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Dans la frustration, je frappe le volant. Le klaxon résonne à travers le quartier tranquille. Sans penser rationnellement, je sors de la voiture, claque la portière et la contourne pour prendre Jack de son siège.

« Maman ? » murmure-t-il.

Ma voix est coupée. « Nous allons retourner à l’intérieur »

Je déteste ça, je peux dire que je déteste vraiment ça. J’ai déjà causé à cet homme tant de peine. Je ne peux rentrer à pied, à 19h30 et dans le froid glacial. Je ne peux pas appeler un garagiste parce que c’est trop dangereux pour eux de circuler avec la neige. La seule chose que je peux faire est de prier pour qu’Harry connaisse les voitures et qu’il puisse éventuellement la réparer –ce serait l’idéal.

« Je m’endors » se plaint Jack, dans mes bras, alors que nous prenons l’ascenseur. Ennuyée, je lui dis de se taire et de dormir s’il est fatigué.

J’ai du mal à le soutenir alors que nous marchons dans le couloir. Même avec un manteau, le temps à laisser mes muscles rétrécies et faibles, ce qui rend le portage d’un petit garçon de quelques kilos, une tâche difficile à réaliser. J’ai faim, je suis fatiguée, j’ai besoin de sommeil et j’ai besoin de crier, ou ma colère va tomber sur quelqu’un ou quelque chose.

Je frappe violemment à la porte d’Harry, en tapant impatiemment du pied par la suite.

« Attendez une seconde ! » crie-t-il de l’intérieur.

Il semble se passer plus d’un siècle avant qu’il n’ouvre enfin la porte, portant le même jean qu’il avait avant, mais au lieu de son t-shirt gris, il ne porte rien pour cacher son torse tatoué.

« Merde, Holly ». Il cache son corps derrière la porte d’entrée et ressort la tête de derrière celle-ci. « Je pensais que vous étiez partie »

« Puis-je entrer ? » je laisse échapper.

Harry hésite au début, mais ensuite il dit : « Bien sûr ». Il ouvre complètement la porte et je rentre. « Laissez-moi aller mettre un pyjama ou quelque chose »

« Très bien » répondis-je.

Je cherche dans son appartement, jusqu’à trouver le salon. Il me faut dix secondes. Je dépose Jack sur le canapé et retourne à l’endroit où je suis arrivée. Je serre mon poing alors que ma frustration augmente à chaque seconde qui passe. Comment peut-il prendre autant de temps pour mettre un pyjama ?

Harry réapparaît, totalement adorable dans un pantalon à carreaux rouge et vert et un t-shirt noir.

« Où est votre enfant ? » est la première chose qu’il me demande. Je ne peux pas m’empêcher de trouver ça mignon.

Je passe mes mains dans mes cheveux emmêlés. « Je l’ai mi sur votre canapé. Il était fatigué et je ne suis pas assez forte pour le tenir en ce moment et je suis frustrée en ce moment, et je n’ai aucune idée de quoi faire. Je veux frapper quelque chose ». Je regarde autour de moi, frénétiquement. « Je veux frapper quelqu’un ».

Il s’approche de moi et détient mes épaules avec ses grandes mains. « Hé, ça va ». Ses yeux verts plongent dans les miens. « Ca va aller. Vous avez juste eu une mauvaise journée, nous en avons tous ».

Harry me guide ensuite dans sa cuisine. « Asseyez-vous ici, d’accord ? ». Je lui fais un signe de tête et il se dirige vers la machine à café. « Je vais vous faire du café ».

Je hoche la tête distraitement et m’assois à une chaise, fixant l’espace alors que je me perds dans mes pensées. Mon corps de rechauffe de retour et je peux sentir mes muscles se détendre. Je suis toujours loin quand Harry pose la tasse chaude devant moi.

« Il est chaud, buvez-le lentement » ordonne-t-il doucement. « Je vais mettre Jack dans mon lit si ça ne vous dérange pas »

Mon corps engourdi, je prends une gorgée et cligne des yeux, lui donnant la permission silencieuse de mettre mon fils dans un bon lit. Je termine plus de la moitié de ma tasse alors qu’Harry rentre dans la cuisine. Il prend une chaise à côté de moi et me regarde boire. Je le regarde étrangement.

« Voulez-vous me dire ce qui s’est passé ? ». Il semble prudent, presque comme si une petite question pourrait déclencher une autre mini colère en moi. « Est-ce quelque chose avec son père ? »

Ma voix crève. « Non » je réponds. « Ma voiture est tombée en panne. Elle ne démarre pas. J’habite à vingt minutes à pied. Il fait en dessous de 0°C, il neige et je ne sais pas quoi faire »

Il hoche la tête, comprenant ma frustration. « Et vous pensez que je pourrais vous aider, non ? »

Je recule dans ma chaise. « Si cela ne vous dérange pas »

« Je suppose que je pourrais y jeter un coup d’œil. Je ne suis pas un génie en mécanique automobile, mais je sais quelques choses, par ci par là. »

Mes yeux s’illuminent. « Vous voulez vraiment ? Merci beaucoup, je vous en dois une, Harry »

Harry se lève. « J’en ai une pour vous » dit-il, souriant.

Je ris légèrement alors qu’il quitte la pièce. Je finis mon café, quand j’entends ses pas revenir cinq minutes plus tard. Il se tient dans le cadre de porte, se tenant sur une jambe. Il a l’air de vouloir me dire quelque chose.

« Oui ? » je lève un sourcil.

« Pourriez-vous me faire une faveur ? » demande-t-il calmement. « Vous n’avez pas à le faire, mais ça signifie vraiment beaucoup »

« Bien sûr, c’est le moins que je puisse faire » lui dis-je.

« Connor dort, il doit aller bien ». Il fait une pause, rassemblant ses pensées. « Mais je…Je veux être sûr que rien de mauvais se passe alors que je suis parti. Vous n’avez pas à le faire et je ne serais pas en colère si vous refusez, mais pourriez-vous…pourriez-vous garder un œil sur lui ? Vous n’avez pas besoin d’être près de lui, vous pouvez rester à la porte si vous voulez, peu importe mais… »

Je le coupe avant qu’il puisse s’inquiéter plus longtemps. « Je le ferai »

Black Friday » h.sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant