XIV - Maxence

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La douleur est beaucoup trop grande. Beaucoup trop présente. Aucun médicament ne pourrait l'enlever. C'est impossible. Je le sais. Je le sais trop bien.

Je regarde par la fenêtre, la nuit noire domine. Je n'ai pas voulu fermer mes volets. Je voulais regarder les étoiles. Les étoiles briller. Il est tout de même dommage qu'elles ne soient visibles que dans la noirceur.
Comme si le mal les révélait.
Comme si le mal révélait leur beauté étincelante.

Elle fait surement partie de ses étoiles.  

C'est le mal qui l'a transformée.

Moi.

Maman dort. Elle ne remarquera pas si je sors. Je prends ma veste ainsi que mes chaussures et les enfile. Je prends mon sac à dos et le remplis de quelques vêtements, au cas où. Je prends mes boites de médicaments et une bouteille d'eau. Et mes économies aussi.
Je passe par le salon et vole une bouteille de vodka que je mets dans mon sac aussi.

Je prends une feuille à carreaux et un stylo et j'écris ce que j'ai sur le coeur.

Je reviendrais peut être. Mais pas tout de suite. Nul besoin de m'appeler, je ne répondrais pas. J'ai besoin de prendre l'air. Ne t'inquiète pas pour moi maman. Je t'aime fort.

Je la laisse posée sur la table du salon. Elle la verra sans aucun doute.

Et je m'enfuis.

Un léger vent me chatouille la peau. Mais ce n'est pas très grave. Je l'aime bien, lui. Les rues sont désertes. Il est trois heure du matin.

Je suis sûr qu'elle est là.

Je me dirige vers la forêt. Rien de mieux pour être seul, seul avec elle, peut être.

Je me souviens d'une balade, un après midi d'été. Sa main dans la mienne, la mienne la serrant. Sa jolie voix me transportant dans un tout autre univers. Son parfum fruité, vanille et grenade, elle adorait cette association. Mais surtout, sa chaleur. Son pouls que je pouvais sentir parfois.

L'amour de ma vie.

Je m'assois sur le sol terreux de la forêt et sors ma bouteille d'alcool. J'essaie de la vider comme je viderais une bouteille d'eau. Ce qui, bien sûr est difficile. Je m'y prends à de nombreuses fois en grimaçant.
Je ferme les yeux. L'alcool doit faire effet, sinon ce n'est pas drôle.

Je me lève des minutes plus tard. Je ne regarde pas l'heure. Pas besoin. Plus besoin.

Je marche.

Le vent me raconte une blague que je n'ai pas le droit de raconter en retour. Il est drôle, parfois.

Je sors mon portable de ma poche. Je l'appelle. Je veux entendre sa voix. Ça ne sonne pas, son portable est éteint depuis longtemps déjà. Sa messagerie retentit. Sa voix transperce mes oreilles sous une si belle mélodie. Elle dit qu'elle n'est pas là pour l'instant. Il faut laisser un message. Pas là pour l'instant. Non, pas là...Partie. Partie pour l'instant. Loin. Très loin. Si vite. Pas pour l'instant...

- Tu n'es pas là pour toujours !!! Tu mens !!! Je savais que tu mentais !!! Je savais !! Tu mens...Tu mens, tu mens...Je savais...
J'enlève l'appareil de mon oreille. J'en en ai plus besoin. Je le jette. Loin. Il atterri sur la route. Je dois l'anéantir. Je dois le détruire. Je dois enlever sa voix.
Je le retrouve et l'écrase plusieurs fois avec mes pieds.
- Meurs ! Meurs ! Meurs !!! Je ne veux plus t'entendre !! Meurs !!
Et pourtant...
Sa voix résonne.
Encore.
Et encore.
Dans ma tête.
Elle ne veut pas.
Elle ne veut pas s'arrêter.
Encore.
Et encore.
A jamais.

- Ferme la !!! Ferme la !!! Meurs !!

Il est en miette. Je ne sais pas comment j'ai pu faire. Mais elle est encore là.

Elle ne partira donc jamais.

- Va t-en...Pitié...Va t-en...

Je ne sais pas s'il pleut...Je ne sais pas si ce qui coule sur mes joues sont des larmes.

- Tu devrais t'en aller...

Je continue de marcher, l'abandonnant là, sur la route.

- Agonise en silence, stupide chose !

Les rues de Paris défilent maintenant. Je marche beaucoup. Mais ma tête tourne.

Je crois que je suis perdu. Perdu en ville mais aussi dans ma tête. Rien n'a de sens. Pas même la route. Je suis vraiment perdu. Je dois m'assoir. Je ne me sens vraiment pas bien. Je me laisse tomber quelque part. Sur un trottoir, peut être. Je respire profondément.

- JE SUIS UN KIWI LES GARS !
Personne ne m'entend. Je suis seul, je crois. Mais quand je tourne la tête, je la vois dans sa robe noire. Elle me regarde, un peu bizarrement. Je ne sais pas ce qu'elle me veut.
Viens avec moi...
Ses lèvres ne bougent pas mais je l'entends.
- Où ça ?
Deviens une étoile toi aussi...
- Non, moi je suis le mal, je ne suis pas là pour briller...
J'ai besoin de toi...
- Tu mens...
Toi aussi, tu m'as menti...Tu as dit que tout allait bien, que ça allait aller...
- Ce n'était pas moi !!!
J'essaie de la prendre par les épaules, mais elle disparaît.
Tu ne m'attrapera pas deux fois...

Déchirante passion Où les histoires vivent. Découvrez maintenant