Je pointe ma voiture et envois à Harry un froncement de sourcils.
« Avez-vous fait ça ? » je crie.
« Non ». Il secoue la tête, souriant odieusement. « Vous l’avez fait vous-même »
Je marche dans la neige alors que mes poings se crispent, rendant mes doigts presque tout aussi blanc que mon entourage.
« C’est tout simplement génial » dis-je, d’une colère enfantine et suis Harry à l’intérieur. « Je ne peux pas le croire »
Il ferme la porte derrière moi, le genre de geste que j’aime dans un moment comme ça –ses manières ne manquent jamais de m’impressionner. Néanmoins, ça n’améliore d’aucune façon cette situation. Ca s’est encore aggravé et mes affaires sont bloquées dans ma voiture et Harry ne peut rien faire de plus que de me proposer une boisson chaude en souriant.
« D’un autre côté… » commence-t-il après avoir appuyé sur le bouton de l’ascenseur. « …maintenant, vous pouvez avoir une autre tasse de café. Je vais même vous permettre d’ajouter un sucre supplémentaire »
Une cloche sonne alors que nous entrons dedans, moi tapant du pied et Harry semblant décontracté, comme à chaque fois. Pour en revenir à ses dernières paroles, je réalise à quel point il était futile, dans une tentative de me faire sourire. Je le regarde fixement.
« C’était trop ? ». Il grimace.
« Oui ». Je froisse les traits de mon visage et regarde fixement la porte en acier inoxydable à un mètre de moi. Nous passons le reste de la montée dans le silence. Lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvrent, je me précipite dehors.
« C’est la hâte de commencer notre soirée pyjama ? » m’interpelle-t-il.
Je me tends et me retourne lentement, la mâchoire serrée. « Non ».
« Je plaisante. Sérieusement, vous restez ou pas ? »
Je me détourne quand il se joint à moi, au milieu du couloir. « Je ne sais pas »
« Eh bien ». Il regarde sa montre-bracelet. « Il est presque 20h30. Je suppose que vous avez une heure ou deux pour vous décider »
« Pourquoi êtes-vous si pressé ? » dis-je d’un ton accusateur. « C’est, en fait, un peu effrayant ».
Une dose de douleur passe dans les yeux d’Harry. Il la couvre le mieux qu’il peut –j’ai découvert qu’il était expert pour cacher ses émotions- et il progresse dans le couloir, sans un seul commentaire à ma question. Sachant que j’ai foiré, je prends une grande respiration et marche jusqu’à me tenir devant la porte d’entrée. Harry est positionné devant la photo de famille que j’admirais plus tôt. Ses mains sont soigneusement placées dans son dos alors qu’il se concentre profondément sur la photo.
« Harry je- »
Il semble presque physiquement déchiré.
« Charlotte a été violée puis assassinée » se force-t-il. « Le saviez-vous ? »
Je suis sidérée par sa soudaine confession, complètement inattendue. « Vous m’avez dit qu’elle était- »
Il me coupe encore une fois. « J’ai menti ».
