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Elies

Vingt-cinq minutes plus tard, nous arrivons enfin dans la zone que nous souhaitons. Ana, sur le siège avant, admire le paysage qui s'offre à nous de son oeil d'enfant, quand elle hurle soudain :

— Là ! Regardez ! crie-t-elle en pointant du doigt sa vitre.

Je suis alors son regard et la Statue de la Liberté apparaît sous mon nez. C'est magnifique, d'autant plus quand le soleil fait briller l'eau.

— J'y crois pas, je l'ai enfin vu ! s'exclame ma douce Ana.

Mais nous sommes en voiture et cette belle vue n'est bientôt plus qu'un souvenir...

— On est sur Battery Pl, nous informe Alexandra.

— Tu connais le coin comme ta poche.

Elle rit.

— Je venais souvent ici étant petite.

L'ambiance est telle que je l'espérais. Dans la joie et la bonne humeur.

— Ça vous convient si on se balade vers Chinatown ?

J'attends l'accord d'Ana en la regardant dans le rétroviseur extérieur. Je lui demande muettement son consentement, puis nous répondons en choeur :

— Oui !

Bizarrement, savoir qu'Alexandra est au courant de ma relation avec Ana ne me dérange pas. Elle ne nous jugera pas.

Nous mettons vingt minutes supplémentaires pour trouver une place où stationner la voiture. Je sors en même temps qu'Ana et claque la portière. Je m'autorise à observer les alentours, stupéfait par autant de petites boutiques et la multitude de passants grouillant dans les rues. La vie est électrique ici.

— J'espère que ça vous plaît. Je trouvais cet endroit sympa et puis ça change un peu, dit Alexandra.

Effectivement, nous nous trouvons au sud de Manhattan. Pendant qu'Ana pose les yeux un peu partout, je m'approche d'Alexandra pour lui chuchoter deux trois mots à l'oreille. Celle-ci commence à taper dans ses mains, tout excitée, puis m'affirme qu'elle fera le nécessaire pour nous ramener à l'heure à l'hôtel.

— Pourquoi ces messes basses ? demande soudain Ana en arquant un sourcil, suspicieuse.

Le sourire d'Alexandra s'évapore.

— Je la remerciais, mens-je.

Elle acquiesce et laisse tomber. Alexandra se transforme en guide touristique. Malgré le beau temps, la fraîcheur de l'automne se fait ressentir. Ana plaque son écharpe contre sa gorge pour se réchauffer et éviter une angine. Les trottoirs sont blindés et, plus nous empruntons des ruelles, plus je perds mon sens de l'orientation. Ici, les bâtiments sont moins hauts et mon cou me remercie. Une boutique en forme de temple attire mon attention. Originale. Puis je reprends ma route et remarque qu'ils ont déjà commencé à installer les décorations de Noël, en vue des nombreuses lumières se rejoignant de toit en toit. Ana s'arrête brusquement devant une boutique remplie de babioles et scrute les différents objets à travers la vitrine. Je lève les yeux au ciel en la voyant s'intéresser à un pull I Love NY. Quand elle s'aperçoit que je me moque d'elle, elle me fusille du regard et retrousse le nez.

— Je n'allais pas l'acheter, siffle-t-elle en reprenant sa marche.

Bien sûr.

Très vite, les discussions reprennent. Ana ne cesse d'ajuster son sac à dos sur son épaule. Il doit lui peser.

— Donne, je vais le porter.

Étonnée mais ravie, elle ne se fait pas prier deux fois et me gratifie d'un large sourire.

Le prix à payerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant