Always and Forever

Chapitre 2

Trois mois plus tard.

Ava

—Allez ma puce, continue, tu es géniale !

Ma mère continue de m'encourager, mais je suis à bout de force.

—Maman... Ça fait treize heures que j'ai des contractions, et il ne veut pas sortir... Mon bébé ne veut pas sortir, je sanglote.

Je suis vraiment épuisée, résignée, malheureuse malgré ce grand bonheur qui m'attend. Maman me prend la main, et la serre plus fort.

—Ava, ma fille, tu te reprends. Tu crois que Tom accepterait de te voir ainsi ? Certainement pas ! Je sais que tu as vécu des moments très difficiles, mais tu vas devenir maman. C'est le plus beau jour du reste de ta vie...

Sauf que ma vie, jamais je ne l'aurais imaginée ainsi. Je pensais que Tom me tiendrait la main lors de mon accouchement. Que ce serait lui, qui m'aspergerait de ce machin que ma mère agite autour de moi. Que ce serait lui, qui verrait notre fils en premier... Que nous allions former une famille, tous les trois... Non... Ce ne sera pas le cas... Jamais. Mais elle a raison. Jamais il ne m'aurait laissé couler comme ça. Je ne peux pas continuer... Je dois être forte, pour mon fils.

La sage-femme interrompt mes pensées.

—Ava, il va falloir y aller, là. Poussez très fort quand je vous le dirai. Il va arriver, ce petit bonhomme.

Et effectivement. Aiden Tomas Reilly a poussé son premier cri moins d'une minute plus tard. Mon fils, notre fils, était un bonheur que nous attendions avec impatience.

Les grognements de mon bébé me ramènent à la réalité. Je ne le quitte pas des yeux. C'est le portrait de son papa. Le même regard vert. Il est intense. Le gris prédomine encore, mais je suis persuadée, je l'espère que la teinte forêt ne disparaitra pas.

—Là, mon petit ange. Maman est là.

***

Après ce coup de téléphone, mes parents sont venus s'installer à la maison, pour m'aider sur la fin de ma grossesse et « décharger les émotions négatives que j'avais en moi ». Tu parles d'émotions négatives... Mes parents sont baba cools. Des vrais. Ils m'ont eu tardivement, après une soirée où ils avaient testé une nouvelle tisane, visiblement. Cependant, ils ne m'ont pas lâchée, et je leur suis vraiment reconnaissante. Ils m'ont aidée à organiser les obsèques de mon mari. Sa famille étant inexistante, cela a été simplifié, si je peux dire ainsi.

Ce jour-là, il pleuvait. Comme si le ciel était de concert avec mes émotions. J'avais revêtu la seule robe de grossesse que j'avais, et qui s'avérait noire... Les collègues de boulot de Tomas étaient venus. Je connaissais déjà Mike. C'est aussi le fiancé de ma meilleure amie, Alice. Tous les quatre, nous nous voyions souvent auparavant. Alice travaillait avec eux, au département juridique de leur boite. Mais j'ai rencontré Finn. Grand, châtain, une paire de lunettes noires et carrées. C'est le stéréotype du geek. C'était un ami proche de Tom. Il m'en avait parlé, et me l'avait montré en photo. Lorsque je l'ai vu, une sensation de calme et d'apaisement m'a envahie. Comme si j'étais en sécurité avec lui.

Le crachin n'a pas cessé de tomber sur le trou qui se trouvait devant mes pieds. Mon mari, Tomas, allait descendre dedans, pour ne jamais en ressortir. Je ne sais pas vraiment qu'il s'est passé. Comme si je n'avais pas été présente. Après l'enterrement, que j'ai vécu de façon totalement détachée, telle une spectatrice à ce spectacle macabre, nous sommes rentrés à la maison. Moi, mon gros ventre, mes parents, et nos amis proches. Lorsque que j'ai passé la porte, je me suis précipitée dans notre chambre. Le tee-shirt que Tom portait il y a quelques jours, avant qu'il ne parte, m'attend. C'est une odeur réconfortante. Elle me rappelle son absence mais, de façon contradictoire, la comble en partie.