Debout devant l’immense porte d’entrée, je serrais les dents, un gâteau dans une main, celle de mon mari dans l’autre. Elle était grande, chaude et forte. Lévine était un homme doux doté d’une force exceptionnelle, en dépit de son travail à la mairie.
Néanmoins, en cet instant, aucun de ses muscles si fermes ne faisaient le poids face à moi.
-Tu es toujours en colère, mon chat ? fit-il d’une voix mal assurée.
-En colère ? Non pas du tout. Pourquoi serais-je en colère ? Parce que tu me forces à rendre visite à notre nouveau voisin, un type que je connais depuis mon enfance ? Que je ne peux même pas voir en peinture ? Si tu ne parles pas de ça, alors, non. Je n’ai au-cu-ne raison d’être en colère.
Nous venions tout juste d’emménager dans une maison bordant cette immense propriété. Des gens comme les autres, souhaitant avant tout vaincre la pile de cartons à déballer, pour s’installer et travailler tranquillement. J’étais bibliothécaire, Lévine était à la marie. Nous avions une situation stable, nous étions amoureux, mariés, nous projetions d’avoir un enfant.
Et notre voisin nous était tombé dessus.
Dante Thurston, un mètre quatre-vingt de muscles, de peau bronzée, de sourire à faire rougir une nonne, avec des fossettes carrément illégales. Beau. Intelligent. Gentil. Un dieu au lit. Imaginatif. Riche.
Mon ex.
Mais ça, je n’avais pas osé le dire à Lévine. Pourquoi ? Ça, je n’en savais fichtrement rien. Néanmoins, lorsque la porte d’entrée de cette colossale demeure s’ouvrit enfin, je broyais la main de mon époux.
Dante apparut dans l’encadrement. Cheveux courts, bruns, avec des yeux d’un bleu éclatant même à contre-jour. Son regard glissa sur Lévine, pour se river au mien.
-Hélène, je suis si content de te revoir ! s’exclama-t-il en me prenant dans ses bras.
-Dante, gargouillai-je. Ça faisait longtemps…
-Des années ! Oh, excusez-moi, Lévine, l’émotion… C’était ma voisine, quand nous étions petits.
-Oui, j’ai cru comprendre, sourit mon époux en lui serrant la main. Je n’aurais jamais cru qu’Hélène puisse être la voisine d’un homme de votre envergure.
Eh oui, songeai-je en emboîtant le pas aux deux hommes. Dante avait fondé sa propre boite d’électronique, qui avait décroché Microsoft de son pied d’estale. Je serais bien incapable de dire comment, je n’y comprenais rien en machines avec leurs alignements de un et de zéro. Quoi qu’il en soit, Dante était passé du stade de jeune voisin allumé à celui d’une des plus grosses fortunes au monde.
Et ce type, comble d’ironie vu son pécule, vivait à coté de mon nouveau chez moi, à Sollies-Toucas. Sollies-Toucas ! Je n’aurais jamais cru le retrouver ici ! Un type si riche, ça devrait parader à Miami, Las Vegas, Paris, Tokyo. Pas à Sollies-Toucas ! Paumé au sud de la France ! La plus grande attraction dans la zone était la fête de la Figue dans le village voisin !
Enfin, la demeure de Dante avait tout à voir avec celle d’un maniaque de l’informatique. Des lignes épurées, de blanc et de gris, avec des écrans cachés dans les murs, des joujoux tactiles dans les miroirs, la météo débitée par la boite de café dans la cuisine… Une poupée gonflable sur le canapé en cuir noir.
Bon, d’accord. Elle était humaine, mais avec plus de silicone dans son bonnet E que dans les joins du carrelage. Blonde, sur des plateformes en formes de chaussure, avec une minijupe qui cachait à peine son anatomie, un petit haut rose aussi stupide que sa voix.
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La Molaire du Zombie
ParanormalDante Thurston a tout : l'argent, la beauté, l'intelligence... Et une balle dans la tête. Hélène venait juste de retrouver cet amant du passé, lorsqu'elle assiste à son meurtre. Or, ce n'est pas le pire pour elle. Car pour une obscure raison, zombie...