Chapitre 18

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Je... N'avais pas les mots. Tout simplement. Je ne savais pas quoi dire. D'ailleurs, c'est sûrement pour ça que j'ai mis du temps avant de pouvoir formuler la moindre réponse.

« ... Euh... Qu'est-ce que... »

Evan ne dit rien et baissa la tête, tout simplement. Il semblait tout aussi peu à l'aise que son frère et moi-même. Et il n'avait rien à dire non plus, comme s'il savait déjà deviner tout ce que nous pouvions lui demander.

Je tournai la tête vers Eden ; il semblait toujours aussi inquiet et méfiant.

« Je... Je suis toujours le même, dit-il, pourquoi faites vous cette tête ? Hein ? »

Il voulait sûrement paraître détendu, mais il avait l'air encore plus effrayé que nous. Et je compris bien rapidement pourquoi.

Il se tordit soudainement de douleur, le corps parcourut de violents spasmes de souffrance, et tomba à genoux. Eden hurla, ce qui réveilla les autres garçons. Nous étions maintenant 5 a regardé ce processus long et visiblement douloureux. Jusqu'à ce que Evan dut subir les mêmes choses.
J'étais totalement perdue, actuellement. Mon cerveau et mon esprit n'arrivaient pas à faire le tri des événements passés ces derniers temps. Mon cœur battait tellement fort qu'il aurait pu sortir de ma cage thoracique sans que j'en sois surprise.

Lorsque le sol se mit à trembler, Acnos me prit par la main et me guida vers le camp d'entraînement, donc loin des jumeaux, et Koga et Aiden nous suivaient de très près.

Une fois arrivés le plus loin possible, le bâtiment éclata. Pouf. Les débris volaient dans tous les sens, et un monstre géant rouge et blanc en sortait. Non... Deux monstres. Tels des serpent géants volants. Qui détruisaient tout sur leur passage.

« Que... Qu'est-ce que... »

Je n'arrivais même pas à parler. L'orage soudain qui se déclencha ne me fit pas frémir, alors que j'avais une peur bleue du tonnerre.

Je regardais autour de moi ; tout faisait des vagues. Et je m'évanouis. Encore.

J'ignorais combien de temps j'avais passée ainsi. Mais quand j'ouvris les yeux, j'étais à une scène très étrange. Tout étant noir autour de moi, je n'eus aucun mal à deviner le monde illusoire et cauchemardesque dans lequel j'étais, mais cette fois était différente. J'étais assise à une table ; je n'en voyais le bout ni en tournant la tête à droite, ni à gauche. Et tout était rempli de petits scones et de théières. Il y avait des chaises sur toute la longueur de la table, de chaque côté, toutes occupées par des animaux en peluche variés et plus ou moins abîmés. Mais elle était là, devant moi. La fille qui occupait ce monde. Elle fredonnait quelque chose en se servant une tasse de thé.

« Oh ! S'exclama-t-elle. Tu es en retard !

- En... Retard ?

- Oui, oui, oui ! En retard pour le thé ! »

Elle rit joyeusement, mais je ne comprenais rien.

« Je connais ta vie, continua-t-elle, et je sais que tout ce qu'il se passe en ce moment n'est pas joli-joli. Et je sais pourquoi ! »

Elle fit une petite tête mignonne, comme une enfant de six ans qui était fière de son collier de pâtes pour la fête des mères.

« Ah... Ah oui ? Et... Pourquoi, alors ?

- À cause de Koga, voyons !

- Kog... Hein ? Mais pourquoi !

- Quoi, tu n'as pas compris ? Kata est morte parce que vous êtes partis. Les jumeaux sont devenus ainsi parce que vous êtes partis. Vous êtes partis parce qu'il était complice. Alors il mérite la mort. »

Elle dit ça tellement naturellement qu'elle aurait dit « Les licornes sont mes amies » sur le même ton, j'aurais trouvé cela approprié.

« Oui, hihi, continua-t-elle. Mort, mort, mort ! »

Elle rit doucement, comme une enfant, en tapant dans ses mains de manière joyeuse. Mais il était mon ami ! Et de plus, il ne mérite pas la mort ! J'ai confiance en lui, je sais qu'il n'a pas fait ça sans raisons ! Tandis que la fille continuait de se réjouir sur l'idée de le tuer, je l'interrompis d'une voix tremblante.

« N... Non ! Il est hors de question de le tuer !! »

Et là... Elle s'arrêta et me fixa. La tête de chaque peluche se tourna vers moi, sans oublier le fait qu'il y en avait une infinité, ce qui me fit frissonner.

« ... Plaît-il ? »

Ça y est. Je l'avais interrompue dans son délire, et voilà qu'elle était terrifiante.

« Je ne tuerai jamais Koga.

- Mais il le mérite.

- Pas... Pas du tout !

- Tu es avec lui, c'est ça ? Alors on va te tuer aussi, je trouverai bien quelqu'un d'autre avec qui jouer ! »

Elle retrouva son expression joyeuse, ses rires et ses applaudissements.

« Non ! » Hurlai-je.

Et là, elle s'arrêta pour de bon, semblant énervée.

« Non, on ne le tuera pas ! Il en est hors de question ! »

Elle soupira profondément.

« Très bien. Alors tu vas vivre comme s'il n'était jamais arrivé dans ta vie. Comme s'il n'avait jamais rejoint l'École de l'Olympe. Comme si sa sœur ne s'était jamais faite kidnapper. Comme s'ils n'étaient pas mes compagnons de fête.

- Compagnon de fête ? Qu'est-ce que tu veux di- »

Elle claqua des doigts, et ma phrase se finit dans le vide. Et ma chaise commença à tomber dans le vide, indéfiniment, tandis que les échos de ses rires machiavéliques remplissaient cette infinité.

Et je me redressai soudainement, transpirante, la respiration rapide, assise dans mon lit... Mon lit ?! Oui. J'étais bel et bien dans le dortoir pour fille de la classe H. Aucun doute possible.

Et une voix féminine que je ne connaissais que trop bien se fit entendre :

« Ah bah, enfin réveillée ? »

L'école de l'OlympeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant