Chapitre 6

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Ava

Lorsque je passe la porte de ma chambre... Ce bazar est tel qu'il me saute dessus et m'étouffe. Il me faut quelques minutes avant de reprendre ce pour quoi je suis venue. Ranger. Mes vêtements ont été sortis et balancés à travers la pièce, les tiroirs de ma commode ont été vidés... Mon matelas soulevé et laissé de travers... Je n'ai jamais vu autant de désordre...

Après avoir soufflé un bon coup, je m'y mets. Je replace le matelas au bon endroit et en change les draps. J'ai besoin de propreté. J'ouvre grand la fenêtre et la fraîcheur de la soirée s'engouffre. Ensuite, je redresse les lampes de chevet, remets les livres qui étaient sur les tablettes dans le bon ordre. Puis le dressing. Je plie chaque vêtement. Un par un. Au milieu de mes pantalons, je tombe sur une chemise de Tom. La bleue ciel. Je me surprends à renifler le col, bien que je l'aie lavée depuis... Je crois que j'espère retrouver son odeur, son parfum... Une boule d'angoisse et de peine se forme dans mon ventre. Je tente de la chasser, mais je ne crois pas que j'y arriverais. Alors, je continue, refoulant les émotions et les larmes. La photo de nous juste après notre mariage express est coincé dans ce tas de tissu. Lorsque je prends le cadre entre mes mains, je souris. Mais bien vite, je me sens abattue. Fatiguée, épuisée. Malheureuse. Je le dépose sur mon oreiller, le laissant de côté afin de continuer mon rangement.

Alors que je finis de remettre ma commode en ordre, je tombe sur l'ancien smartphone de Tom. Celui qu'il avait avant que sa boite lui en fournisse un neuf. Je me surprends à essayer de l'allumer. Mais bien évidemment, il n'a plus de batterie. Je le branche, attendant qu'il s'éclaire. Une douche chaude me fera patienter et détendra les tensions que j'ai dans mon cou et sur mes épaules.

La pluie qui rebondie sur ma nuque me fait un bien fou. La chaleur m'apaise. Je fais rouler mon cou tout en soupirant. Finn m'a rassurée, mais je me demande quand même pourquoi nous. Pourquoi ma maison... Ce n'est pas la plus luxueuse du quartier, ni la plus grande. Et rien n'a été pris, à priori. Les bijoux que Tom m'avait offerts, l'ordinateur, la télévision... Même cet Iphone. Tout est là. Certainement une erreur... Mais j'avoue que je n'y crois pas vraiment. Michaels n'a pas vraiment poussé son interrogatoire. Alors deux possibilités : soit c'est vraiment un « accident » et ils l'ont deviné, soit il y a autre chose... L'attitude de Finn m'a déroutée. C'est un homme et on dit toujours qu'un homme est capable de beaucoup lorsqu'il ressent un danger. Mais je ne sais pas... Ça ne colle pas avec l'image que j'en ai... Tout comme son dos, d'ailleurs... Je secoue la tête de droite à gauche, comme pour m'ôter ces idées de l'esprit.

C'est absurde ! On n'est pas dans une série policière ! Mais dans ma petite vie de maman bien tranquille. J'esquisse un sourire à cette idée. RIDICULE ! Une fois sortie et sèche, j'enfile mon pyjama et je file dans ma chambre. Cette légèreté que j'ai ressentie il y a quelques minutes s'est envolée dès que je rejoins mon lit. LE cadre est toujours là, sur mon oreiller. Ainsi que la chemise que j'ai oubliée de ranger. Je me glisse sous la couette, et je suis prise d'une déferlante de nostalgie, de tristesse infinie. Cette photo me rappelle tellement de bons souvenirs...

***

–Elvis ? Tom... On est pas du tout cliché !

–Tu préfères qui ? Elvis, ou... Elvis ?

J'éclate de rire. En fait, nous n'avons pas le choix !

–Elvis !

Tom me tire par la main, et m'entraine dans une de ces chapelles toute plus surfaites les unes que les autres. Mais celle-ci, même si on n'est pas forcément très traditionnels, elle reste sobre. J'ai acheté une robe blanche, qui m'arrive mi-cuisses, en dentelle, ainsi qu'une paire d'escarpins à bouts ouverts, en satin ivoire. J'ai tout trouvé dans une friperie. Mais ce qu'il ne sait pas, c'est que je lui ai fait une surprise. Il ne voulait pas qu'on s'embête de fioritures. Pas de cérémonie à proprement dit, hormis nous, une petite fête sympa quand on rentrerait avec nos amis proches, pas de familles, pas de bijoux, pas de « vraie » tenue de mariés. Mais cela ne me dérange pas ! Je ne suis pas une de ces filles qui a toujours rêvé de son grand jour. Me marier n'était pas une priorité, ni même une envie à réaliser avant un âge butoir.

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