Chapitre 21

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Espérance et Lyall éteignirent la télévision, se concentrant sur leur fils unique, qui se tenait toujours parfaitement droit et se triturait les mains de stress. Le jeune homme ne savait pas trop comment entamer la conversation pour annoncer à ses parents qu'il quittait la maison. Ce dont il était sûr était qu'il ne comptait pas préciser qu'il allait habiter pour un temps dans une auberge. Il regarda ses parents, les deux adultes attendaient patiemment que Remus leur parle. Le châtain souffla doucement, ferma les yeux quelques secondes, puis se lança :

- Maman, papa... je vais habiter à Londres.

- Quoi ? Mais... Remus, non.

- Je suis désolé maman. Mais, je pense que c'est mieux, sourit-il.

- Mais tu es si jeune, tu as tout le temps du monde... chuchota la femme.

- Je sais mais... je ne peux plus vous imposer ces nuits...

- Mon p'tit gars... tu ne nous imposes rien, assura son père.

Remus le regarda avec un pressentiment qu'il aurait préféré ignorer. Lyall semblait cacher quelque chose sous cette phrase assurée. Il semblait presque coupable.

- C'est de ma faute... murmura l'homme sans regarder son fils.

- Comment ça ? s'étonna le loup, les sourcils se fronçant de peur de comprendre.

- Greyback. C'est le nom de celui qui t'as fait ça. C'est à cause de moi.

- Non Lyall !

Des larmes perlèrent aux yeux de Lyall. Il n'avait jamais osé raconter toute l'histoire à son fils. Remus n'avait jamais posé de questions, il ne s'en souvenait pas, et préférait ne pas savoir, pour ne pas avoir à se souvenir. A présent, son père pensait qu'il était temps de lui avouer. L'homme ressentait l'obligation de dire la vérité à son fils, maintenant qu'il voulait quitter le foyer familial pour cette raison. C'est douloureusement, et le regard rivé par terre qu'il raconta :

- J'étais dans un bar, il était présent. Je ne savais pas qui il était, au début, je ne l'avais pas reconnu. Je ne sais pas pourquoi, mais à un moment il est venu me voir, pour me demander de l'argent. C'est à ce moment que j'ai reconnu sa tête. Il était sur des affiches du Chemin de Traverse. Son nom m'est revenu, tout comme la raison pour laquelle ces affiches de recherches étaient accrochées. Il était un tueur sanguinaire. Il s'en prenait principalement aux enfants. Je n'ai pas réfléchi, je lui ai dit quelque chose d'offensant, je l'ai insulté sans y penser. Je l'ai vu changer de regard. Il m'a dit qu'il me le ferait payer... Je ne pensais pas qu'il s'en prendrait à toi, mon garçon, assura-t-il difficilement entre les larmes et en relevant le regard pour croiser celui de Remus. J'aurai dû tenir ma langue, lui donner cet argent et m'en aller pour ne plus jamais le croiser. Je n'aurai pas dû... C'est entièrement ma faute...

La voix de Lyall se perdit entre les sanglots sur la fin et ses yeux se reportèrent sur le sol. Il l'avait enfin fait, il avait enfin dit la vérité à son fils. C'était la première fois depuis des années qu'il évoquait cette histoire. Il n'osa pas relever la tête vers Remus et y voir toute la haine ou le dégoût que son enfant pouvait ressentir envers lui.

Le châtain ne savait pas comment réagir. Dire qu'il était abasourdi était un euphémisme. Et dire qu'il était en colère l'était tout autant. Pendant des années il s'était répété qu'il était un monstre, pendant des années il s'était senti coupable de faire vivre toute cette horreur à ses parents. Il n'avait jamais cherché à comprendre, et il se dit qu'il aurait préféré ne jamais l'apprendre. Il sentit une partie de sa culpabilité s'envoler au profit de la colère sourde qui l'envahissait. Il avait besoin de s'éloigner, c'était vital, parce qu'il ne voulait pas dire ou faire quelque chose qu'il regretterait.

Les maraudeurs, une amitié à toute épreuveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant