Chapitre 22

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Melissa :

Le toquement de porte me fait brutalement revenir à la réalité. Anthony ouvre la porte et d'un pas hésitant, il pénètre dans la chambre blanche et silencieuse dans laquelle je me trouve actuellement. Il ferme lentement la porte derrière lui sans me jeter un seul regard mais lorsqu'il tourne son visage vers le mien, je suis prise de court.

Son visage est fermé et horriblement pâle. Son sourire si étincelant d'habitude manque à l'appelle. Ses yeux sont cernés, on dirait qu'il n'a pas dormi depuis le soir de l'incident. Et pour finir, son regard brun si rassurant habituellement est comme éteint. Je ne peux m'empêcher de ressentir une once de culpabilité lorsque je me dis que s'il est dans cet état, c'est entièrement à cause de moi.

Silencieux, il me détaille un long moment. Ses yeux observent toutes les parcelles de mon visage comme s'il voulait s'assurer que ma vie n'était plus en danger.

Après cela, il s'installe sur la chaise présente dans la chambre et demeure toujours silencieux. Je prends alors mon courage à deux mains pour prononcer le premier mot, après tout, c'est moi qui lui ai demandé de venir ici.

"- Merci." Je finis par lancer d'un ton presque inaudible.

Les coudes appuyés sur ses genoux et la tête enfoncée dans ses mains, il finit par levé ses yeux dans ma direction. Son regard m'incite à continuer.

"- Je... J'ai vraiment cru qu'il allait me tuer." Je lui avoue alors un frisson me parcourant tout le dos.

"- C'est normal, j'allais pas te laisser tomber Melissa."

Sa voix ne laisse paraître aucune émotion, ni même la colère ou la tristesse. Je soupire commençant à me sentir mal à l'aise. Je décide alors de finir mon sac étant donné que je sors de l'hôpital tout à l'heure. Une femme est venu m'apporter des affaires de chez moi.

"- Tu vas où ?" Me demande-t-il après un long moment de silence.

"- En foyer, j'y reste quelques jours. Jusqu'au jugement de mon oncle."

A l'entente du mot "oncle" j'aperçois son regard s'assombrir mais il se contente d'hocher la tête.

Je continue de ranger le peu d'affaires que l'on m'a amené et je sens que son regard suit mes moindres faits et gestes. Lorsque je me retrouve face à lui, ses yeux se posent sur l'attelle que je porte au poignet gauche.

"- C'est tout ce qu'ils ont trouvé ? Une fracture de poignet ?" M'interroge-t-il d'une voix légèrement paniquée.

"- Un léger traumatisme crânien et plusieurs côtes fêlées." Je lui explique alors.

Son regard se plante dans le mien et j'y perçois directement de la colère.

"- Pourquoi tu m'as rien dit Melissa ?

- Ça aurait changé quoi ?" Je lui demande ne voulant pas trop m'attarder sur cette discussion.

Il soupire bruyamment et frotte son visage à l'aide de ses mains.

"- T'es chiante quand t'es comme ça." Souffle-t-il. "J'aurai trouvé quelque chose, je t'aurai jamais laissé avec lui une minutes de plus."

Je hausse les épaules. Je ne sais pas pourquoi ni comment mais je sens la colère gagner mon être petit à petit. Je finis par lancer :

"- Vous étiez nombreux à savoir que quelque chose de bizarre se passait chez moi. Pourtant ça n'a jamais rien changé. Personne n'a jamais essayer de comprendre."

Il relève tout à coup son regard vers moi, ne s'attendant visiblement pas aux paroles que je viens de prononcer. Il est blessé par ce que je viens de dire.

"- Alors me dis pas que ça aurait changé quelque chose Antho." Je rajoute.

"- Tu le penses sérieusement ?"

Je ne dis rien et me contente juste de le fixer. Son regard rempli d'incompréhension me fait comprendre qu'il est totalement surpris par ma colère apparue si soudainement.

"- Tu m'as demandé de venir ici pour me dire ça ? Pour me remercier et ensuite me dire que j'ai jamais rien fait pour toi ?"

Il me fixe visiblement énervé mais je ne rétorque toujours rien. Il finit par se lever de la chaise dans laquelle il était assis depuis tout à l'heure.

"- Si c'est ce que tu penses Melissa j'en suis désolé. Mais saches que toi non plus tu n'as rien fait pour que je t'aide. Tout ce que tu m'as raconté sur toi n'est qu'un pur mensonge. Toutes les fois où je t'ai demandé si ça se passait bien avec ton oncle tu m'as raconté que de la merde. Tu m'as aussi promis que tout allait bien chez toi."

Il marque un léger temps de pause.

"- Alors oui, je me doutais que tu t'entendais pas avec ton oncle, mais j'ai jamais pensé à ce que j'ai vu mercredi. J'ai essayais de comprendre ce qu'il se passait chez toi mais à chaque fois que je t'ai posé la question tu n'as fait que minimiser les réels actes de ton oncle. Tu m'en veux sûrement Melissa et je peux très bien le comprendre. Mais je t'en veux énormément aussi, je t'en veux de m'avoir fait croire que ce qu'il se passait dans ta vie n'était pas vraiment grave. Je t'en veux de m'avoir menti. Malgré ça je serai toujours la pour toi."

Il s'arrête de parler un instant, je suis vraiment touchée par sa déclaration et j'aimerai qu'il me prenne dans ses bras mais j'ai l'impression qu'il veut me demander une dernière chose.

"- J'ai juste une question à te poser Melissa, étant donné que notre relation a été fondée sur des mensonges."

Quand j'entends ses mots c'est comme si je recevais un énorme coup de couteau dans la poitrine même si je sais que son but à cet instant précis n'est pas de me blesser. Le fait que j'ai pu le décevoir m'affecte énormément et même si lui n'est pas énervé contre moi malgré mes mensonges, je suis énervée contre moi même de lui avoir fait de la peine. Je suis énervée contre moi car j'ai sûrement brisé quelque chose entre nous.

"- Quand on s'est embrassées, est ce que c'était sincère de ta part ?" Me demande-t-il.

Il appréhende ma réponse, je le vois dans ses yeux. Le fait qu'il doute de mes sentiments envers lui, le fait qu'il doute de mes gestes envers lui me blesse au plus au point. Pourtant il a tout à fait raison de se méfier de moi désormais, mais à cet instant précis je lui en veux d'avoir posé cette question. Je lui en veux parce qu'il me pense capable de me forcer à l'embrasser alors que tout ce que j'ai fait avec un homme jusqu'alors n'était pas consenti de ma part.

Bien sûr que oui Antho, si je t'ai embrassé c'était parce que je le voulais. Je n'aurai jamais eu la force de le faire si ce baiser n'était pas sincère de ma part.

"- Vas-t'en."

Son regard se rempli alors de tristesse.

"- S'il te plait Mel. Réponds juste à cette question et je me casse." Me supplie-t-il d'une voix légèrement déformée dû à la déception qu'il éprouve.

"- Dégage Anthony" Je lui demande d'un ton glacial.

Ce dernier allait répliquer quelque chose, mais je ne lui en laisse pas le temps.

"- Dégage putain !" Je m'écrie alors les larmes aux yeux.

Vaincu, Anthony tourne les talons et ouvre la porte. Il me regarde une dernière fois, son regard est impassible mais je sais que celui-ci cache une grande tristesse, aussi profonde que celle que je n'arrive plus à camoufler. Une larme roule sur ma joue tandis qu'Antho s'engouffre dans le couloir de l'hôpital.








.......

J'espère que ce chapitre vous a plu, en tout cas j'ai adoré l'écrire. J'essaie de reprendre un rythme de publication j'espère qu'il vous convient...

Dites-moi ce que vous en pensez en commentaire et n'hésitez pas à voter :) et bonne année ! ;)

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