Personne ne tournait le dos au roi. Jamais. Mais Ethan jouissait de ce privilège, ce que n'appréciait pas franchement son père.
C'était l'un des seuls privilèges dont il disposait, et cette revanche était bien mince en comparaison à toutes les libertés auxquelles il devait renoncer. C'était son devoir après tout. Il était appelé à des fonctions qui valaient la peine de renoncer à quelques caprices.
Ethan restait appuyé contre le mur, les bras croisés sur la poitrine, toute son attention accaparée par le paysage extérieur. Une grande vitre permettait de contempler la capitale dans son ensemble, ainsi que la troisième Cité Neor, qui se trouvait en face. La jetée, et le port étaient partiellement visibles en contrebas. La lumière émanant des Cités et de la lune se reflétaient sur l'eau calme, alors que les bateaux immobiles ressemblaient à des ombres.
Les Lignées étaient agitées. Elles se mettaient à parler, à commérer et à douter. Et un seul doute pouvait faire basculer le fragile équilibre sur lequel reposaient les Cités. Tout son système en serait chamboulé à jamais. Et cela, c'était intolérable. Surtout pour leur famille, et leur survie. Ils étaient les plus puissants, mais les moins nombreux. Et des complots se tramaient depuis toujours à la Cour du roi. Quand le pouvoir était l'enjeu premier, tout était permis. Et toutes les anciennes alliances et amitiés n'existaient plus. Ethan le savait. Son père le lui avait répété depuis le berceau.
Des bateaux provenant d'Orn faisaient voile vers leurs Cités, ayant pour seul objectif de piller les richesses, et conquérir cette contrée stratégiquement placé aux abords de l'océan et au pourtour des montagnes. La menace était réelle et le roi avait tout fait pour l'étouffer, croyant que les quelques déviants qu'il avait envoyé pouvaient régler le problème. Ils avaient eu pour mission de tuer leur chef. C'est avec succès qu'il avait été assassiné, mais le roi avait sous-estimé la soif de conquête de ces barbares. Une fois une tête tombée, un autre était désigné pour mener à bien les assauts.
On parlait d'une armada de plus de cent bateaux, dans lesquels étaient entassés des milliers d'hommes assoiffés de sang et de richesses. Et les Cités avaient quelque chose d'attrayant. Le roi avait dû se rendre à l'évidence, et avouer la réalité d'une attaque qu'il avait minimisée. On se retrouvait à l'aune d'une guerre, et aucune Lignée n'était préparée à cette éventualité.
- La confiance en notre Lignée est ébranlée, on raconte que je ne suis pas en position de commander nos armées comme il se doit.
Ethan ne répondit pas, ignorant son père qui se tenait derrière lui. Quelques mouvements de jupes sur le sol, et le claquement sec des talons le renseignèrent sur la présence de sa mère. Celle-ci se prosterna légèrement devant son époux, et incita leur fils à leur accorder toute son attention.
Ce dernier se tourna dans leur direction, avec cette même attitude hostile. Le père et le fils étaient en désaccord et la plupart du temps, seule la reine parvenait à trouver un terrain d'entente et apaiser le courroux du roi. Il oubliait parfois que l'obéissance aveugle qu'il exigeait de ses sujets ne s'appliquait pas à son fils.
- Votre première erreur a été de minimiser l'importance de cette attaque, surenchérit Ethan, les Lignées pensent que vous avez quelque chose à cacher.
- Je me passerai de tes commentaires, jugea son père, cette confiance s'amenuise depuis plusieurs années. La naissance d'un descendant suffirait à la raviver.
- Je suis votre descendant.
Le roi eut un léger sourire et lissa son menton recouvert d'une barbe finement taillée.
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Les sept Lignées
Fantasy- Je ne souhaite pas vous quitter. Je ne souhaite pas partir. Les Lignées doivent se rendre compte de leur erreur. Je ne suis coupable de rien! - Est coupable la personne que l'on désigne comme telle. Les Lignées sont trop puissantes, elles ont le s...