Un certain jour. Une certaine heure. Cette fille.
Elle était alongée sur son lit telle une grosse feignasse (comme aurait dit sa mère). Elle regardait par la fenêtre le décor sinistre de la ville sous la pluie. Elle réflechissait (c'est une fille qui réfléchit beaucoup). Sa vie allait mal et elle cherchait un moyen d'exprimer ce qu'elle ressentait. Elle s'interdisait de parler de ses ressentis et là, c'était trop. Une moindre information de plus et elle allait craquer. Elle ressentait quelque chose que quelqu'un qui accumule trop à forcément déjà ressentit. Cette espèce de boule dans la gorge et cette envie de vomir permanante. Elle avait juste l'air d'un zombi qui ne dormait et ne mangeait plus. Le teint pale, les cernes violettes qui barraient ses joues, ses yeux fatigués qui ses fermaient tout seuls. En l'espace de peu de temps, sa grand-mère s'est fracturée le tibia et le peronnet, son grand-père a fait une crise de polyartryte, sa tante à fait un AVC et était aux urgences entre la vie et la mort, ses deux parents ont changé de travail pour un qui leur demande plus de temps, elle voyait moins ses amies, c'était les vacances. Elle était chez elle depuis une semaine à flaner sur internet et les reseaux à se demander si sauter par la fenêtre ne serait pas mieux. Après tout rien ne la retenait. Ses parents, stressés par leur nouveau travail s'engueulaient pour un oui ou pour un non. La scène qui a le plus traumatisé cette fille, c'est lorsqu'ils se sont battus jusqu'au sang devant elle et son frère. Elle se revoyait leur crier d'arrêter et eux qui se frappaient l'un et l autre comme des bêtes sauvages. Elle se faisait aussi engueuler mais ça lui était bien égal. Elle ne croyait plus en l'amour que ses parents étaient censés avoir pour elle. Elle ramassait pour les bétises de son frère. C'est incroyable mais vrai, cette fille n'a jamais fait de bétises. Constement inerte, dans sa chambre, derrière son téléphone, elle n'a jamais pris la peine de bouger de sa chambre pour aller faire une connerie quelquonque. Rien n'allait. Rien ne la retenait au monde. Elle se voyait mourrir chaques secondes, chaques minutes. Elle cherchait tout le temps et desespérément un moyen de mourrir. C'est à ce moment là qu'elle a prit la paire de ciseaux dans sa trousse de cours et qu'elle, sauvagement et presque intuitivement, a commencé à se scier la jambe. Elle était désespérée et à bout. Le sang coulait et cela la rendait étrangement heureuse, comme si ça la libérait d'un énorme poids, le poids qui était dans sa gorge depuis trop longtemps. Cette fille était seule, assise au milieu de sa chambre, la jambe en sang et elle rigolait. Elle rigolait comme elle n'avait jamais rigolé. Elle était fière de sa découverte, elle était fière de s'être ouvert la jambe comme elle l'avait fait. Depuis ce jour, elle se mutila énormément avec la lame qu'elle avait enlevé à un taille-crayon. Durant ces cinq minutes prises pour se couper, elle voyait son sang couler. Elle se sentait vivante et heureuse. Mais les effets se faisaient de moins en moins ressentir. Elle se mutilait environ trois fois par jour et faisait a chaucune de ses fois une vingtaine de petites coupures. Elle se vidait de son sang, elle était prise de vertiges et s'évanouissait souvent. Il fallait qu'elle trouve une autre solution bien qu'elle n'était pas prête de se défaire de cette habitude.