Chapitre 8

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La voiture s'engouffre dans un parking à moitié vide. La bibliothèque se situe dans un quartier calme proche du centre ville, à quelques pas d'une ancienne brasserie.

- Allez sortez, j'ai besoin de me garer, nous signale ma mère, s'apprêtant à faire marche arrière.

Je m'extirpe du véhicule. Un rayon de soleil m'aveugle, me faisant plisser les yeux.

Un vent tiède caresse agréablement mon visage et une douce odeur de café vient titiller mes narines. Il me semble que cette exhalaison provient de la petite brasserie, située à quelques mètres sur ma gauche. Ce que j'aime le café !

En face de moi, un magnifique bâtiment abrite la bibliothèque. La bâtisse est érigée dans un style du dix-neuvième siècle, typique de l'architecture du temps d'Haussmann. Les pierres en grès finement taillées sont parfaitement agencées et sans aucun défaut. De grandes fenêtres perçent la façade en quatre étages, laissant deviner un grenier sous les combles.

L'accès à l'intérieur de la bibliothèque se fait par une grande porte en bois clair, située en haut d'un double escalier de pierres blanches. Le chambranle de la porte est entièrement sculpté de motifs géométriques, tout comme les rebords de chaque fenêtre.

J'ai l'impression d'être devant l'un de ces magnifiques hôtels de ville parisiens. Ceux qui s'alignent fièrement les uns à côté des autres dans les quartiers huppés de la capitale.

Mais en regardant les environs, je me rends compte qu'aucune maison n'est aussi majestueuse.

De chaque côté de la porte, deux grandes banderoles de couleur vives claquent au vent. Elles indiquent, en grandes lettres multicolores, l'inauguration de la bibliothèque.

D'ailleurs, vu le panel de couleur dans lequel elles sont peintes, cela ne m'étonnerait pas que l'étrange énergumène peinturluré qui était venu me faire de la pub en soit l'auteur !

- C'est magnifique ! s'exclame ma mère, des étoiles pleins les yeux, après nous avoir rejoint.

- Franchement, je ne vois pas pourquoi vous vous mettez dans cet état là, grommelle très agréablement mon frère, déjà en train de monter les escaliers. Ce ne sont que des pierres, pas de quoi en faire tout un plat.

Je l'ignore en passant rapidement devant lui, non sans lui jeter un regard noir. Il a vraiment un très gros problème de culture. Antoine passe le plus clair de son temps à fumer des trucs pas très nets avec ses amis -si notre mère l'apprenait elle l'étranglerai probablement- et, lorsqu'il rentre à la maison, ce n'est que pour s'affaler devant des jeux vidéos sans intérêt. Si bien que, pour lui, la notion même de culture ne doit pas exister dans son dictionnaire.

Nous sommes gentiment accueillis à l'entrée par une jeune femme blonde très souriante qui nous donne un programme des activités prévues pour la journée.

- Oh regarde maman, s'exclame soudain mon frère avec entrain pour la première fois de la journée, interrompant au passage la discussion entre ma mère et la bibliothécaire. Y'a une activité qui me plairait trop, là !

Je suis la direction pointée par son doigt et découvre avec horreur qu'il s'agit d'un atelier d'informatique. Ma mère soupire, regarde avec effarement le petit groupe de sixièmes qui s'affairent sur des ordinateurs puis finit par acquiescer, résignée :

-D'accord, vas-y, mais je t'accompagne. Pour vérifier que tu ne vas pas y passer l'après-midi.

Antoine se précipite alors vers son atelier débile tandis que ma mère ajoute à mon égard :

- Bon, j'accompagne ton frère. Fais ce que tu veux mais on se retrouve ici dans une heure.

- Oui oui t'inquiète pas, acquiecé-je en me dirigeant vers les grandes étagères remplies de livres.

Immarcescible [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant