense qui respecte les critères à la mode du moment.

-Je savais bien que c’était toi Mina ! Tu as séché la réunion ? me demanda-t-il avec un sourire joueur aux lèvres.

Je ne savais pas quoi lui répondre, il vient tout juste de me confondre avec ma sœur, je ne savais pas quoi lui dire. Je ne veux pas gâter les relations de ma sœur avec ses amis… J’ai choisie de ne rien dire et j’ai hoché la tête de façon négative. Et j’ai affiché un petit sourire nerveux, pour essayer de cacher  le fait que je me sentais intimidé. Il s’est penché vers moi, son visage se trouvait à quelques centimètres du mien, il semblait scruter mon visage.

-Je n’avais jamais remarqué que tu avais une fossette du côté gauche, j’aurais pourtant juré de toujours l'avoir vu à droite.

J’ai senti mon téléphone vibrer, je l’ai allumé pour voir de qui il s’agissait, sans grande surprise, il s’agissait de Mina.

-Bae ? dit-il en se penchant vers mon téléphone

Par réflexe, j’ai plaqué mon téléphone contre ma poitrine et j’ai regardé ailleurs. Je n’ai même pas eu le temps de lire le message qu’elle m’a envoyé. J’ai entendu les portes de la pharmacie s’ouvrir et je suis rapidement partie à l’intérieur. Sans faire attention à lui. Alors que je pensais qu’il allait me laisser tranquille, j’ai eu le malheur de regardé par-dessus mon épaule et je l’ai vu regarder dans des rayons et saisir une boîte. Lorsque j’ai vu ce qu’il y était inscrit je me suis tourné vers le pharmacien avec un visage aussi rouge qu’une tomate. J’ai tendu une liste de médicament au pharmacien accompagné du certificat médical de ma mère et sa carte vitale. Le garçon s’est placé à la caisse à côté de la mienne.

J’ai essayé le plus discrètement possible de regarder vers lui, mais je me suis fait cramer comme une débutante. Lorsque j’ai détourné les yeux, je l’ai entendu rire comme un enfant. Son rire n’était pas aussi grave que sa voix, il était plus doux, plus apaisant.

J’ai récupéré mon sachet et je suis sortie aussi vite que possible de cet endroit plus ou moins perturbant après ce que j’avais vu. Quel garçon peut être si détendu en achetant des préservatifs ? Il s’agit sûrement d’un play-boy, j’en viens à penser que ma sœur fréquente des personnes vraiment bizarre. Alors que je passe la porte et que je tourne en direction de la maison, une main saisi la mienne et me fait m’arrêter. C’est encore lui… Il passe devant moi et met quelque chose dans ma main. Lorsque je regarde ce sont des bonbons à la fraise, Mina et moi on adore ce parfum depuis que l’on est petite.

-Écoute je sais que c’est sûrement bizarre vus dans ce sens mais les préservatifs ne sont pas pour moi, c’est pour Théo, il est encore mineur, il ne veut pas avoir de problème donc je le fais pour lui, expliqua-t-il.
J’aimerais que la rumeur ne court pas dans le lycée, je ne veux pas qu’on change l’image qu’on a de moi. Alors s’il te plaît ne dit rien.

Il baissa la tête en passant sa main dans ses cheveux noire et releva les yeux avant de pousser un petit rire nerveux. J’ai hoché la tête en essayant tant bien que de mal de ne pas croiser son regard. Il sourit d’un coup à pleine dents et me pris sans que je mis attende dans ses bras. Je pouvais sentir ses muscles se serrés autour que mon petit corps frêle à côté du sien.

-Merci, je te revaudrai ça ! A demain Mina ! dit-il en disparaissant au loin.

Je le regardai partir. Sans m’en rendre immédiatement compte j’avais un grand sourire accroché aux lèvres et je lui faisais signe de la main. J’ai rapidement baissé ma main et j’ai une fois de plus levé les yeux vers sa silhouette qui s’effaça au loin. Il venait de me dire au revoir et je venais de lui dire adieu, car il n’y avait quasiment aucune chance que nos chemins se recroisent de nouveau.

Elle est moi. Je suis elle.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant