Chapitre 12

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J'étais à genoux, face à mon frère. Ou du moins, face au portrait qui le représentait sur l'autel, entouré de rubans noirs, de fleurs blanches et d'encens soigneusement choisis puisqu'y ressortait l'odeur favorite de mon frère. Celle de la mer, se mêlant parfaitement avec celle des roses.

Je suis venue alors que tout le monde se restaurait dans la seconde salle, les parents de mon frère avec. S'ils m'avaient vue, croyez-moi qu'ils m'auraient fait jeter dehors.

Silencieusement, je lui faisais une dernière prière, le sourire aux lèvres, car sinon il m'en voudrait de pleurer sa mort. Je ne pouvais pas lui montrer que j'étais triste de son départ, nous nous l'étions promis. Promesse débile ? Aujourd'hui, c'est ce que je pense aussi.

Alors que je comptais me relever et partir, deux femmes arrivèrent. Elles étaient sûrement en retard, puisqu'elles se hâtèrent d'allumer l'encens. L'une d'elles, alors qu'elles regardaient le portrait souriant de mon frère, prit la parole à voix basse.

— Tu sais ce qu'on dit ? Que le petit a été assassiné.

Assassiné ? Mon dieu, qui aurait fait une chose pareille ?

Sûrement des gens qui en veulent à la richesse du père.

Quel malheureux sort.

Quel malheureux sort.

Je levais la tête vers ses femmes qui partirent finalement puis vers le joyeux portrait de mon frère, entouré de fleur enfumée d'odeur marine.

Mais ce joyeux portrait devint vite un portrait lugubre et funeste : le tableau de mon frère, se tenant en face d'un homme. L'homme à la cicatrice. Celui-ci avait une arme qu'il pointait en direction de son cœur.

Une larme coula et quand elle toucha le sol, elle n'émit pas le bruit d'une douce goutte, mais celui d'une détente bruyante. À ce moment, de ce tableau coulât un liquide visqueux et rouge, semblable à du sang. Alors qu'il recouvrit la totalité du cadre, un son sourd et aigu se jouait en arrière plan.

Je me levais d'un coup, apeurée par la scène.

Les lumières clignotaient et grisaillaient comme dérangées par une force inconnue, alors que le tableau totalement rouge maintenant se mit brûler. Les fleurs suivirent, la nappe blanche avec.

Je reculais petit à petit voyant tout l'autel partait en fumée. Laissant disparaître odeur de l'océan pour la remplacer avec la forte senteur de cuivre et de souffrance.

Quand je voulais quitter les lieux et m'enfuir, derrière moi se trouvait des dizaines d'yeux, sans visages, qui me regardaient. Leurs yeux étaient livides, blancs même.

L'un d'entre eux se leva, car ils étaient tous à genoux et pointa sur moi une arme.

Sa cicatrice sur son coup scintillait.

Son sourire diabolique aussi.

Une détente se fit entendre.

Je sentis la balle traverser mon coeur.

Un cri au loin.

Naomy se leva en sursaut attrapant directement son sac qui lui servait d'oreiller pour le mettre contre elle, s'en servant maintenant comme une rassurante peluche.

51NAS- Combat /ZicoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant