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Tu étais une énigme pour nous tous. On ne savait jamais le fond de tes pensées, tu étais toujours scotchée à ton petit cahier à spirales que tu traînais partout avec toi. À la maison, dans ta poche ; au lycée, caché sous tous les manuels de ton sac ; dans la rue, dans ta sacoche bleu marine. À l'époque, personne ne savait ce que tu y écrivais, mais maintenant, je sais que tu y encrais les pensées que tu ne pouvais pas décrire de vive voix. Certains l'auraient appelé un journal intime, toi tu l'avais appelé ton refuge.
Ce cahier, ça a été à la fois ce qui t'a permis de surmonter la vie en ce monde et ce qui t'a fait le quitter.
Mais à l'époque où tu y écrivais sans cesse, il t'aidait et occupait dans ton cœur la place de meilleur ami, puisque tu n'en avais pas au lycée ni nulle part ailleurs. Qui a dit qu'un meilleur ami devait être fait de chair et de sang ? Toi tu l'aimais, cette couverture de carton classique et ces marques encrées en son intérieur, la douceur de ses feuilles de papier et l'odeur typique des livres qui s'en échappait.

Chère sœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant