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Partie I: Temps Modernes (6)

Alors que diverses conspirations se tramaient dans l'ombre, Carla Raquel-Wetton passait sa première soirée à la maison Fripp. Grâce à un argent sorti d'on ne sait où (personne ne le savait, pas même ses collaborateurs les plus proches), celui-ci avait une belle et grande maison avec un système de domotique très perfectionné.

Lorsque Robert Fripp alla voir comment Carla allait dans la chambre qu'il lui avait attribué, il fut soulagé de la voir allongée sur son lit, en train de regarder une série. D'après ce qu'il voyait, c'était une histoire entre un adolescent avec un épi assez cocasse et sa petite amie aux cheveux longs et violets.

-Qu'est-ce que tu regardes ?

-Rien, une série idiote."

Elle lui répondait sans lever les yeux de l'écran.

-Ça s'appelle Dreamy Date Drive, c'est l'histoire de deux adolescents qui vivent une histoire d'amour malgré des esprits qui veulent leur mort. Ah,en plus le garçon est un vampire et la fille a une obsession avec les crabes.

-...effectivement, je suis un peu perdu. C'est vraiment à la mode ce genre de choses ?

-Vous savez, le film à la mode s'appelle Delusion Express et ça raconte comment une collégienne devient une déesse en mangeant un serpent et tente de tuer son crush.

-On se demande où ils vont chercher tout ça. Plus j'écoute ce que tu me racontes, moins j'en comprends.

-...

-Après, je ne juge pas. Moi aussi, à mon époque il y avait des séries idiotes tu sais !

-Ah bon ?

-Oui, et j'adorais les regarder. Ça se voit que tu ne m'as pas connu !

Carla eut un rire discret, mais cela suffit à réchauffer le coeur de Fripp. Il n'arrivait pas à croire qu'il était là, avec la fille de son meilleur ami disparu, à discuter de séries. Alors que le silence s'installa entre eux deux,il se dit qu'elle n'avait pas l'air si malheureuse de quitter le centre du Service de l'Enfance. En lisant les informations qu'ils lui avaient envoyé, il avait appris qu'elle n'avait pas vraiment d'amies et qu'elle parlait très peu.

Cela l'inquiétait un peu. Ce n'était pas forcément une bonne chose que quelqu'un de son âge soit aussi renfermée sur soi-même. Peut-être cela était-il dû à la disparition de son père ? Il se dit que c'était, effectivement, plus que probable. A vrai dire, c'était le genre d'événement qui laissait forcément des séquelles à une fille de 12 ans. En plus de ça, elle avait dû s'occuper de sa soeur et la réconforter alors que leur père avait disparu et que leur mère...non, mieux valait ne pas retourner le couteau dans la plaie. Il avait refuser de faire le deuil de ses deux amis à l'époque, mais cela le faisait toujours autant souffrir de repenser à eux. Et, quelque chose lui faisait penser que cela devait être bien pire pour Carla.

Néanmoins, après quelques minutes de silence, Carla éteint l'écran et relança la conversation:

-Dîtes, que vouliez-vous me dire ?

-Ah, je venais simplement voir si tout se passait bien pour toi, ne t'inquiètes pas.

-D'accord. Excusez-moi, je ne suis pas très bavarde. Je suis même introvertie comme fille...mais je ferais un effort Monsieur Fripp.

-Je t'en prie, ne m'appelle pas comme ça. On risque de (il ne fallait pas dire 'cohabiter') vivre ensemble un certain temps, alors appelle-moi Robert ou Rob si tu as envie. Tu peux également me tutoyer.

-Ah, oui, très bien Mons...Robert.

-Il faudra également qu'on se mette d'accord sur certains points de la cohab(merde il l'avait dit)itation, comme par exemple ce que tu aimes manger. Ce soir je pense que nous commanderons, j'ai plusieurs excellents restaurants dans le secteur.

En effet, après la destruction du monde telle qu'on le connaît, les chaînes de restaurants, fast-foods et autres endroits du même types avaient laissé place au savoir-faire artisanal ou familial de restaurants individuels. En effet, Néo-Europe et Néo-Océanie, les deux seuls continents restants, ont accueilli une diversité ethnique incroyable ce qui a permis une réunion d'énormément de types de cuisine.

-Oh, je ne suis pas difficile, je mange à peu près de tout...excepté des radis. Je déteste ça.

-Ah...pourrais-je savoir pourquoi ?

-Non. Désolé, vraiment, mais c'est personnel.

-...très bien. Oublions cela. Qu'est-ce qui te ferais plaisir ce soir ?

-J'ai vu un restaurant asiatique qui m'avait l'air très sympathique sur le trajet. Je ne sais plus comment il s'appelait mais il y avait écrit "Akuma" en néons rouges sur la façade. Si possible, j'aimerais qu'on aille manger là-bas plutôt que de commander.

-Je vois duquel tu veux parler. Bah, il n'est pas tenu par des gens forcément très fréquentables, mais je les connais bien ; ils sont très amicaux et je pense qu'il t'aimeront bien.

-Ah ? Pourquoi ?

-Ce restaurant est le repère de la famille Keichô. Garde le pour toi, surtout quand tu les verras, mais ils sont impliqués dans un gang asiatique de renommée dans le coin. C'est assez notoire, mais ils n'aiment pas forcément que ça se sache à cause des a priori que cela peut amener. Je les comprends, surtout que ce sont pour la plupart des gens adorables. Je connais bien le fils ainé d'ailleurs, Akira Keichô. C'est un dur, un vrai, un gars qui a le goût du risque et de la baston, un de ceux qui affrontera toujours le danger de face, mais il a un sens de l'honneur très prononcé. Sans forcément l'apprécier, c'est un homme que je respecte.

-Ah, j'en ai entendu parler je crois. C'est un des chefs de gang non ?

-Exact. Oh, mais l'heure tourne ! Prépare toi, on va y aller."

Fripp sortit de la chambre de la jeune fille afin de la laisser se changer. En le voyant aussi attentionné, quelque chose en elle changea. Elle se détendit et se rendit compte qu'elle était heureuse d'être là.

Mais elle savait que ça ne durerait pas.