Chapitre 11

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  -On devrait peut-être marcher un peu plus vite...

  -T'inquiète poulette, on a le temps!

Aujourd'hui, les filles avaient décidé de sortir manger dans en dehors du lycée, "pour changer". La pire idée de tous les temps selon moi, mais soit, je les ai suivies. 

  -Quand même, on n'a qu'une heure et demi pour manger, ça fait déjà vingt minutes qu'on est dehors...

Sybille me fixa dans les yeux, haussant un sourcil.

  -Méline, déstresse! On passe un bon moment là!

Je détournais le regard sans répliquer. Elle me contredirait immédiatement de toute façon, je n'avais pas mon mot à dire.

Oui, j'étais stressée. Un peu trop même. Mais c'était comme ça, incontrôlable, ancré sur mon estomac comme une sangsue douloureuse. Ce n'était pas dans mes habitudes, et le temps maussade ne m'aidait pas à me détendre.

Je marchais en retrait mais aucune de mes amies ne s'en souciait vraiment, elles riaient, heureuses de cette liberté volée, en se retournant par moment pour m'adresser une phrase à laquelle je répondais à demi-mot. 

  -On va là!

Je levais les yeux vers Romane. Enfin. On savait où on allait. Je jetais un œil à ma montre. Une heure cinq avant la reprise des cours. 

Je suivis mes amies dans l'établissement, aussitôt assaillie par le bruit des conversations aux quatre coin de la salle. Sybille s'adressa à l'homme qui tenait la caisse, simple et naturelle. Elle était tellement assurée que ça ne l'en rendais que plus belle.

  -Tu veux quoi Méli-chou?

C'est un détail auquel je n'avais pas pensé. Mais que diable allais-je manger? Mon sang se glaça. Non, non, non, non, non! J'allais devoir parler aussi. Oh mon Dieu j'aurais préféré broyer du noir en mangeant un plat de cette cantine infecte.

Je jetais un œil au panneau annonçant fièrement un menu étudiant à sept euros.

  -Cheeseburger, annonçais-je sans prendre le temps de regarder les autres plats. Et coca.

  -Pardon?

J'allais devoir répéter. J'allais devoir répéter! Je me raclais la gorge, il ne fallait pas que j'y pense. C'est comme pour écraser une araignée, il faut agir, tout de suite!

  -Cheeseburger et coca, merci.

J'agrémentais ma commande d'un sourire un brin forcé et le serveur baissa les yeux sur sa machine. Ouf. C'était bon. Épreuve réussie.

On nous apporta nos plateau forts garnis à notre plus grande surprise et je laissais échapper un sourire plus sincère.

  -J'ai beaucoup trop faim, gloussa Ella avant de se jeter sur ses frites.

Moi aussi. Moi aussi.
Je piochais une frite en consultant mon téléphone pour tomber sur un message de... Joeffrey. Quelle surprise. Je rangeais mon appareil sans répondre.
Le conversation ne fut faite que de critiques concernant nos camarades de classe. Peu observatrice, je n'avais rien à ajouter et de toute façon je n'avais pas la parole. J'avais conscience que c'était un triste constat, mais... ça m'allait.
Je finis par sortir mon portable. De toute façon, les jeunes faisaient ça... non? Entre ados, j'avais le droit?

Je répondis à Joeffrey et ses trois messages insistants.

De : Joeffrey
A : 10h47
Slt ca va?

De : Joeffrey
A : 11h12
Princesse tout va bien?

De : Joeffrey
A : 12h34
???????

De : Moi
A : 13h02
Oui et toi?

De : Joeffrey
A : 13h03
Oui je viens te chercher jeudi comme d'hab ;)

Je soupirai. On passait de bons moments les jeudi après les cours, mais... la dernière fois, il avait contredits absolument toutes mes paroles. Même celles que j'avais répété du cours dont je venais de sortir. Je détestais quand il était comme ça, et en ce moment c'était encore pire. Il ne me lâchait plus par message, mais ne lisait jamais les miens. Et quand on se voyait, il mobilisait tout le temps de parole et s'évertuait à toujours avoir le dernier mot que je finissais par lui laisser, fatiguée et lasse de l'entendre s'énerver.

  -C'est encore ton meilleur ami là? m'interpella Sybille.

Je hochais la tête. Elle leva les yeux au ciel.

  -Il te lâche jamais celui-là! Tu devrais le virer.

  -Je sais...

Je savais. Je lui avais dis de baisser la fréquence de ses messages, mais il n'avait tenu que quatre jours. Mais c'est qu'il avait besoin de moi. On avait vécu des moments inoubliables ensembles et... il serait toujours là. Et il ferait de même quand j'aurai besoin de lui... N'est ce pas?

Nous rentrâmes au lycée... en retard.
Stress.

Out [En pause] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant