Les Jumelles Atkins [ Fini ]

Prologue

La pluie tambourine contre les vitres de la maison et le vent l'accompagne. Le moteur d'une voiture chauffe, les phares éclairent quelques mètres devant eux sous cet épais rideau d'eau. Deux personnes s'affairent à la tâche.

Un homme plutôt grand, les cheveux longs et gris argile et étain, alors qu'il ne doit pas avoir plus de la quarantaine. Ses cheveux s'allongent de quelques centimètres alors que la pluie ne cesse de s'intensifier. Une femme l'aide, ses cheveux étrangement verts opalin et prasin - couleur naturel - brillent sous les réverbères. Des valises s'entassent dans le coffre du 4x4, une Jeep Grand Cherokee noir mât aux jantes rouges sang.

— Fait attention à ne pas les réveiller, murmure la mère.

— Je sais, Jasmine, ronchonne le père.

— White, tu es sûr ?

— Je ne suis sûr de rien, mais nous ne pouvons pas rester, ici. Les filles ne sont plus en sécurité, nous allons là-bas. Je nous ai trouvé une maison aux abords de la ville, nous y serons plus tranquilles. Elles iront au lycée avec les jeunes de leur âge en priant pour que personne ne soit comme elles, ou alors personne de malveillant qui en veule à leur vie et à ce qu'elles sont. Nous y seront à l'abri.

— Pour combien de temps ?

— Suffisamment pour qu'elles comprennent et deviennent entièrement ce qu'elles sont. Elles ont déjà développé certains de leurs pouvoirs, nous devons faire attention pour la suite, nous savons de quoi elles sont capable. Ce sont nos filles, Jasmine.

Le père dépose une de ses filles sur le siège arrière, la mère fait de même tout en restant silencieuse face à la remarque de White. À vue d'œil, elles ne dépassent pas les dix-huit ans, emmitouflées dans d'épaisses couvertures en laines rose ou violette, elles dorment à point fermé. Des cages à leur pied, deux chats y dorment.

— Nous avons tout ce qu'il nous faut ? demande White.

— Oui, tu peux y aller.

White soupire, il s'installe rapidement en regardant ses filles dormir, un pincement au cœur se fait ressentir, puis il regarde sa femme. Elle a l'air fatiguée et anxieuse, troublée mais dans ses yeux d'un vert entre l'opaline et le prasin, du soulagement est comme présent. Mais dans les yeux lavande du père : la tristesse est maîtresse.

La voiture démarre en trombe alors que la maison se consume pour ne laisser que des cendres volantes sous la pluie et le vent.

Quelques heures plus tard, la Jeep s'arrête devant une immense maison, pareille à un manoir. Un peu plus loin, maintenant que la pluie n'est plus qu'un mauvais souvenir, un panneau peut-être vu : " Bienvenue à Beacon Hills ". White soupire, il est près de trois ou quatre heures du matin, un lundi qui plus est. Les parents rangent les valisent alors que les filles sont encore dans la voiture.

— Va te reposer, suggère White en embrassant le front de sa femme, la chambre est au deuxième, je m'occupe des filles et des chats.

Jasmine acquiesce faiblement, elle monte les escaliers alors que son mari repart à l'extérieur. Il porte ses filles en même temps, malgré leurs poids et tailles, c'est un jeu d'enfant pour lui, il fait de la musculation plusieurs fois par semaine. Il les monte dans leur chambre respective, Rose, la plus vieille des jumelles à sa chambre au troisième, à gauche au fond du couloir, alors que Violette, la plus jeune, à la sienne au quatrième. Le premier étage sert de grand-salon, le rez-de-chaussée de cuisine, petit-salon, salle-à-manger, des sous-sols et un grenier sont également présent. White rentre Guimauve et Macaron, les chats de ses filles, puis, à son tour, il part se coucher sachant parfaitement que dès son prochain réveil, des explications musclées seront de mises entre lui, sa femme et ses filles.

Le matin, aux alentours de neuf ou dix heures, je me réveille enfin. Dans une nouvelle chambre, Macaron sur le lit et roulé en boule, je repousse mes cheveux en arrière alors que je m'aventure dans le couloir en pyjama - T-shirt trop grand, shorti et chaussettes hautes en laines, tout est noir ou violet. J'entends des voix en bas, je descends alors les incroyables escaliers en bois noir, en me posant des centaines de questions, Rose me rejoint - c'est ma sœur jumelle, elle est plus âgée que moi -, elle est vêtue de la même manière que moi, hormis les couleurs qui pour elle se compose de gris et de rose.

Ses cheveux d'un incroyable rose bonbon et fuchsia naturel brillent de façon surréaliste sous les rayons de soleil alors que la veille j'aurais juré entendre une pluie battante. Elle pose une main sur ma tête en souriant et en me regardant de ses grands yeux ronds et bleus sarcelle et paon. Quant à moi, je possède des cheveux violets améthyste et lilas - tout aussi naturel -, mes yeux - qui commencent à être humides de larmes - sont bleus acier et bleuet.

— Je suis certaine que les parents ont une bonne explication. Descendons, nous allons parler avec eux, d'accord ?

— D'accord.

Je talonne Rose, nous arrivons rapidement en bas. Là, nos parents nous attendent autour d'une table en bois et en acier. Ils ont l'air inquiet.

— Asseyez-vous les filles, demande notre père en soupirant.

Ce que nous faisons sans poser de questions.

— Nous avons du partir, nous... Enfin, je pense que vous avez compris la raison, à partir d'aujourd'hui, nous habiterons à Beacon Hills, enfin, un peu en dehors de la ville. Vous irez au lycée avec les gens de votre âge. Vous commencerez l'école dès demain matin, pour le moment, j'aimerais que vous répétiez avec moi, notre mantra. Celui que tout être comme nous, utilise pour se calmer.

Il nous regarde tour à tour, ma mère, ma sœur et moi. Je me redresse alors que la main de ma jumelle cherche la mienne.

— Dites-moi les trois choses qui ne peuvent être caché, ordonne mon père d'une voix particulièrement douce.

— Le soleil, la lune, la vérité, disons-nous tous en même temps.

Un lourd silence s'abat dans la pièce.

Nous sommes la famille Atkins, et nous revenons sur la terre de nos ancêtres.

Nous sommes la famille Atkins, et nous revenons pour le meilleur et surtout le pire.