Chapitre 14

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Une foule de questions envahit ma tête. Je sens les trois étudiants, assis derrière moi, retenir leur respiration, redoutant sûrement les réponses que le directeur va m'apporter.

Je sors alors d'une traite la phrase la moins farfelue qui me vient à l'esprit :

- Je veux tout savoir.

Mr Koehler laisse échapper un petit rire amusé -contrairement au brun que j'entends jurer derrière moi-. Il n'est jamais content ni aimable celui-là. Il faudrait qu'il fasse quelque chose parce que son allure de momie constipée, c'est plus la mode depuis le temps des pharaons.

Ma chérie, le parfum au papyrus, c'est dé-pa-ssé.

- Mais, qui vous dit qu'elle ne va pas leur en parler !

Je me retourne et soupire, encore lui, ce brun insupportable. Le directeur le fixe silencieusement tout comme les deux autres étudiants, surpris.

- Regardez la, continue-t-il en me fixant froidement. Qui vous dit de faire confiance à cette fille ?

J'hausse un sourcil puis soupire. Il est aussi aimable qu'un porc lépreux enragé et sent la stupidité à plein nez, c'est plutôt moi qui devrais demander comment lui faire confiance.

Voyant que le directeur ne dit mot, le brun se lève brutalement de sa chaise, les sourcils froncés de colère. Alors qu'il s'apprête à partir, il murmure à mon intention :

- Fais attention à toi l'hippo, je te surveille.

Hippo. Un si joli mot venant d'une si jolie bouche, quoi de mieux pour remonter le moral ! Énervée, je lui souris faussement et lui réponds gentiment :

- Casse-toi, tocard.

Il marmonne dans sa barbe une ribambelle d'insultes puis sort de la pièce en claquant la porte.

La politesse, il connaît ? Apparement non.

- Vous deux, laissez-nous seuls, ordonne Mr Koehler aux deux étudiants.

- Mais, monsieur, proteste la fille aux cheveux blancs. Nous sommes au courant de-

- Aéla, la coupe le directeur en soufflant doucement. S'il te plaît.

Il fait un geste de la main qui montre explicitement son envie de les voir partir. La fille me dévisage un instant avec suspicion puis sort de la pièce, suivie du brun caramel.

Je ne sais pas ce qu'ils ont tous à me regarder comme ça. Je ne pense pourtant pas avoir de mono-sourcil ni des yeux multicolores.

- Et bien, reprenons, par où voulez-vous commencer ? reprend le directeur en me souriant chaleureusement.

- Hé bien, le livre que j'ai reçu, en quelle langue est-il écrit ? articulé-je, impatiente.

- À vrai dire, nous n'en avons aucune idée, avoue Mr Koehler. Ce livre relève d'un alphabet non utilisé depuis des siècles, peut-être même des milliers d'années.

Le directeur marque une pause, sûrement pour chercher ses mots, puis continue :

- À ma connaissance, personne jusqu'à présent n'a été capable d'en déchiffrer un seul mot.

- Mais, si ces livres sont écrits dans un languages inconnu, d'où viennent-ils alors ? Pourquoi les avez-vous en votre possession ? Pourquoi suis-je la seule à avoir réussi à résoudre cet alphabet ? Et, pourquoi est-ce que-

- Doucement, doucement, une question à la fois, je n'ai pas trois bouches, me coupe Mr Koehler en souriant.

Je me tais, honteuse. Voilà, bravo Alice, tu ne peux jamais t'arrêter de parler, parler, parler. Super, merci, sympa, agréable. J'ai très envie de me défenestrer, là, maintenant.

Immarcescible [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant