Pas si Troll que ça

Chapitre quatre : Celle qui se fâchait.

Etain et Adrian peinèrent à sortir Marcus de sa morosité d'après match. Le poursuiveur avait eu beaucoup de mal à accepter la défaite et de nombreux Gryffondor, Olivier Dubois en particulier, firent les frais de sa mauvaise humeur, lorsqu'ils s'autorisaient à se moquer ouvertement de l'équipe de Serpentard. Bien entendu, les réactions du deuxième année firent rapidement stopper ce genre de comportement car quelques élèves de la maison adverse se retrouvèrent à l'infirmerie pour que Mrs Pomfresh leur fasse repousser quelques dents ou qu'elle fasse disparaître des hématomes de belle taille.

La rancœur de Marcus Flint finit par se dissiper alors que les vacances de Noël approchaient et qu'il entendit ses deux amis parler de leurs projets. Adrian n'avait pas l'air très content et semblait se disputer avec Etain qui, têtue, lui tenait tête, les bras croisés sur sa poitrine et ses yeux bleus cobalt lançant des éclairs. Le Serpentard était toujours époustouflé quand il voyait la jeune fille dans cet état, lorsqu'ils avaient fait connaissance, jamais il n'aurait imaginé que la discrète Etain Swan soit capable d'autant de virulence. Pourtant, après quelques mois à la côtoyer quotidiennement, il ne pouvait qu'admettre que la sorcière possédait un caractère bien affirmé. Le harcèlement dont elle avait été victime en début d'année ne lui avait pas permis de s'exprimer comme elle le faisait en cet instant, tempêtant contre Adrian.

«Laisse tomber Pucey ! C'est comme ça et c'est tout, mon père a été très clair, ma mère et lui doivent partir en France pour affaires et passeront donc les fêtes là-bas chez ma grand-tante Imelda. Hors je refuse d'aller voir cette femme, c'est une vieille pie aigrie qui ne m'a jamais supportée. Mes parents ne se débarrassent pas de moi au contraire ils me rendent un précieux service, je serais très bien à Poudlard ! »

Marcus voyait bien qu'Adrian était contrarié par cette nouvelle et il devait bien avouer que lui aussi. Il y avait très peu d'élèves qui restaient passer les fêtes de fin d'année à l'école, Etain serait facilement à la merci de ceux qui voudraient s'en prendre à elle. Bien que l'aversion des élèves n'était, globalement, plus qu'un mauvais souvenir pour la jeune fille aux boucles couleur châtaigne, elle subissait encore régulièrement quelques railleries dans les couloirs, notamment quand ceux-ci brillaient par l'absence d'un membre du corps enseignant. Marcus ne pouvait se résoudre à la laisser seule, la connaissant, elle ne quitterait probablement pas la Salle Commune, voir son dortoir, alors que cette période de l'année devait être joyeuse. Une idée germa de sans esprit, il décida de la mettre rapidement en pratique avec le soutien d'Adrian.

Ainsi, lorsque le jour du départ arriva, Etain attendait les garçons dans la Salle Commune pour leur souhaiter de bonnes vacances. Elle ne cachait pas qu'elle était morose de les voir partir mais la jeune fille ne voulait pas laisser ses sentiments trop paraître. Connaissant ses amis ils seraient capables de changer d'avis au dernier moment pour rester à Poudlard avec elle et il en était hors de question. La sorcière estimait qu'elle leur causait bien assez d'ennuis comme cela. Lorsque les garçons la rejoignirent, chargés de leurs bagages, elle ne put réprimer un pincement au cœur en pensant que d'ici quelques minutes elle serait seule. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque Marcus arriva, trainant son énorme valise derrière lui, en compagnie d'Adrian tout aussi chargé que lui, les deux Serpentards arboraient tous deux un sourire espiègle qui n'augurait rien de bon pour Etain. Finalement, le poursuiveur lui tendit une enveloppe où le nom de la jeune fille était écrit d'une manière très élégante, écriture que la concernée reconnue immédiatement comme étant celle de sa mère. Elle se demanda comment Marcus était arrivé en possession d'une lettre qui lui était manifestement destinée. Sans un mot, et avec un air impassible, Etain s'empara fermement de l'enveloppe, qu'elle décacheta. En dépliant le parchemin, elle ne put s'empêcher de sourire lorsque le parfum, léger et floral, de sa mère s'en échappa.