Les mémoires d'une fille banale

Chapitre 6

Mercredi 7 février, 13h14. Again and again in my room. (Wicked Games - Chris Isaak, Cover by Marie Digby)

Mon esprit commence à ne plus autant s'évader lorsque je suis en cours. Bon, il n'est pas encore vraiment concentré sur ce que dit le prof, mais je ne suis plus ailleurs. Il n'y a pas longtemps, on a dû changer de place. Je suis l'une, voire la seule, à ne pas avoir changé. Les profs me voient-ils vraiment ? Rien n'en est moins sûr... Il y a ce garçon, assis juste derrière moi. Je ne lui avais jamais prêté attention jusque là. Il n'est ni grand ni petit; ni blond ni brun; ni stupide ni "intello"; ni prétentieux ni arrogant. Il se fond dans la masse mais lorsqu'on le regarde vraiment, on peut apercevoir cette petite lueur; cette partie de lui qui montre qu'il n'est comme aucun autre. Bien sûr, nous sommes tous différents les uns des autres mais très peu ont ce petit plus qui les rendent vraiment uniques.

Je pense qu'il est temps que je me confie à vous. C'est n'est pas la meilleure des anecdotes mais elle fait partie de ma vie. C'est comme ça, on ne décide pas toujours de la fin des évènements... C'était il y a presque 6 mois, en août 2017, plus précisément, le mercredi 30 août 2017. Nous avions décidé d'aller à Paris. Ma marraine habite là-bas, je m'y suis déjà rendue plusieurs fois :

Vrrrrrr Vrrrrrr, il est 6h30, mon téléphone sonne. Je dois me lever et me préparer en 4e vitesse, nous partons dans 20 minutes. C'est à ce moment là que la grande course commence et que tout s'enchaine à un rythme endiablé. Je me lève, descends pour prendre mon petit-déj, remonte, me lave les dents, m'habille, me coiffe, attache mes longs cheveux en une simple queue de cheval, me parfume légèrement, mets un peu de mascara et vais chercher mon sac, posé à l'autre bout de ma chambre. Je finis mon sac à dos, celui qui sera avec moi durant les six heures de route qui nous séparent de Paris. J'entasse 3-4 livres, une paire d'écouteurs, une jolie batterie externe bleue turquoise, mon ordinateur, les chargeurs, un carnet à spirale (nda : j'ai un énorme faible envers les carnets à spirale : je suis folle) et mon stylo plume. Je pose mon sac sur mon épaule, prends l'autre à la main et descends l'escalier.

On fait ensuite un Tétris géant pour caser toutes les affaires dans le coffre et on monte à bord. Je commence par discuter par message avec mes amis, puis j'enfile mes écouteurs et allume la musique. Les titres et artistes défilent tout comme les kilomètres. David Bowie - Heroes, Alt-J - Breezeblocks, Avicii - Waiting for love, BB brunes - Dis moi... Maintenant je coupe la musique et me retrouve dans un calme pesant. Personne ne parle, mon père conduit, ma mère regarde la carte routière, ma sœur dort. Je les observe en silence. J'ouvre ma bouche comme si j'allais prendre la parole mais je la referme et attrape mon ordinateur afin de regarder un petit film : Inception. Allez hop deux heures trente de visionage. Quand j'aurai fini il ne restera que deux heures de route. [...] Ce film est vraiment génial. Il te retourne un peu le cerveau mais c'est surtout qu'il vaut mieux le regarder à deux reprises pour faire attention à chaque détail.

"Chaque détail prend de la valeur quand plus rien n'a de sens"

Frédéric Beigbeder

Il me reste deux heures à tuer, je sors mon stylo-plume, mon carnet et je commence à écrire. J'invente d'abord mes personnages : leur personnalité, leur âge, leur physique ; puis j'invente le monde dans lequel ils vont se retrouver. Je me laisse aller à mon imagination ; serait-ce plutôt une utopie, une dystopie, une société futuriste ou, au contraire, une société du XVII e siècle ? Ce sera seulement une histoire courte, je n'ai pas les compétences pour écrire un roman. Vous me direz que j'ai juste à essayer mais... Ce n'est pas aussi simple, les écrivains sont là pour ça. D'ici je vois la Tour Eiffel, c'est quand même beaucoup plus beau de nuit. En tout cas ça veut dire que le voyage touche à sa fin, il était temps !

On salue tout le monde et on s'occupe des affaires, je vous passe les détails ennuyeux. On grignote vite fait puis on va tous au parc. Il y a mes parents, ma sœur, ma marraine et son mari puis mes deux petits cousins : Noah et Nathan. Je joue avec eux pendant que les adultes papotent, je suis vraiment une gamine. Mais c'est bien de garder son âme d'enfant. Après ça, on se promène un peu puis on part chercher de quoi diner. Ce soir, c'est nems, porc au caramel et litchi ! De quoi bien se régaler ! On rentre à l'appart, je réchauffe le diner et prépare les sauces tandis que ma marraine, Sabrina, prépare l'apéro.

Plus tard, vers 23h, on sort et on se rend à la Tour Eiffel. C'est magnifique, elle brille d'un éclat dorée et il semble qu'elle scintille comme des milliers de diamants ; il fait encore chaud malgré l'heure tardive, la nuit est claire mais cela ne nous permet pourtant pas d'observer les étoiles à cause de la pollution lumineuse et urbaine. De toute façon, je ne connais rien en l'astronomie. Demain on a prévu d'aller voir un match de foot, ce sera la France contre les Pays-Bas. Je ne m'intéresse pas tant que ça au football mais c'est quand même une belle occasion.