Une vie, son sens

Chapitre 5

-" Ramasse des habits de rechange, prends une bouteille d'eau et suis moi !"

Maman m'adressait souvent la parole sous forme d'ordres. Dans le cas contraire, elle ne me parlerait même pas. Sauf s'il s'agissait de remarques méprisantes. Elle ne s'en privait pas. Jamais

J'obéis comme à mon habitude, sans un mot.

J'avais 12 ans et j'avais assez grandi. Mais pas assez pour avoir une taille moyenne à mon âge.

Nous avions marché pendant environ 5 minutes pour enfin arriver au Dojo Meitatsu. J'entrevoyais très bien ses intentions. Elle allait m'inscrire dans ce club pour pratiquer les arts martiaux, pour apprendre à me battre et me défendre.

-"Maman, je..."

Tout à coup, je reçus une gifle. D'un geste irréfléchi, un réflexe, je me tins la joue en feu.

-"Ne m'appelle jamais plus comme ça." M'a-t-elle donné comme explication en prenant bien soin de détacher chaque mot.

Mon visage s'assombrit et je baissai la tête.

Après être rentrées, nous attendions à l'entrée pour que l'on confirme mon inscription.

-"Mme. Backammong ?"

Maman s'approcha de la dame en me laissant seule, immobile.

-"Oui ? C'est confirmé ?

- En effet ! Je vous donne son emploi du temps. D'ailleurs, elle pourra commencer dès aujourd'hui si elle le veut.

- Je vous en remercie ! Je vais le lui demander tout de suite

Là, elle se redirigeait vers moi. Elle me tendit la feuille que la réceptionniste lui avait donné.

-"17 heures, pile." Ajouta-t-elle. Des mots crus.

Son expression était dure et froide.

Jamais elle ne m'avait souri.

Maman se retourna vers la dame et lui adressa un signe de tête. Elle me poussa par le dos en direction de cette souriante jeune dame, et s'en alla.

- "Alors tu t'appelles Lia ? Comme tu es mignonne ! Moi c'est Katey. "

Je hochai la tête et rougis à cette remarque.

C'était la première fois que l'on me complimentait, à part Livy.

Cette étrangère... Même Maman ne me l'avait jamais dit !

Katey me tendit sa main que je pris après hésitation. Elle me sourit, encore une fois, puis elle m'emmena devant une porte coulissante qu'elle ouvrit.

-" Dommage ! Tu es venue pendant la séance des garçons. J'ai oublié de le dire à ta mère." Me dit-elle avant d'entrer.

Je haussai les épaules, signe que ça m'importait très peu, et rentrai dans la salle plutôt calme.

- "Tiens, une nouvelle ! Bienvenue ! ..."

Je me tournai vers la source de la voix. Il s'agissait d'un vieil homme.

- "Je suis Fuji Sensei, on m'appelle surtout Sensei. À qui ai-je affaire ?"

J'étouffai un rire.

Fuji était un nom de montagne célèbre au Japon.

Je répondis pour ne pas paraître impolie.