Chapitre 2

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Voici le deuxième chapitre ! :)
Bonne lecture ! 📖

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- Bien le bonjour mademoiselle, j'ai l'incroyable, que dis-je le sublime, le superbe, le magnifique et l'immense honneur de vous annoncer que vous avez été choisie ! Vous, parmi tant d'autres ! L'élue, parmi les élus ! L'unique, parmi les uniques ! Je vous déclare l'incroyable gagnante de notre concours ! s'écrit à s'en déchirer les poumons un espèce d'énergumène tout droit sorti des Enfers devant ma porte.

Heu, c'est qui lui ? C'est quoi son problème ? Il fout quoi devant ma porte ?

L'étrange personnage qui se tient sur le palier semble être un homme d'une quarantaine d'années. Quoique... son âge est difficile à évaluer tellement ce personnage est atypique. Une calvitie grande comme le désert du Sahara lui mange le crâne et seuls quelques petites oasis de cheveux roses fuchsia y survivent avec peine. Un grand sourire déforme son visage et, même si il se veut certainement chaleureux, il ne m'arrache qu'un long frisson désagréable.

Ses habits à la fois classes et branchés contrastent fortement avec sa dégaine d'ogre anorexique tout droit sortie d'un conte pour enfants. Sa longue silhouette noueuse semble avoir du mal à tenir sous le porche et on se demande comment des jambes aussi fines peuvent supporter un tel géant.

Pour ne rien arranger, la peau pâle, presque translucide, de son visage exhibe de longues cernes violacées et des lèvres très fines roses foncées, presque rouges.                                 

- La remise des prix se fera samedi prochain dans votre nouvelle bibliothèque : la plus belle parmi les plus belles, la plus propre parmi les plus propres, la plus chaleureuse parmi les plus chaleureuses. Cela se passe au 1 rue Lilas dans votre magnifique et sublime ville ! poursuit-il de hurler dans mes oreilles, menaçant de me détruire les tympans.

D'une main assurée, aux ongles parfaitement manucurés en rose pâle -je déteste le rose pâle-, il me tend une petite carte de visite, apparue comme par magie entre ses doigts.

Pas question que je prenne cette chose ! On ne sait jamais ce qu'il a fait avec et peut-être qu'un virus ultra-contagieux attend le moment idéal pour sortir de la carte et venir m'attaquer et...

Je n'ai pas le temps de répondre quoi que ce soit que la carte de visite se retrouve dans ma main et la porte claquée dans un « Au revoir et à la prochaine ! » suraiguë.

Je reste un moment hébétée : le bras encore tendu devant moi, la bouche grande ouverte et le regard fixe. Si il n'y avait pas cette petite carte de visite que je tiens fermement dans la main, je pourrais imaginer que rien n'était arrivé.

Mon frère me sort de mon hébétude en débarquant dans le hall, une serviette humide sur les cheveux.

- C'était qui ?

- Hum, de quoi ? réponds-je, encore sonnée par le traumatisme que je viens de subir.

- La sonnette ? C'était qui ? insiste Antoine.

- Ah, ça ? Oh, personne, de la pub pour une nouvelle bibliothèque... je crois, marmonné-je l'esprit ailleurs.

Mon frère hausse un sourcil, sceptique :

- Tu crois ?

Alors que je tente de lui expliquer, en vain, l'étrange apparition imprévue, mon frère me coupe et ouvre la porte d'entrée :

- Bon, super ton histoire mais moi je vais chez un pote ! Allez, amuse-toi bien avec ta vaisselle !

Et avant que la porte ne se referme sur lui, il rajoute ironiquement :

- Au fait Alice, je ne savais pas que nous avions une nouvelle piscine dans la cuisine.

Piscine ? Cuisine ?

J'ouvre grand les yeux et fixe mes mains pleines de savon.

La vaisselle !

Je me précipite dans la cuisine et découvre, avec horreur, une énorme flaque d'eau qui s'étend sur tout le carrelage. Je cours vers le robinet, saute pardessus un tabouret isolé -j'étais très forte en saut de haies-, évite la porte ouverte du placard -je suis égalemet la meilleure en limbo- et, plus héroïquement que jamais, me lance vers le robinet... avant de glisser lamentablement sur le sol.

Me voilà maintenant affalée de tout mon long sur le sol de la cuisine, trempée de haut en bas, un énorme bleu sur le menton, première victime de ma cascade aquatique.
....

Tandis que j'éponge vigoureusement le sol de la cuisine, je repense à cet étrange personnage alias Satan. Après tout, c'est de sa faute si j'en suis rendue là, trempée et épuisée à force d'éponger les dégâts.

D'ailleurs, pourquoi est-il venu ici ? Je ne participe jamais à des concours et encore moins de ce genre. Je suis sûre que ce vampire travesti a sorti le même tour à tous les habitants de la rue.

D'ailleurs, un vampire peut-il être travesti ?

Tout en réfléchissant à cette question -existentielle il faut se le dire-, je termine de nettoyer la cuisine et reprends mon activité, c'est à dire nettoyer la vaisselle. Alors que je savonne férocement une pauvre assiette qui n'a rien demandé, mon regard dérive sur un cadre posé sur le plan de travail.

Un sentiment de nostalgie m'envahit aussitôt et mes mouvements se font plus doux, pour le plus grand bonheur de l'assiette.

La photo a été prise il y a quelques années lors d'une belle journée d'automne. On y voit une famille rayonnante et unie. Sur le cliché, je dois être âgé de dix ans et mon frère de douze. Mon père et ma mère nous enlacent, main dans la main et le sourire aux lèvres.

Mon père est parti l'année de mes dix ans, quelques mois après la prise de cette photo. Il est sorti de nos vies, du jour au lendemain, sans prévenir personne.

Un matin, il avait disparu, sans au revoir ni regard en arrière. Depuis ce jour, la maison est devenu plus triste, plus vide et terne. C'est à partir de cette période que ma mère a commencé à s'éclipser, à disparaître des jours voir des semaines entières dans ses "salons" ou "expositions". C'est sa manière à elle de s'enfuir un peu, de quitter l'atmosphère lourde qui enveloppe la maison à présent.

Tous ces non-dits, ce silence autour de sa disparition, pèsent plus que n'importe quel poids.

Ma mère n'a plus jamais souri comme sur la photo. Elle s'est progressivement éloignée de nous, de moi, sans que je ne puisse la retenir. Je suis persuadée que c'est en rapport avec lui mais maman est toujours restée très vague à ce sujet.
Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de l'aborder avec elle.
J'ai pourtant essayé au début mais, à la moindre évocation, je voyais ma mère se renfermer, son regard se voiler et ses lèvres trembler.

Lors de ces moments, elle me semblait si fragile, si prête à se briser, que j'ai arrêté de lui demander, de peur de la perdre complètement.

À suivre...
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Bon, voili voilou, j'espère que ça vous a plu !
Et, ne vous inquiétez pas, on travaille sur le troisième chapitre !
xoxo
Nono & LM

Immarcescible [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant