vingt neuf

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J'ai mal à la tête. J'ai tellement mal que je n'arrive pas à ouvrir mes yeux. Je sens une main qui attrape la mienne précipitamment. Où suis-je ? J'ai un bourdonnement sourd dans les oreilles, j'essaie d'ouvrir les yeux, mais une lumière affreusement blanche m'éblouie. Peu à peu, j'entends correctement et je retrouve la vue. Oh. Je suis à l'hôpital. Que s'est-il passé ? Je me souviens m'être couché hier, en pleurant toutes les larmes de mon corps parce que nous ne savons pas où est ma Luna. 

Je me relève sur mes coudes, mais me recouche aussitôt. Mon mal de tête, bien que moins intense, est toujours présent. Je distingue une chambre basique d'hôpital, ma mère à ma droite, et un médecin à ma gauche. << Bonjour Monsieur Balsano. Je suis le docteur Julio. Tu dois sûrement te demander pourquoi tu es à l'hôpital. Et bien, hier, tu as appelé les secours car tu as trouvé une jeune fille dans un entrepôt du quartier industrielle. Les secours sont arrivés et tu as fais un malaise. Ce n'est rien, tu as dû paniqué un peu ou c'est peut-être l'adrénaline également. Mais en t'évanouissant, tu t'es cogné la tête sur le coin d'une plaque en béton. Tout va bien, ne t'inquiète pas. Mais voilà la raison de ton petit séjour ici. Nous devons encore te faire passer quelques examens, histoire d'être sûr que tu n'as rien, et tu pourras repartir demain matin. Des policiers vont sûrement venir te voir dans la journée, pour recueillir ton témoignage. Bien, je vous laisse en famille. >>

Tout me revient en mémoire. Pris de panique, je me mets à crier  << OÙ EST LUNA ?! OU EST LUNA ?! >> << *air bienveillant* ne t'en fais pas Matteo, tu l'as sauvé >> Dès que la porte se referme, ma mère me prend dans ses bras. << Oh mon chéri, j'ai eu tellement peur !! ( elle prend mon visage en coupe ) Tu vas bien, tu es sûr ? Tu veux que je t'apporte quelque chose, que je fasse quelque chose ? Si tu savais comme je suis désolée que tu ais dû faire face à une telle situation.. Si tu veux en parler, je suis là, d'accord ?  >> << Ce n'est pas ta faute maman.. Et lâche-moi, tu m'étouffes s'il te plaît. *rires* >> << Excuse-moi ! Mais j'ai vraiment eu peur de te perdre, tu sais ! Et ça m'a fait prendre conscience d'une chose : je dois être plus présente, parce que la vie est courte et que nous devons en profiter. Alors je te promets que je vais moins travailler, pour qu'on puisse passer plus de temps ensemble, comme quand tu étais petit. *dépose un baiser sur mon front* *me resserre dans ses bras* mon petit garçon à moi !>>  

Je souriais comme un fou. J'adore passer du temps avec ma mère. J'espère seulement qu'elle tiendra sa promesse et qu'elle va un peu délaisser son travail. << Et tu dois savoir aussi, que ton père s'est énormément inquiété. >> << Oh maman ! Je t'en prie ! Il n'est même pas là ! >> << Matteo ! Je sais qu'il fait toujours l'homme dur et froid devant toi, qui ne fais pas beaucoup attention à son fils. Mais en réalité, il te surveille constamment, et il est très fier de toi. Je ne sais pas pourquoi il ne te le montre pas, et pourquoi il m'a toujours interdit de te parler de tout ce qu'il fait pour toi, mais il t'aime. Il a toujours assisté à tes compétitions de patinage sans que tu ne le saches, il a toujours pris rendez-vous avec tes professeurs pour suivre ton parcours scolaire,il a toujours énoncé fièrement toutes tes victoires au patinage et tous tes excellents résultats scolaires lors des repas avec ses collaborateurs. Il a toujours soutenu tes décisions, quand moi je les désapprouvais, comme ton choix de sortir avec Ambre. Et c'est lui qui a répondu au téléphone ce matin et qui m'a presque crié de me dépêcher de te rejoindre à l'hôpital et de le tenir au courant par message. D'ailleurs, il arrive. >>

J'ai un peu de mal à la croire. Pourtant, une heure plus tard, il entre dans ma chambre. Il s'avance près de moi et me serre dans ses bras. Mon père vient de me faire un câlin. Je suis sous le choc. << Excuse-moi de n'arriver que maintenant, je devais arrêter les procédures que j'avais mis en place pour retrouver la jeune Valente. Comment te sens-tu ? >> Mon père s'excuse. Mon père me demande comment je vais. Je vais me réveiller, il n'y a pas d'autre solution. Autant profiter de ce père là tant que je le peux alors ! << Je vais bien papa. >> Il me sourit et je lui souris en retour. Je crois que notre famille vient vraiment de se ressouder. Et je me mets à pleurer encore une fois. Ça fait tellement longtemps que j'attends ça ! << *air inquiet*  Pourquoi tu pleures ?! Tu as mal quelque part ?! >> Je secoue la tête négativement, toujours le sourire aux lèvres. << Je pleure parce qu'on va enfin être une famille et que je vous aime >> Ils se mettent à pleurer eux aussi et viennent me serrer dans leur bras. << Oui, on va être une famille, et nous t'aimons aussi Matteo. >>

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En fin de journée, un officier de police vient à ma rencontre. Il me pose des questions et je prends sur moi pour y répondre. Trouver des réponses signifie revivre tout cela et j'ai bien du mal. J'ai encore du mal à croire que tout cela est réel. A plusieurs reprises, mes larmes menacent de couler mais je tiens bon. Il le faut, pour Luna et mes parents, je me dois d'être fort. Ils sont restés avec moi pendant l'interrogatoire, ma mère assise à ma droite en me tenant la main et mon père debout à ma gauche avec une main sur mon épaule.

En fin de journée, on m'apporte mon repas qui est infecte : une sorte de bouillie marron avec des morceaux oranges, une pomme tellement molle qu'elle pourrait déjà être considérée comme compote et une bouteille d'eau. Chouette. J'y touche à peine et je reçois un appel de Gaston. Je lui explique à peu près tout calmement. Je dois avouer que me confier à lui m'a fais un bien fou. Mes parents sont partis depuis deux bonnes heures, ils n'avaient pas le droit de rester, mais ma mère m'a promis de venir me chercher le plus tôt possible demain matin.

La tête vide, je m'écroule telle une larve sur le lit et m'endort rapidement.  . .. ... Ouatcha ! quoi ?..... Ouatcha ! qu'est-ce qu'il se passe ? .... Ouatcha encore ce son ? .... OUATCHA..  OUATCHA  Toujours plus fort, toujours plus violent. Tellement intense que mes mains se plaquent sur mes oreilles dans l'espoir vain de faire cesser le bruit. J'hurle pour que cela s'arrête. Je vais devenir fou JE VOUS EN SUPPLIE ARRÊTEZ !!

Mais ça ne s'arrête pas. Ça ne s'arrêtera jamais. J'entendrai toujours le bruit virulent de la lanière de cuir qui frappe durement la peau. Et ma nuit se termine avec des gouttes d'eau qui dévalent mes joues, discrètes, silencieuses, douloureuses comme ma souffrance ce soir là. 

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Je sais que cette fin de chapitre est dure et je m'en excuse si elle heurte la sensibilité de certaines. 🙏

Avis ?

On est tout près de la fin 🙈
A demain mes chokikous 👋❤

La lune a volé mon cœur- [ lutteo ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant