Partie I: Temps Modernes (4)

16 0 0
                                    

Au même moment, dans une habitation du quartier résidentiel de l'Ouest d'Altamira réservé aux Aisés, se reposait une jeune fille. Elle semblait s'ennuyer sur son lit, à regarder diverses informations sur les incidents ayant pu se passer les jours précédents. Rien ne semblait attirer son attention, que ce soit les vols classiques organisés par les gangs locaux ou les agressions rares de Monsieur-Tout-Le-Monde motivés par l'argent, une rancoeur personnelle ou toute autre sorte de motif banal et égoïste propre à la nature humaine. Non, il n'y avait aucun doute, elle s'ennuyait beaucoup trop pour profiter de sa journée. Elle était légèrement distraite par la radio qui passait ses musiques préférées, mais cela ne suffisait pas à réellement la sortir de sa torpeur.

Elle se demandait si tout se passait bien pour Adrian dans les souterrains de la ville. Elle savait que c'était dangereux, et que bien que son ami soit largement préparé à ce genre de choses, il y avait toujours un risque pour que quelque chose ne se passe pas comme prévu. Elle ignorait tout de l'être qui relevait de l'aberration, de l'assassin ou des flux spirituels entremêlés mais elle avait un mauvais pressentiment. Néanmoins, il était normal pour elle de s'inquiéter pour Adrian. Depuis le temps qu'ils se connaissaient, ils avaient une relation presque fusionnelle bien au delà d'une amitié classique ; ils s'autorisaient énormément de choses que l'on verrait plus d'un couple que d'un duo d'amis.

Mais ils n'étaient pas en couple. C'était encore en delà de ça. C'était plus complexe. Plus profond.

Alors qu'elle ruminait ses sombres pensées en épluchant les nouvelles produites en masses par tous les organes d'informations, elle reçut un appel. Intriguée, elle regarda qui pouvait bien essayer de la contacter ce jour-là, à cette heure là (il était 15h14 très précisément, donc une heure plutôt ordinaire pour appeler quelqu'un en vérité). Ses yeux s'éclairèrent au nom de Salomon Coverdale (enfin, plutôt à la vue de "Sallie Coverdale" puisqu'elle avait la fâcheuse tendance à donner des surnoms aux gens juste pour les embêter). Quand Coverdale demandait à avoir une conversation avec elle, ça amenait toujours à quelque chose d'important et surtout de bien plus intéressant et captivant que la rubrique nécrologique d'un site médiatique local. Décidément, son appel était ce qu'il pouvait lui arriver de mieux.

Elle remit ses longs cheveux blonds en place, se redressa et décrocha. L'hologramme d'un homme entre deux âges apparut. Celui-ci était impressionnant de par sa carrure, son mètre 95 ainsi que sa musculature imposante, et son visage dur mais néanmoins assez jeune contrastait avec ses cheveux blancs qui lui descendaient jusqu'au bas de la nuque. Beaucoup de gens lui donnaient entre 45 et 50 ans ; la vérité, c'est qu'il en avait 32.

-Bonjour, Ariane. Je cherchais à te contacter.

-Moshi-moshi, Salomon ! Je vois ça effectivement.

L'intéressé eut un sourire en coin. Ariane avait beau être quelqu'un se donnant un air distingué et des manières en public, c'était tout autre chose en privé. Outre ses moshi-moshi et son ton enjoué, sa tenue "décontractée" n'avait rien à voir avec ce qu'elle mettait lorsqu'elle sortait. Elle qui était habituée à des robes assez élégantes, ou au minimum des habits distingués, elle était ici pieds nus avec un T-shirt bien trop grand et un pantalon informe.

-Ravi d'avoir réussi à te contacter. Je pense que tu dois te douter de pourquoi je t'appelle ?

-Si c'est pour me donner des renseignements par rapport à une affaire louche, tu es mon sauveur.

-Pas seulement. J'ai deux choses dont j'ai à te parler. La première concerne un article qui pourrait t'intéresser, mais je veux te parler moi-même de la deuxième.

-Très bien, envoie moi cet article, j'y jetterai un coup d'oeil après ton appel. Tu voulais me dire quoi du coup ?

-Je serais le plus bref possible. La situation est grave. Hadès sait que vous voulez vous occuper de lui, ainsi il compte bien s'occuper de vous. Il y aurait deux assassins dépêchés par les Faucheurs, la branche locale d'EREBUS, pour s'occuper de vous.

-C'est assez surprenant qu'il ait eu le cran de s'en prendre à nous maintenant. Qu'est-ce qu'il croit, qu'on va se décourager juste pour deux pauvres idiots qui comptent nous faire la peau ?

-Justement, ce ne sont pas que deux idiots. Ils sont dangereux, et font partie de l'unité d'assassinat des Faucheurs. Hélas, nous n'avons aucun moyen de savoir lequel a été chargé de s'occuper de toi, et vice-versa pour Adrian. Il faudra donc être préparée à faire face à chacun d'entre eux.

-Hm, c'est problématique effectivement. Bah, qu'ils viennent, ils comprendront qu'il ne faut pas trop nous chercher sous peine de s'en tordre les doigts.

-...ça n'a aucun sens ce que tu raconte. Je comprends l'image, mais tu ne voulais pas dire "de s'en mordre les doigts"?

-Oups, ma langue a fourché. Enfin, aucune importance, dis-moi plutôt ce que j'ai à savoir sur eux.

-Ils n'ont pas des noms, que des numéros. Ce sont ce qu'on appelle des Killer ; des assassins professionnels dont l'identité est entièrement liée au meurtre. En dehors de leur travail, ils ne sont rien. Ceux-ci sont les numéros 103 et 104.

-Oh, j'ai déjà entendu parler du 103. C'est un ancien mercenaire qui s'est reconverti dans ce milieu non ?

-Effectivement. Son style de combat est assez singulier dans le sens où, étant un spécialiste dans plusieurs styles de combat à l'arme blanche, il possède une épée métamorphe qui prend la forme qu'il souhaite parmi plusieurs types. Il a vaincu plusieurs grands sabreurs et épéistes, soit donc prudente si tu te retrouve face à lui.

-Et l'autre, le numéro 104 ?

-C'est un robot de défense de type GR-2500. Il a été détourné, et est de ce fait programmé pour se débarrasser des cibles gênantes pour les Faucheurs. On pense qu'il se battrait avec une matraque électrique.

-Je vois. Ça a l'air d'être deux gros morceaux qu'on a là.

-Ils font partie de l'unité 1 des Killer au service d'EREBUS. Cela signifie qu'ils sont plus dangereux et efficaces que les unités de 2 à 9.

-Ah, ça explique leur numéro. Donc plus celui-ci est proche de 0, plus ils sont forts c'est ça ?

-Exact. Le numéro 10X est plus puissant que le numéro 20X, qui lui même surpasse les numéros 30X, 40X etc. Cela marche aussi avec leur dernier chiffre. 103 risque de poser un peu plus de problèmes que 104, par exemple.

-Hmph. Effectivement c'est pas n'importe qui. Bon, je vais me préparer à recevoir celui qui voudra s'occuper de moi. Je vais voir ton article du coup !

-Très bien. Au revoir, Ariane.

Celle-ci raccrocha, et alla donc voir ce que Coverdale avait voulu lui envoyer. Et tandis qu'une silhouette vaguement humaine la surveillait de loin, le titre de l'article s'afficha sur un écran :

"Petro Baigorry, grand ponte de l'immobilier, disparu ce matin."

ELPIS (plus postée sur Wattpad)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant