Chapitre 13 : Châtiment

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Dante poussa un soupir. Le sang, jusqu’à ses coudes, commençait déjà à sécher, mélangé à des morceaux d’os et de cervelle. Le combat avait été expéditif. En dépit de leurs armes, les zombies n’avaient pu faire le poids face à eux, largement en surnombre.

Aussi, une minute après le début des affrontements, Dante découvrit Hélène dans les bras de Lévine. Son sang se figea dans ses veines, la fureur le pétrifia un instant, avant d’exploser. Il attrapa ce sale profiteur à la gorge, l’arrachant à Hélène. Les ongles plantés dans sa peau, il le souleva littéralement du sol, hors de lui. C’est à peine s’il le sentit se débattre sous sa poigne.

-Dante ! s’exclama-t-elle, l’angoisse pointant dans sa voix.

-Tu crois quoi ? siffla Dante. Que parce que tu pointes le bout de ton nez, je vais te laisser la seule femme qui ait jamais compté pour moi !? Tu crois que je vais l’abandonner si facilement, après tout ce que j’ai vécu pour en arriver là !?

Les yeux de Lévine commençèrent à se révulser, ses membres s’immobilisant rapidement. Le bruit d’un fusil que l’on charge chatouilla son oreille, mais il ne se détourna pas pour autant de sa proie.

-Lâche le, monstre !

-Papa ! Ne pointes pas ton arme sur Dante !

- Comment oses-tu le protéger !? Il va tuer ton mari !

-Si tu n’avais pas interféré dans ma vie, nous n'en serions pas là !

Dante sentit une main se poser sur son avant-bras. Hélène, remarqua-t-il à travers son brouillard de colère, était anxieuse.

-Ne le tues pas, s’il te plaît. Si nous devons nous mettre ensemble, je ne veux pas que ce soit au prix d’un cadavre.

Il plissa les paupières, méfiant. Elle lui avait déjà fait le coup tellement de fois. Tellement de promesses, tellement de déceptions… Pourtant, il laissa retomber Lévine. Quoi qu’elle lui fasse, il ne pouvait tout simplement pas la décevoir, de quelque façon que ce soit.

-Tu comptes divorcer !? s’exclama Lévine, d’une voix enroué. Tu es dingue !

-Toi, le menteur, ne la ramène pas. Dante… Je…

-Stop, gronda-t-il au contact de sa paume sur son avant-bras. Ce n’est pas le moment.

-Hein ?

Il se détourna. La Maison Balder les observait, amusé de les voir se disputer une seule et unique femme. Bernard de Vallois, lui, semblait prêt à tirer sur tout le monde, tant il était furieux. Non. Ce n’était pas le moment pour la moindre confession. Elle était déjà la cible de tous à cause de lui. Si elle prononçait un seul des mots qu’il espérait, elle ne serait plus jamais en sécurité.

-Je sais où se trouve le cadavre de Dragan, murmura-t-il. Nous n’avons pas de temps à perdre.

*

C’était une blague ?

J’étais sur le point de faire une déclaration enflammée, et il m’arrêtait !? Mais pourquoi ?

Complétement démunis, je fixais son large dos… Avant de lui sauter dessus, au vu et au su de tous ces vampires et de ma famille, me fichant bien de tout ce qui pouvait se passer. Les bras passés autour de son cou, serrant un peu trop fort, je nouais mes jambes autour de sa taille. Il tenta de me déloger, mais je restai suffisamment de temps agrippée pour lui murmurer à l’oreille :

-Ça, tu vas me le payer, Dante Thurston. Tu seras privé de sexe pour les deux prochains jours.

Sur quoi il s’arrêta net. J’en profitais pour redescendre de son dos, particulièrement satisfaite.

-Quoi !?

-Il fallait réfléchir, mon beau, raillai-je, diabolique. Alors ? Où se trouve le corps de ton clone ?

-Heu… Intervint le fantôme de Dragan, au milieu des vampires. Techniquement, c’est lui, le clone.

-Un clone !? s’exclamèrent mon père et mon époux.

-Hé ! Mais ce n’est pas le chef des Chasseurs !? cria Jason.

S’en suivit un chaos indescriptible, au bout duquel Lévine et Bernard de Vallois se retrouvèrent cloués au sol, une vampiresse sur le dos de chacun. Dante se rapprocha discrètement de moi –nous n’étions pas intervenus-, je fis un pas de côté. Un grommellement lui échappa, sans pour autant me faire céder.

-Bon, retournons à la Maison, soupira Jason. Nous allons voir ce que nous pouvons faire d'eux.

-Vous allez les tuer ? m’inquiétai-je.

Je ne les portais pas dans mon cœur, en cet instant, néanmoins, je ne voulais voir mourir aucun des deux. Jason haussa les épaules.

-Je ne sais pas. C’est à Elwis de décider.

-Elvis ? lança mon père. Elvis est en fait un vampire !?!

-Heu… Non, pas Elvis Presley, papa.

Il avait toujours était un grand fan. S’il apprenait maintenant qu’Elvis Presley était un vampire, il en ferait une crise cardiaque.

-Thurston, nous verrons avec Elwis pour le corps de Dragan. Avec les zombies qui te courent après, il ne serait pas prudent de te laisser partir seul.

Un peu plus tard, nous nous retrouvâmes, mon amant, mon mari, mon père et moi, dans la grande salle de la Maison Balder, celle-là même où une gârce avait voulu croquer Dante. Tous les vampires c’étaient réuni, pour contempler ceux qui étaient leurs bourreaux depuis des lustres. La tension était palpable, le risque de débordement éminent. Tous les crocs étaient sorti, leur soif de vengeance rendant l’air électrique.

Instinctivement, je me rapprochais de Dante. Ce dernier passa discrètement un bras autour de ma taille, et m’attira à lui, de telle façon que je me retrouvais bloquée contre sa hanche. Fichtre. Il profitait de la situation.

Elwis, debout sur son estrade, contempla les deux Chasseurs. Dante avait déjà interféré, pour leur laisser la vie sauve. Avec un peu de chance, cela allait fonctionner… Car je ne supporterais pas de voir ces deux hommes à genoux se faire tuer sous mes yeux.

-Bernard de Vallois et Lévine Valens ! tonna Elwis, me faisant sursauter. Votre crime mérite un châtiment à la hauteur de votre cruauté ! 

-Aucun crime n’a été commis, siffla mon père. Nous n’avons fait que notre devoir.

-Nous avons protégé cette Terre de monstres tels que vous, gronda Lévine. Cela mérite tous les sacrifices du monde.

-Et ce marier avec moi en faisait partie ? murmurai-je.

Dante me serra un peu plus contre lui, ses lèvres vinrent effleurer mes cheveux. Une manœuvre de réconfort ? C'était plutôt bien réussi.

-Votre châtiment ne sera pas celui que je pensais, continua Elwis, un sourire démoniaque aux lèvres. Dante Thurston a interféré en votre faveur, misérables vermines ! Alors, vous aurez la vie sauve.

-Vous comptez nous torturer ? lança Bernard.

-Vous torturer ? Oh, oui. De la plus glorieuse des façons, messieurs. Voici votre châtiment : Vous allez devenir vampires de la Maison Balder ! A compté d’aujourd’hui jusqu’à à la prochaine lune, votre sang sera bu chaque jour par les plus belles créatures de notre clan ! Et le pire, messieurs, c’est que vous en demanderez toujours un peu plus !

Un ricanement cascada de toutes les gorges, redoublant à l’instant où deux femmes plantureuses – je reconnus l’une des prétendantes de Dante- montèrent sur l’estrade, pour planter leurs crocs dans la gorge des deux hommes. Leurs hurlements raisonna dans mon crâne, me faisant réaliser ce que tout cela impliquer pour eux.

Ils devenaient leur propre ennemi.

La Molaire du ZombieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant