Chapitre 3

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 J'avais perdu toute notion du temps... Ma couette était un peu une bulle de protection contre les monstres sous le lit. Ça fait peut-être bizarre dit comme ça, mais j'avais l'impression d'être un enfant apeuré par le Croque-mitaine sous le lit.

Mais je n'avais pas peur du Croque-mitaine, non...

J'avais peur de la fille à la robe bleue, et des monstres de la forêt comme Taya...

Je me blottis un peu plus dans ma couette.

J'avais terriblement peur...

Je voulais que le jeune qui m'a sauvé dans la forêt revienne me voir. J'avais grand besoin d'être consolée par quelqu'un qui pouvait comprendre ce que je vivais, ce que je ressentais. Je ne savais même pas son nom, mais je sentais qu'il pouvait venir me secourir si j'en avais besoin.

Y penser me fit sourire. Je me sentais un peu rassurée, comme ça... Enfin...

Maintenant que j'étais un peu détendue, j'avais l'impression que ma couette était une sorte de petit nuage de confort et de paix...

J'aimerais tellement que cela dure éternellement... Ce confort, cette paix, c'était parfait...

Un peu trop parfait, d'ailleurs, parce que j'entendis un petit bruit, comme du papier qui se froissait.

Le bruit recommença. Toujours dans ma couette, je me levai pour chercher l'origine de cet étrange bruit ; ça venait de ma fenêtre. Je l'ouvris et découvris une sorte de lettre, un peu abîmée au bout, comme si quelqu'un avait essayé de la rentrer par la fenêtre comme si c'était une boîte aux lettres.

Je sortis la tête, mais n'aperçus personne, ou n'entendis personne.

Alors, intriguée, je m'assis sur le bord de mon lit et ouvris la lettre, avec un mélange d'excitation et de stress. À l'intérieur, il y avait un message écrit sur une simple feuille de papier blanc, mais la présentation était très formelle :

« Chère Laely P. ,

Vous êtes invitée à un nouveau lycée internat. J'ai pris soin de m'occuper de votre ancien lycée pour les mesures administratives et autres. J'espère vraiment vous voir cet après-midi, à 16h. Nous nous donnons rendez-vous devant chez vous. Votre mère est au courant de tout ceci.

Il faudrait que vous prépariez quelques vêtements de rechange, ainsi que de ce que vous souhaitez pour votre loisir, tel que l'art ou le sport (pour tout ce qui concerne la musique, veuillez vous renseigner au secrétariat du lycée).

Cordialement, avec toute mon amitié et ma gratitude,

M. Van Blood »

Je relus la lettre plusieurs fois, mais je restais dans un état d'incompréhension. Pourquoi dois-je changer de lycée, et de quoi parlait ce Monsieur Van Blood en parlant de « mesures administratives et autres » ? Je me dis dans un coin de ma tête qu'il faudrait que je dresse une liste de toutes mes questions.

Je ne pus m'empêcher de remarquer que l'écriture manuscrite était très souple et régulière.

Je commençais à angoisser à l'idée d'intégrer un nouvel établissement, loin de tout ce que je connaissais.

Je soupirai. On était dimanche. Je supposai qu'il voulait me voir ce soir pour que je commence la semaine là-bas. Il n'était que 3 heures du matin, mais ma nuit blanche ne me dérangeait pas le moins du monde. Comme je commençais à vraiment m'ennuyer, je décidai de faire ma valise sans trop faire de bruit.

Au fur et à mesure que je faisais ma valise, je sentis l'inquiétude faire place à l'excitation : j'avais hâte de rencontrer cet homme et le lycée où j'étais conviée.

Une heure plus tard, j'avais enfin terminé ma valise, et je m'allongeai sur mon lit en souriant. Je pris ma peluche en forme de lapin noir dans mes bras, en me disant qu'il ne faudra pas que j'oublie de le prendre avec moi.

Je restais ainsi pendant encore deux bonnes heures, en regardant le plafond, pendant que je continuais de réfléchir, puis le sommeil finit par me prendre dans son étreinte confortable, tandis que je continuais de serrer ma peluche.
Je me réveillai vers 9h, excitée comme une puce. Je mis ma peluche dans ma valise, ainsi qu'un petit talisman porte bonheur, un des derniers souvenirs de mon père décédé alors que je n'étais qu'une enfant.

Je le serrai contre ma poitrine en fermant les yeux pendant quelques secondes, puis le mis dans ma valise aussi.

Ensuite, je descendis à fond vers la cuisine pour engloutir une tasse de chocolat chaud et un peu de brioche beurrée. Ça faisait plaisir à ma mère de me voir avec tant d'entrain.

J'avais fini en dix petites minutes, et pris ma douche en chantonnant, et ce fut tout aussi rapide.

Ensuite, je reçus un message de Ben, un très bon ami à moi :

« Salut, me dit-il.

- Salut, tu vas bien ?

- Oui et toi Ely ?

- Bien, répondis-je.

- J'ai entendu dire que tu quittais le lycée... C'est vrai ? »

Et bien, il semblerait que les nouvelles circulent rapidement ici. Je soupirai, et je continuai la conversation :

« Ouais.

- Tu vas me manquer, Ely...

- Toi aussi... »

Notre discussion s'arrêta là. Je remontai dans ma chambre et m'allongeai sur mon lit. Je soupirai. On se connaissait depuis très longtemps, mais je n'avais jamais osé lui parler de mes sentiments pour lui, mais c'était trop tard maintenant. Je serai loin de lui, il sera loin de moi. J'essayais de me réconforter en me disant que je trouverai mieux dans mon nouveau lycée, et puis, après tout, je le voyais toujours en compagnie d'autres filles. Peut-être que ce n'était pas grave, finalement.

Les heures passèrent lentement. Je partis manger normalement, en essayant de calmer les larmes de ma mère qui était triste de voir son petit bout de chou partir dans un internat, mais je réussis à la consoler tant bien que mal.

Ensuite, l'heure fatidique arriva. Je pris ma valise, câlinai ma mère, puis sortis de chez moi.

« Tu es en retard, Laely... »

Je fus très surprise. Je dus lever la tête pour voir le visage de mon interlocuteur : c'était un homme immense, environ 2m40, tout en muscles, avec un costard extrêmement chic. Sa voix était très grave à mon goût. Il me montra un taxi.

« Nous y allons ? »

Je le suivis timidement en regardant une dernière fois ma maison, puis je souris en me disant que j'allais commencer une nouvelle vie.

L'école de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant