Chapitre 4 : Apollyon

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Je vais, enfin, pouvoir faire part de mes fructueuses recherches à Tyler. "Oui j'ai trouvé. Mais je ne sais pas si ce que j'ai trouvé est bon signe pour nous."

Je me lance. " Apollyon est un nom grec qui signifie le destructeur. Il correspond, en fait, au nom Abaddon. Il est utilisé pour désigner l'ange exterminateur de l'abîme dans l'Apocalypse."

"Super." Gémit Tyler. "Et le rapport avec le cavalier?"

"C'est ce qui est le plus intéressant pour nous. Si le tueur a pris comme pseudonyme Apollyon, l'ange exterminateur alors le cavalier avec l'arc sur la carte de tarot se réfère au premier des quatre cavaliers de l'apocalypse."

"Oh, non! Tu n'es pas en train de me dire que..." commence Tyler, horrifié.

Je le coupe et termine sa phrase. "Si. Trois autres meurtres sont prévus. Un pour chaque cavalier. Enfin, c'est ma théorie à l'heure actuelle."

Tyler reste muet un moment et pendant ce silence assourdissant je m'imagine ses méninges, tel des engrenages, arrivé difficilement à tourner. Puis il me pose enfin la question : "J'imagine que tu as aussi fait des recherches sur les quatre cavaliers?".


Après plus de deux heures de conversation téléphonique avec Tyler, mon cerveau fume de toute part. Nous avons tout passé en revue ; la scène de crime, les indices, nous avons également tenté d'établir le profil du tueur.

Dans mes recherches, j'ai trouvé que le cavalier blanc qui correspond au meurtre de Nina, symbolisait la conquête. Je me suis également rappelé cette voix qui résonnait encore dans ma tête:

"Alors je vis que l'Agneau avait ouvert un des sceaux, et j'entendis l'un des quatre animaux qui disait d'une voix de tonnerre : Viens et vois.

Je regardai donc, et je vis un cheval blanc, et celui qui était monté dessus avait un arc, et on lui donna une couronne, et il partit en vainqueur, pour remporter la victoire."

Tout en gardant cette dernière information pour moi, nous en avons conclu, avec Tyler, que la pauvre Nina avait été un trophée pour le meurtrier. Elle devait lui appartenir. C'était donc quelqu'un qui était proche d'elle, suffisamment pour l'avoir déjà vue, peut-être même draguée ou plus encore.

J'essaye de faire le vide dans ma tête car je sens venir ces habituels maux de tête violent que j'ai quasiment chaque nuit. Cela fait plus de deux mois que ça m'arrive. L'alcool aide parfois. A se vider de toutes ses pensées qui parasitent mon esprit, a oublier comment ma vie a pu dérivée à ce point. Moi, journaliste reconnu au Time, qui finit pigiste dans un journal merdique. Sans compter toutes les menaces qui pèsent sur moi depuis mes nombreux articles sur l'affaire des Crips et du juge Petersen.

Quand je parle de menaces, ce n'est pas un vain mot. J'ai dû déménager deux fois à cause de ce gang et surtout d'un de leur chef ; Stan Willis. La raison? Deux incendies. Quand ils disent qu'ils vont te cramer ce n'est pas une image. Ces gars ne rigolent pas. Avec, en plus de cela, l'appui d'un juge renommé de la région. Eh bien, ta vie est fichue et c'est le cas de la mienne.

Même si, depuis la disparition de Petersen, les pressions que je reçois, côté travail, ont disparu. Ce type l'a vraiment eu mauvaise. Le fait que je renvoie son image de corrompu à la face des habitants de Los Angeles. Après m'avoir fait virer du Time, il commençait même à faire pression sur cet emploi alimentaire que j'affectionne au plus haut point. Mais il a disparu, volatilisé, il y a de ça un peu plus de deux mois.

Tyler et Shaun ont été mis sur l'enquête. La disparition d'un juge c'était forcément pour le F.B.I.. Grosse priorité. La direction leur avait donné une semaine pour résoudre cette affaire. Mais aucun indice sur place, pas de lettre de suicide, pas de corps, pas de demande de rançon non plus. Rien. Il s'était carrément évaporé. Il faut dire que Shaun n'était pas hyper emballé à l'idée de sauver le gros cul du type qui avait mis un point final à leur enquête concernant les Crips. Alors une semaine a passé, puis deux. Et ça fait maintenant plus de deux mois.

C'était ça, la raison pour aller prendre une cuite hier soir. Tyler et Shaun venaient d'être dessaisi de l'enquête. Et après le désastre du non-lieu dans l'affaire Crips, leurs carrières respectives commençaient à prendre l'eau.

Tyler m'avait invité, car je fais un peu partie de leur équipe dans cette histoire grâce à mes articles sur Petersen et sur les crips. Et Shaun, lui, avait invité un type, Bradley je crois. J'avais déjà dû le croiser quelque part parce que ça tête me disait vaguement un truc.

Réfléchi. Ça n'avait pas d'importance hier soir, honnêtement les amis de Shaun, c'est comme un deuxième trou du cul sur mon coude, je m'en passe. Mais Nina était morte et cette personne pourrait, peut-être, être la preuve de la culpabilité de Shaun.

Je me torture, me creuse les méninges, m'insulte. Il me reste un fond de vodka dans cette bouteille au milieu de mon linge sale. J'ai mal à la tête, tellement mal. Je bois et commence à faire le lien. Je traverse de long en large ce taudis, mon taudis. J'ai des fioles de whisky, piquées de ci, de là, au grès de mes voyages dans les hôtels et conventions de journalistes, planquées dans un tiroir. J'ai mal. Ma tête va exploser. Je bois. Je marche. J'ai mal. Je bois.

Enfin! Je sais. Cet ami, c'était l'indic qui s'était rétracté pour le jugement concernant Stan Willis, le chef de gang des Crips. Pourquoi inviter un mec qui vous a planté l'affaire sur laquelle vous bossiez depuis deux ans?

La douleur s'estompe. Je sombre dans un sommeil mouvementé.








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