Chapitre 15 : Fantôme-chercheur

2.8K 461 6
                                    

Ce fut l’apparition du fantôme de Dragan, qui coupa court à notre langueur post-orgasme: je poussais un hurlement, Dante lâcha une bordée de juron en masquant ma nudité –lui, il s’en fichait, il était la copie conforme de l’autre-.

-Hé ho, pas la peine de me parler sur ce ton, râla Dragan. Tu m’as dit vingt-deux heure trente, et je suis pile à l’heure !

-J’avais oublié que nous étions toujours ponctuels, marmonna Dante en m’enfilant sa chemise, tandis que je luttais pour mettre ma culotte et mon short en même temps.

-Tu lui avais donné rendez-vous ? soufflai-je, soudain fascinée de le voir simplement en pantalon de costume à moitié déboutonné avec son veston en biais.

-Oui. L’âme est toujours fortement rattachée à son corps. Donc, Dragan pourra se localiser tout seul, s’il est dans un champ assez proche de son cadavre…

-Je n’aime pas trop ce terme, c’est morbide, fit l’intéressé.

-… Nous épargnant ainsi de longs jours de recherches.

-Décidemment, tu es très malin. Un vrai mort de garde.

Il éclata de rire, faisant sourire même Dragan, dont l’œil fureta dans ma direction –vu qu’il avait automatiquement les mêmes goûts que son clone en matière de femme, je boutonnais prudemment la chemise de mon amant-.

-Bon, mon cher détecteur, tu es prêt à te voir en voie de décomposition ?

-Ouais. Et toi, à m’arracher une dent ?

-Évidemment.

Ils éclatèrent d’un rire parfaitement accordé, me faisant soupirer. Si je me retrouvais avec deux Dante Thurston toute la soirée, ça allait être compliqué. J’étais sur le point de râler pour la forme, quand mon amant me plaqua soudain la main sur la bouche. Il mit un doigt en travers de ses lèvres, ce qui me fit tendre l’oreille.

Des bruits de pas raisonnaient dans le bâtiment. Dante me fit signe de le suivre. Dragan et moi lui emboitâmes le pas. Enfin, lui disparut complétement, moi, je le suivis jusqu’à l’extérieur de la bibliothèque. Oui. Des gens marchaient sur le sol de pierre, déjà dans les escaliers. Nous nous dissimulâmes derrière l’épaisse rambarde de pierre. Sa main dans la mienne, Dante me désigna la coursive, en face de nous. Elle donnait directement sur la fontaine, un étage plus bas. Il ouvrit discrètement la porte en verre –quand avait-elle été déverrouillée ?-. Une seconde plus tard, nous nous retrouvions plaqués contre les murs, contemplant le dos des cariatides, à attendre le passage des intrus. Ils allèrent directement dans bibliothéque, sans que je puisse entendre quoi que ce soit.

-Elwis, chuchota Dante au creux de mon oreille. Il a senti notre odeur là-bas.

Pas étonnant, vu ce que nous venions d’y faire.

-Pourquoi leur avoir dit l’endroit où nous allions, si nous devons les éviter ? fis-je sur le même ton.

-Si les zombies arrivent, ce sont eux qu’ils affronteront, pas nous.

-Rusé…

-Merci. Dragan ? Bon sang, il est passé où ce…

Il apparut devant nous, me faisant sursauter si fort que Dante me bâillonna de nouveau, pour couvrir le bruit de mon glapissement.

-Arrête de faire ça, tu sais très bien que ça lui fait peur !

-Désolé, je ne m’y fais pas, moi non plus ! Je suis un fantôme depuis moins d’une semaine, je te signal.

La Molaire du ZombieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant