CHAPITRE 5

156 9 9
                                    

Poppy resta là un moment, se tenant aussi loin que possible de l’homme. Il lui faisait peur, c’était certain. Seul quelqu’un de complètement insensé ne serait pas effrayé par un homme qui avait sa carrure et qui dégageait un tel aura de puissance. Mais quelque chose en elle lui faisait penser avec certitude qu’il ne lui ferait pas de mal.

Si au début elle avait eu peur qu’il profite de sa position pour abuser d’elle, comme les gens de la secte avaient voulu le faire, leurs croyances les ayant empêchés de prendre ce qui, celons eux, était destiné aux Dieux, il n’en avait rien fait et n’avait pas plus l’intention de le faire plus tard, elle en était persuadée. Esclave oui, elle l’était bel et bien. Mais personne ici, mise a par le chef, ne semblait considérer ces femmes comme des objets dépourvus de droits. Elles n’avaient tout simplement pas les mêmes que ceux qui étaient libres.

La jeune femme repensa aussitôt à ce qu’il lui avait dit. Lorsqu’était venu le moment de leur libération, d’après lui, aucunes n’avait émis le désir de quitter ce village si ce n’était celles qui devaient retrouver leurs proches.

Et, bien qu’elle n’eût pas aperçu de femmes qui n’avait pas les mêmes origines que l’homme dépourvu de se collier d’esclave qu’elle maudissait, elle était certaine qu’il y en avait qui habitait ici. Aussi décidât-elle de les chercher discrètement et d’essayer de rentrer en contact avec elles dès que l’occasion se présenterait.

—    Tien.

Les yeux à nouveau clos, la jeune femme n’avait pas vu l’homme verser le liquide verdâtre dans un récipient étroit en bois verni qu’il lui tendait désormais. Cependant, méfiante comme à son habitude, d’autant plus maintenant, elle ne le prit pas et se contenta de le regarder.

L’air exaspéré mais pas vraiment étonner par son attitude, il prit une de ses mains pour la poser sur le verre et s’éloigna d’elle dès qu’il fut certain qu’elle le tenait bien.

—    C’est pour ta tête, certifiât-il quand il vit le regard septique qu’elle portait sur le liquide. Ça ne va pas te tuer.

—    Il est certain que si ça avait été votre attention je giserais sous cette foutu arche sans vie, lâchât-elle amèrement, repensant à la menace à peine voiler de son père et jetant sur lui un regard noir. Cela dit, je ne suis pas pour autant rassuré.

Il expira fortement. Il comprenait son point de vue, elle en était certaine, mais cela l’agaçait malgré tout. Sans prévenir, il s’approcha et lui prit le récipient des mains avant de boire un peu de son contenu et de le lui tendre à nouveau. Avec une certaine hésitation, et non sans le lâcher du regard, elle le lui prit cette fois-ci, toujours surprise par son geste. Puis, sous le regard impénétrable de l’homme, elle but tout le contenu d’une traite.

Elle se dit ensuite que ça aurait pu être une ruse. Ça aurait très bien pu être du poison dont il possédait l’antidote. Mais elle doutait qu’il s’abaisse à de telles choses. Surtout après avoir fait soigner ses blessures. Ça paressait vraiment absurde et stupide. Et quelque chose lui disait qu’il était loin de l’être.

—    Bien. Maintenant dort. Tu as besoin de repos si tu veux vite te mettre au travail afin de gagner ta liberté.

—    J’ai bien assez dormi. Et l’on n’exiges pas d’une personne qu’elle dorme, grondât-elle, excédée par la simplicité avec laquelle il avait déjà pris l’habitude de lui donner des ordres.

Shapeshifters : The WolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant