Chapitre III

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Après m'être arrêtée dans le parking en bas de chez mon amie, je tournai ma tête vers le passager.

« Bon bah merci et...Au revoir. Dis-je en me grattant la joue

Je me tournai face à lui pour récupérer mon sac à main posé sur le siège arrière et vis qu'il me regardait.

-Vous n'allez pas partir comme ça quand même ?

J'haussai les sourcils et les coins de mes lèvres s'étirèrent malgré moi.

-Ne me dites pas que je vais vous manquer ?

Il me répondit par des grognements. Je posai mon sac sur mes genoux et malgré les signaux que m'envoyait mon cerveau pour que j'ouvre la portière, je restai immobile.

-Ça vous dirait d'aller prendre un verre ce soir ?»

Je devais avoir l'air ridicule avec mes yeux de merlans frits et ma bouche entrouverte sans parler bien sûr de mon look à la twilight.

Une minute s'est écoulée avant que je ne reprenne mes esprits. A moins qu'il ne s'était écoulée qu'une seconde ? Peut-être même une milliseconde. J'hochai la tête.

Il écrivit son numéro de téléphone sur un bloc note et déchira la page pour me la donner. J'étais trop sonnée pour dire quoi que ce soit alors j'ai tout simplement pris le papier puis je suis rentrée dans la tour.

Lydie habite dans la fameuse tour panoramique de la Duchère, l'un des plus hauts bâtiments de Lyon soit 20 étages au minimum. Donc une fois à l'intérieur de l'ascenseur, j'eus le temps de me remettre de mes émotions.

Je me mis à jurer dans ma tête mais contrairement à tout à l'heure, je jurai de joie. La joie laissa place au stress. Je me demandais comment j'allais bien pouvoir m'habiller et combien de couches d'anti-cernes j'allais devoir mettre.

A partir du 10e étage, le stress laissa place au doute. M'avait-il invité par pitié ? Comment avait-il pu me trouver jolie alors que je n'arrivais même pas à reconnaître cet horrible reflet que je voyais dans le miroir de l'ascenseur ?

Et puis, pourquoi a t-il voulu m'inviter alors qu'il y a à peine une demi-heure, je l'avais roulé dans la boue ? Oh putain ! Et s'il était masochiste ?!

Mes pensées furent interrompues à l'arrivée au 21e étage.

Comme à mon habitude, je sonnai et m'essuyai les pieds sur son tapis « Bienvenue Biloute » en attendant qu'elle vienne m'ouvrir.

Lydie ouvrit la porte et son visage s'illumina en me voyant, en accord avec le mien. Elle me sauta directement dans les bras.

« Astrid ! Comment tu vas ma belle ? Entre, entre !

-Tu m'as manqué Ly ! »

Ly est originaire du Nord et ça lui avait pris quelques mois pour perdre son accent. Elle est beaucoup plus élégante que moi et bien qu'elle dise le contraire, j'ai souvent l'impression qu'elle ne porte que du sur mesure.

Jamais je ne l'ai vu avec un chemisier trop moulant ou un jean trop court. Elle attrapa un élastique et attacha ses beaux cheveux blonds en un chignon parfait tout en m'indiquant d'un signe de tête l'un des deux sofas.

« Alors ce voyage ? »

Je m'assis en tailleur après avoir enlevé mes escarpins. Je poussai un soupir d'aise, pliant et dépliant mes orteils. Je me mis à lui raconter mes exploits avec les écrivains en devenir.

En un peu moins de deux semaines, j'avais obtenu pas moins de cinq signatures m'accordant les droits de leur livre et j'étais plutôt fière de moi.

Je m'étais mise à sourire inconsciemment et je ressentis l'admiration de Ly à mon égard.

« Mais apparemment ma valise serait resté à Philadelphie, les contrats inclus.

-Quoi ?! Oh mon dieu, pourvu qu'ils ne soient pas perdus ! En particulier le contrat de l'auteur de « la mer est rouge et mon cœur aussi ». Si on ne le retrouve pas et que la maison d'édition O.P a l'occasion de s'attribuer les droits, notre boite va perdre énormément de bénéfices !

O.P est l'abrégé d'œil perçant, notre plus grand adversaire dans le genre romance/thriller sachant que c'est le genre qui rapporte le plus à notre maison d'édition.

-Hélas il n'y avait pas que les contrats à l'intérieur. J'ai aussi eu la bonne idée d'y mettre mes clés...C'est à cause de toutes ces histoires de pickpockets, je suis devenue parano.

-Ma pauvre ! Ne t'en fais pas, tu sais que tu peux rester ici autant que tu voudras, Astrid ! J'appellerai l'aéroport dans l'après-midi pour voir s'ils auront plus d'infos au sujet de ta valise, en attendant tu peux te reposer dans ma chambre. »

J'aime tellement Lydie ! Elle sait toujours quoi faire peu importe la situation ! Je lui fis un grand sourire et après lui avoir demandé de me prêter un chargeur je me dirigeai vers sa chambre.

Je fermai les volets, branchai mon téléphone et m'installai confortablement sur le lit moelleux deux places. La voix fredonnante de Ly venant de la pièce d'à coté finit par me bercer et je ne mis pas longtemps à m'endormir.

Si tu m'avais retenuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant