Les gens parlent beaucoup trop des ruptures amoureuses. Comme si c'était la pire chose qui pourrait arriver à quelqu'un. Comme si rien au monde ne pourrait faire plus de mal. Moi, je trouvais qu'on en parlait carrément trop. Sans nier la tristesse qu'une rupture peut procurer à quelqu'un, je pensais que certains sentiments pouvaient être tout aussi douloureux. Tout ce qui touche le cœur, ca craint. Parce que ca n'est pas la peine qui est le plus dur à supporter : ce sont les pensées qui ne s'occupent plus de rien d'autre. C'est faire de son mieux pour oublier tout en sachant que c'est typiquement la chose à faire pour ne jamais réussir à oublier. C'est, pendant un instant, penser qu'il reste une chance et la seconde d'après, se dire qu'on est complètement crétin ne serait-ce que d'y avoir songé.
Enfin bref, j'étais incapable de dire si ce qu'on partageait, Isaac et moi, ça valaient encore quelque chose, si ça valait le coup d'être vécu. Et c'était au moins aussi douloureux qu'une rupture, ca j'en étais certain.
Je me dirigeais vers la 10ème rue, et je pensais à tous ces trucs sur les ruptures, quand j'ai entendu une voix que je connaissais. C'était une voix d'homme. J'ai tourné le regard en direction du bruit si familier.
- Felton ! Mon garçon ! s'est exclamée la voix.
Alors je n'ai plus eu aucun doute. C'était mon coach de football du lycée. Celui qui portait le même survêt tous les jours de l'année. Je ne l'aurais presque pas reconnu, vêtu d'une tenue de ville. Et c'est quand il fût complètement sorti du bâtiment dans lequel il se trouvait que j'ai remarqué qu'il n'était pas dans son état normal. Si toute fois on pouvait qualifier son comportement quotidien de normal. Mais plus bizarre encore, quelqu'un le supportait par l'épaule pour l'aider à avancer droit.
Matthew Sherwood. Le lâcheur de petite amie. L'ancienne conquête de Sacha. Depuis le lycée, je n'avais pas eu la moindre nouvelle. Et Sacha, elle avait vite arrêté de parler de lui après leur rupture.
Ils se sont rapprochés et la démarche pantelante du coach ne laissait aucun doute quant à son ivresse. Son regard m'a paru avoir pris des années. Il avait toujours été trop hyperactif à l'époque. Désormais, il ne semblait même plus capable de taper dans un ballon. De lourds cernes lui tombaient sous les yeux, il portait une barbe mal rasé. Matthew, lui il n'avait pas changé d'un poil. Quand ils furent à ma hauteur, j'ai tenté une approche :
- Monsieur ! j'ai commencé.
Mais il ne m'a pas laissé en dire plus. Lourdement, il a posé une de ses mains moites sur mon épaule gauche. Son haleine alcoolisée empestait. Il m'a fixé avec des yeux super sévères et fatigués à la fois. Et il a affirmé :
- Je ne suis plus rien.
- Monsieur ? je me suis inquiété, un peu.
- Ma femme m'a quitté Felton, elle m'a laissé ! Elle a pris Lynn avec elle. (j'ai tout de suite compris qu'il s'agissait de son enfant.)
Il a levé un bras en l'ai pour dramatiser ses propos. Et il s'est mis à crier. Les gens autour de nous regardaient avec des regards perplexes.
- Elle dit que j'ai changé, que je suis devenu trop vieux dans ma tête ! N'IMPORTE QUOI ! Et même si c'était le cas, hein ? Est-ce que ca justifie qu'on m'enlève ma fille ? HEIN ?
Il a jeté la bouteille qu'il tenait à la main sur la route, dans un cri de rage. Alors j'ai questionné Matthew du regard parce que j'étais un peu paniqué par la situation.
- Je suis son assistant au lycée cette année, il a commencé, et ce matin il m'a appelé pour me dire de le rejoindre ici. Pour une réunion du personnel. J'ai trouvé ça bizarre parce que le personnel c'est juste nous. Mais je te promets, il paraissait tout à faire normal au téléphone.
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Il y a un monde meilleur. [TERMINÉ]
RomanceIan Felton a 17 ans. Et sa vie, ainsi que celles de ses deux meilleurs amis, Miles et Louis, ressemble au bon vieux cliché du lycéen. Avide d'aventures et de changement, fuyant la routine à tous prix, Ian a depuis peu décidé de vivre pleinement. C'e...