Syndrome Stockholm

Chapitre 6

La journée s'était ensuite déroulée simplement, nous étions restés, Alex, Max et moi dans l'appartement.

Après notre sieste improvisée nous nous étions levés avec Alex un peu avant le retour de Max. Nous n'avions pas vraiment reparlé de notre conversation. Ce moment m'avait vraiment perturbé mais je n'osais pas en parler.

Nous avions passé la journée devant la télévision, Alex et Max parlaient beaucoup, mais moi j'étais dans mes pensées. Et cela apparemment, les garçons le respectaient. Nous savions tous qu'on venait me chercher demain et cela laissait une ambiance assez pesante.

Bien qu'on ait essayé de me rassurer en me disant qu'on ne me voulait aucun mal, je n'étais pas rassurée. Un inconnu allait venir me chercher demain matin et je n'avais pas la moindre idée d'où j'allais finir. A quoi pensaient mes parents et mes amis en ce moment-même ? Je devais être portée disparue, la police devait me chercher. Et moi je me comportai comme une égoïste, pendant que tout le monde s'inquiétait pour moi, je m'étais résolue à ce que l'on vienne me chercher demain.

Je ne dormis pas de la nuit,  cette nuit fut la plus rapide de ma vie. J'avais eu envie qu'elle ne s'arrête jamais et qu'on ne vienne jamais me chercher.

Peut-être m'avait-on dit qu'il ne m'arriverait aucun mal juste pour que je reste calme. Alex en aurait peut-être été capable, mais qu'en était-il de Max ? Il ne semblait pas dangereux. D'un autre côté il travaillait quand même avec Alex, et ces gens étaient dangereux, c'en était sûr et certain. Après tout peut-être que ce moment partagé ce matin n'avait été qu'un moyen pour lui de me manipuler pour me calmer et que je sois moins dérangeante.

Max prit la télécommande et changea de chaîne, un gros ruban d'information s'afficha sur l'écran avec une sonnerie qui était faîte pour attirer l'attention.

"Avis de disparition, la jeune Romy Decker, vue pour la dernière fois il y a neuf jours lors d'un braquage [...]"

Alex arracha la télécommande des mains de Max et éteint immédiatement la télévision.

J'étais portée disparue. Ma famille et mes amis devaient faire le nécessaire pour me chercher, et j'étais tranquillement dans un appartement je ne sais où entrain de regarder la télévision avec mon ravisseur. Comment j'avais pu en arriver là ? Tout devient clair pour moi. Il fallait que je m'échappe. Je ne pouvais pas simplement accepter ce que des inconnus m'imposaient, ma famille devait être morte d'inquiétude. Je ne savais pas ce qui m'attendait demain, et je ne savais pas non plus ce que la personne qui m'avait fait kidnappé me voulait, mais il était temps d'en finir.

Max me regardait inquiet, tandis qu'Alex avait un regard tout à fait différent. Un regard que j'avais pu observé durant les jours passés enfermée chez lui. De la haine, de la méchanceté, pas une once de bienveillance.

Je me levai précipitamment.

-Où tu vas comme ça ? me demanda Alex. 

-Je vais m'allonger, j'ai besoin d'être seule.

Aucun des deux ne me suivit, ils ne se doutaient pas du tout que j'avais prévu de m'enfuir dans les minutes qui venaient.

La porte de la chambre que j'occupais ne disposait pas de clé, chose à laquelle Alex avait sûrement dû penser. Je ne devais donc faire aucun bruit pour ne pas attirer leur attention.

"Romy réfléchis, c'est le moment ou jamais", "le moment ou jamais", ces mots se répétaient en boucle dans mon esprit.

Je regardai à la fenêtre, nous nous trouvions au premier étage d'un immeuble assez banal. Un seul étage me séparait de la liberté. Je n'avais rien dans la chambre qui me permettait de constituer sur une sorte de corde pour me hisser en bas. Ma vie n'était pas mise en jeu si je sautais mais j'avais peur de me blesser.

-Et puis merde.

C'était ma seule chance à l'heure actuelle. L'avis de recherche à la télévision m'avait ouvert les yeux. On venait me chercher demain, et si la police n'était pas capable de me retrouver seule, c'est moi qui me libérerai de moi-même.

J'ouvris la fenêtre et contemplai l'espace qui me séparait du sol. Je pouvais le faire, de petites blessures n'allaient pas m'arrêter. Au moment où je m'apprêtai à me lancer, la porte de la chambre s'ouvrit.

-Romy tu vas b[...]

C'était la voix d'Alex, et elle se tut quand il comprit ce que je m'apprêtai à faire.

-Tu n'oserais pas.

-Oh que si j'oserai.

Je le regardai une dernière fois et m'élançai par dessus la fenêtre. J'atterris droit sur mes pieds, je ne ressentais qu'une petite douleur dans les mollets suite à ma réception mais rien de plus.

La voix dans ma tête ne me répétai plus qu'une chose "cours avant qu'il n'arrive".