Le soir du vendredi quinze janvier avait été le plus particulier des soirs que j'avais passé depuis toujours. J'étais seul chez moi. Papa et maman avaient emmené Aria voir de la famille dans le Michigan et ils avaient jugé que ca serait mieux que je reste à New York parce qu'ils disaient que je ne devais pas louper un seul jour de révision pour ma dernière année au lycée. Je leur avais pourtant affirmé que je pouvais très bien travailler en dehors de la maison, que cela me ferait même du bien. Je crois qu'ils avaient surtout voulu passer un week-end loin de leur fils casse-pied.
L'annonce de mon entrée dans l'équipe de football a eu un retour bien différent de ce à quoi je m'étais attend. Alors certes, je n'avais pas été bête au point d'espérer des éclats de joie mais voila ce qui en est sorti :
- Une équipe de football ? Ce n'est pas ça qui te fera réussir dans la vie.
Ce sont les seules paroles auxquelles j'ai eu le droit de la part de papa (j'ai eu envie de le secouer par les épaules et de le forcer à admettre que j'avais réussi quelque chose pour une fois).Mais j'ai vite quitté le salon après cela, parce que j'étais carrément dégouté. Maman elle, elle paraissait plus heureuse pour moi. Elle n'osait jamais s'imposer contre la forte présence de papa alors elle s'es-tu une fois de plus.
Mais bref, passer deux jours sans eux s'était vite transformé en une magnifique nouvelle.
Je me suis installé devant un épisode de la série Friends après avoir pris dans le frigo de quoi grignoter pendant la nuit blanche que je prévoyais de passer devant l'écran de télévision. Il était presque onze heures, le cinquième épisode venait de commencer. Et c'est là, à cet exact moment, que la sonnette a résonné contre les murs du salon.
J'ai froncé les sourcils parce que j'ignorais qui pourrait vouloir venir si tard un vendredi soir en l'absence de mes parents. J'aurais été en train de regarder un film d'horreur, je me serais sans doute fait dessus. Je me suis levé et me suis avancé vers la porte, méfiant, et j'ai porté mon regard vers le judas pour connaître l'identité de mon visiteur nocturne. Et quand je l'ai vu, je me suis dit que, vu les surprises que m'avait réservées ma vie récemment, j'aurais totalement pu prévoir qu'il vienne ce soir là.
C'était Isaac. Et je pouvais d'ici entendre mon destin ricaner en disant « qui d'autre ? ». Je me suis mis dos à la porte un instant, le temps de prendre ma respiration et de reprendre mes esprits. Puis je l'ai laissé entrer.
En ouvrant la porte, je le découvrais comme je n'avais jamais pensé le voir un jour. Il avait laissé son regard froid chez lui, et il avait les yeux rougis. Non pas par l'alcool, non, ils étaient remplis de larmes. Il semblait être à bout de force. Il est resté debout sur le pallier, et il n'a pas prononcé le moindre mot. Je n'en ai pas un de plus.
Je me suis écarté de la porte pour l'inciter à rentrer. Il a fait quelques pas mais il ne parlait toujours pas. Je ne savais pas si je devais 1) lui demander ce qui le tracassait, 2) me taire et voir si la situation évoluait, ou 3) continuer à me poser des questions et menacer de paniquer et de sortir une gaffe.
Du coup, je l'ai invité à s'asseoir pensant qu'il en aurait besoin. Il a refusé. Au lieu de cela, il a sorti une cigarette et un briquet de la poche intérieure de sa veste. Il a lancé un regard en ma direction.
- Je peux ?
- Euh, pas à l'intérieur.
Mes parents m'auraient tué s'ils avaient senti la moindre odeur de tabac dans la maison. Sans doute littéralement. Ils acceptaient à peine le fait que je puisse boire quelques verres en soirée.
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Il y a un monde meilleur. [TERMINÉ]
Roman d'amourIan Felton a 17 ans. Et sa vie, ainsi que celles de ses deux meilleurs amis, Miles et Louis, ressemble au bon vieux cliché du lycéen. Avide d'aventures et de changement, fuyant la routine à tous prix, Ian a depuis peu décidé de vivre pleinement. C'e...