Lundi 11 mai 1945 / Un ans plus tard.
Cher Louis.
Toujours rien. Silence Radio. Je deviens parano.
De là où je suis, je vois tout.
Le paysage, le soleil, la mer. Oh et tu sais pourquoi ? Parce que je suis assis sur un banc, presque au bord d'une falaise.
J' ai fini par sortir, tu devrais être content je pense. Je ne vois plus les choses de la même manière qu'avant, j'ai encore changé. Et c'est joli à contempler. Je t'y emmènerais un jour. Si tu réponds, Louis. J'ai appris à devenir patient avec toi. Non, j'ai été obligé à devenir patient avec toi. J'aimerais crier tout ce que j'ai sur la conscience et sur le coeur, sortir mes quatre vérités au monde entier, en terminer mais je ne trouve plus les mots. Mes lèvres s'étirent bêtement quelques fois ou alors elles s'abaissent. Mon rire s'est enterré dans ma gorge ainsi que ma voix. Ma lumière, ma flamme, elle, reste sans relâche vivante... étrangement.
Désormais, plus rien existe à part mon univers.
J'ai cette impression que d'autres vie humaine est sur mon territoire mais je ne suis pas sûr. Je m'efface à vrai dire, Louis. Je ne suis même plus trop ce que je fabrique.
Il m'arrive de piquer des crises sans raison valable, mon corps a perdu le contrôle, je crois bien cependant, qu'est-ce ce que ça peut bien faire ? Je suis seul. Éternellement.
Je t'attend depuis longtemps. Si tu t'en rendais compte ça serait plus facile.
Je pourrais te retrouver et souffler. Mais non. Je dois attendre.
" Patience" me rabâche mon esprit. Il n'a pas tort, après tout mais dépêches-toi, la vie est lassante sans toi.
Je t'aime.
Ton ange, Harry.