Chapitre 1

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Ava

Tom et moi, ça a été une évidence. Un coup de foudre, un soir, alors que je ne m'y attendais pas. Nous nous sommes rencontrés dans un bar, il y'a cinq ans. Je buvais un verre avec des copines, en sortant de la fac. On avait eu un partiel qui s'était éternisé, et il s'était terminé à près de 21h30. Ma meilleure amie, Alice, nous avait traînées, nous, quatre filles épuisées, mais qui en avions fini avec nos études.

—Putain ! Enfin ! J'ai hâte qu'on ait nos résultats et que ce soit TER-MI-NE ! a lancé Sofia.

J'ai étudié le droit, mais je n'ai pas passé le barreau. Pourquoi ? Eh bien... Je ne me voyais pas défendre des personnes non-défendable. Ou que je ne voudrais pas défendre. J'ai choisi le métier de juriste d'entreprise. Aider les PME à se faire une place sur le marché, contrer les multinationales. Voilà ce qui me plaisait. Ce qui me plait. Enfin, je ne sais plus trop... Quand nous sommes arrivées, les quelques hommes qui étaient en train de boire un coup nous ont regardées, observées. Mais j'ai croisé le regard noir et profond de Tom. Il était au bar, en train de boire un whisky. Son arcade sourcilière était gonflée et à vif.

—C'est vrai qu'il est sexy, avec sa blessure fraîche, ce mec... me souffle Alice tout en me donnant un coup de coude. Aller, Ava, ferme la bouche et va commander !

Je n'ai pas eu le temps de répondre que les filles étaient déjà parties s'installer. Je me suis approchée du comptoir et j'ai demandé nos boissons au serveur. J'ai tout fait pour éviter de regarder ce mec blessé, mais je n'ai pas pu m'en empêcher. Les épaules voûtées montraient sa colère. Il était comme un aimant sur moi.

—Tenez, je lui ai dit en lui tendant une serviette en papier. Je crois que vous allez avoir une cicatrice...

Je n'osais pas le regarder. Mais je sentais son regard posé sur moi, sans jamais en cligner et son souffle. Il a soupiré. Comme si le poids du monde s'ôtait de ses épaules en me regardant. Ses yeux, de plus près, n'étaient pas noirs, ni même marron foncé. Non. Plutôt une teinte vert sapin. Profond. Puissant.

—Merci, m'a-t-il répondu.

J'ai découvert une voix douce qui contrastait avec ce visage si dur et taillé. En prenant la serviette, il s'est aussi emparé de mes doigts. Ils ont contrasté avec mes mains douces. Les siennes, caleuses, semblaient puissantes.

—Je m'appelle Tom...

—Moi, c'est Ava.

Finalement, les boissons sont arrivées sans moi à la table de mes amies. J'ai passé la soirée avec Tom, à parler, à échanger, à rêver. Pour ne plus nous quitter. Impossible non. Ce soir-là, j'ai rencontré l'homme de ma vie. En partant, il n'était plus aussi tendu. Une trace de tension persistait dans ses épaules.

–Eh, les jeunes ? nous a interpellés le patron. Il est trois heures du matin, on aimerait bien aller dormir.

Tom a regardé autour de nous.

–Ah ouais, Princesse, on dirait bien qu'il ne reste que nous ! Aller, viens, je te ramène.

Il a réglé nos consommations, et m'a prise par la main. Je riais, grisée par l'alcool qui m'a désinhibée. Quand nous sommes sortis du bar, je me suis arrêtée. La tiédeur du début de l'été, la lune qui brillait, cet homme magnifique, son cul rebondi...

–Ava ?

Il a réduit la distance entre nous, retenu par ma main qui n'a toujours pas lâché la sienne. Ce que je vois dans son regard... Ça me donne le petit truc en plus qu'il me manquait. Je lui ai presque sauté dessus. Un soupir de soulagement s'est échappé de sa poitrine. Notre baiser s'est approfondi, pour devenir insupportable. Au fur et à mesure de notre corps à corps, Tom m'a fait reculer jusqu'à la ruelle derrière la remise. Rapidement, nos mains ont pris possession du corps de l'autre, ne pouvant s'en détacher. Seuls nos gémissements fiévreux sont venus perturber le silence nocturne.

–T'es sûre ? m'a demandé Tom entre deux baisers.

–Tais-toi...

J'ai repris les choses en main. Cette nuit-là, mon audace m'a surprise. M'a submergée. Rapidement, j'ai perdu l'avantage et Tom a pris le dessus, me plaquant contre le mur et me chauffant de ses caresses brûlantes.

–Attends, Ava...

Tom s'est écarté de moi pour se reprendre. Mais bon sang ! Je suis restée frustrée par cette interruption. Ses doigts dans mes cheveux, son regard fiévreux, son souffle court...

–Te méprends pas, ma belle. Non, je veux vraiment te faire tout ce que tu aimerais, promis. Juste, pas ici...

Après quelques baisers supplémentaires, il m'a conduit à sa moto que j'ai enfourchée, sans aucune peur, moi qui n'était jamais montée dessus auparavant. A cinq blocs d'ici, il s'est garé et notre nuit s'est terminée à l'horizontal, et dans un fouillis de draps entremêlés.

Depuis, on ne s'est plus quittés. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris cette nuit-là. Non pas que je suis prude ou du genre à attendre le mariage pour coucher avec un mec, mais je ne suis pas non plus du genre à coucher le premier soir. Ni le deuxième... Je n'avais pas connu beaucoup de partenaires avant Tom. Mais il était de loin le meilleur !

Le jour qui a suivi, nous avons discuté. Nous nous sommes raconté nos vies. Comme si nous nous connaissions depuis toujours mais qu'il fallait qu'on rattrape le temps perdu. Nous n'avons pas vraiment dormi cette semaine-là. Il m'a raconté comment ses parents étaient décédés lorsqu'il n'avait que quatorze ans. Comment il a été placé dans une famille peu aimante et comment il en est parti sans se retourner dès qu'il a pu. Ses parents lui ont laissé un héritage conséquent qu'il n'a pas pu débloquer avant ses dix-huit ans, et qu'il a utilisé pour aller à la fac et faire des études. Les nouvelles technologies étaient sa passion, et il a pu aller au bout de ça, malgré les années délicates et douloureuses. Son boulot était prenant, il ne me l'a jamais caché. Il partait souvent en déplacement. Et quelques jours plus tard, alors qu'il devait s'envoler pour la Silicon Valley, pour cinq jours, cette absence a sonné comme un déchirement. En rentrant, il est venu directement dans mon studio et à peine avait-il claqué la porte que mon dos se retrouvait contre le battant, mes jambes autour de sa taille, ses mains sur mon visage et dans mes cheveux et nos lèvres sur le corps de l'autre. Avant de me pénétrer, il m'a simplement soufflé à l'oreille :

–Epouse-moi.

Qui n'était pas vraiment une question. Non. Je ne pouvais pas refuser. Et je ne l'ai pas fait. Le premier week-end disponible qu'on a eu, deux semaines plus tard, on a pris le premier avion pour Las Vegas. L'un comme l'autre, nous ne voulions pas de grande fête. Non. Juste quelque chose de simple. Nous deux, notre amour, et une chapelle. La cérémonie a duré en tout et pour tout, quinze minutes. Mais c'était le plus beau mariage. Celui que je voulais. Et celui que j'ai eu. N'étant pas croyant, le mariage n'était pas vraiment quelque chose qui me tentait. Jamais non. Jusqu'à Tom. C'était une simple signature au bas d'un document récapitulant nos droits et devoirs. Ce bout de papier signifiait le début de notre famille à nous. La nôtre.

Cette famille que Aiden venait agrandir, pour notre plus grand bonheur. Oui, nous avons attendu. Parce qu'on voulait profiter de nous, de notre liberté.

Always and ForeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant