Chapitre 2

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Le vent caressait mon pelage, mes pattes frappant violemment le sol jonché de branches et de boue à cause de la pluie récemment tombée. Les arbres défilaient à grande vitesse devant mes yeux, je les évitais habilement, tandis que le bruit des petits animaux parvenait à mes oreilles. Je courrais dans cette vaste forêt, les rayons de la lune formant des petits reflets blancs sur mon pelage caramel ondulant avec douceur. Je parvins à un petit coin d'eau dont je m'approchais au pas, les branches craquant sous mon poids. Je penchais ma tête en avant, mon museau près de l'eau fraîche de la nuit, ma langue passant avec délicatesse devant mes crocs. L'eau coula dans ma gorge sèche à cause de ma course folle à travers les arbres feuillus de l'été. J'entendais les ondulations de l'eau à chaque mouvement des petits poissons nageant avec énergie, le vent qui soufflait par cette douce nuit ainsi que les petits écureuils qui gambadaient avec jovialité. Mon estomac se mit à gargouiller quand je sentis l'odeur alléchante d'un animal sauvage peuplant le milieu dans le quel je me trouvais. Ma tête pivota,cherchant avec faim l'animal sauvage dont l'odeur me rendais folle. Je me précipitais avec rapidité et agilité, zigzagant entre les arbres, grattant de mes pattes les feuilles et la terre humide, puis me jetais sur le pauvre animal, plantant mes crocs dans son flanc,l'immobilisant avec mes griffes. Son sang descendit dans ma gorge laissant un goût métallique sur ma langue, son souffle court diminuant à chaque seconde, ressentant les battements de son cœur diminuer encore et encore. Je déchiquetais sa gorge avec férocité puis m'attaquais au reste de son corps. Je ressentis une douleur aiguë dans l'omoplate me faisant lâcher la prise dont je me délectais. Un liquide rougeâtre coulait à flot le long de mes grandes pattes avant, et une douleur aiguë me fit couiner. Je tournais la tête vers l'endroit d'où venait la flèche qui m'avait percutée. Un grand homme d'environ un mètre quatre-vingts se tenait là, debout, un arc toujours tendu dans ma direction, une seconde flèche fièrement tendue. Il me regarda de ses yeux bruns,un sourire amer sur les lèvres. Il lâcha la corde et la flèche me percuta de plein fouet au niveau de la mâchoire. Je m'écroulai au sol, le souffle court, l'homme penché au-dessus de moi, un regard triomphant. Le métal de la flèche me brûlait, la douleur parcourant mon corps avec rapidité. Mon pelage disparut peu à peu laissant place à une peau lisse recouverte de sang, mes cheveux châtains désordonnés recouvrant le sol humide. Je le dévisageais de mon regard bleu. L'oxygène me manquait, mon pouls se faisait faible, je suffoquais sous le regard satisfait de mon agresseur.Allais-je finir comme ce pauvre cerf dont je venais, quelques minutes plus tôt d'ôter la vie ? Il sortit de sa ceinture un couteau au manche marron clair, s'accroupit devant moi, me caressa de sa lame qu'il fit partir de ma joue, descendre le long de mon corps nu, passer par mes hanches, le long de mes jambes, puis remonter jusqu'à mon abdomen, m'arrachant un frisson douloureux. Je toussotais, un filet de sang coulant de mes lèvres, dévalant ma joue pour finir par atteindre le sol. Soudain, je ne vis que du noir, ne sentant plus que le néant, je sentis mes forces m'abandonner, mes yeux se fermer contre ma volonté.

Je me réveillais en sursaut, des gouttes de sueur dévalant mon front. Je regardais autour de moi la panique faisant accélérer mon pou; les rayons du soleil perçant à travers les rideaux blancs de la chambre dans laquelle seul le bruit des voitures me parvenait aux oreilles. Je revis les images de mon cauchemar. Le loup, le cerf, le chasseur, la flèche, mon sang, puis je me rappelais de la douleur qui m'eut semblé si réelle. Je soufflai de soulagement, ma respiration saccadée redevenant normale au fur et à mesure que ma cage thoracique se soulevait. Je repoussai ma couverture en m'asseyant sur le bord de mon lit au matelas moelleux, posant mes coudes sur mes cuisses et calais ma tête sur mes mains en fermant les yeux. Mes cheveux me collaient au visage à cause de la sueur causé par la frayeur de mon cauchemard. Je m'efforçais de respirer plus lentement . Je relevais la tête une fois avoir repris une respiration totalement normale puis sortie de mon lit doucement pour éviter un étourdissement. J'attrapais la couverture noire et la pliais au bou du lit dont la trace de mon corps était encore visible due à mon poids. Je partis dans la cuisine, ouvris le placard au-dessus de la cuisinière et en sortit un bol blanc et une tasse noire dont l'inscription rouge disait «je suis une paresseuse ». Bas oui faut croire que j'aime que tous ceux qui pourraient me voir la tasse en main voient à quel point la paresse faisait partie de moi. Bas quoi ? Autant que l'un de mes défauts soit ouvertement affiché. Je remplis le bol de céréales au chocolat et versais du café chaud dans la tasse. Je déposais le tout sur la table à manger en bois lisse du au vernis qui y avait été peint puis parti ouvrir la fenêtre afin de laisser l'air frais pénétrer dans l'appartement silencieux. Je m'installais sur la chaise en chêne face à mon petit-déjeuner. Je dégustais tranquillement ma nourriture quand la sonnette de la porte retentit. Je poussai un soupir et partis l'ouvrir en traînant les pieds. Je la déverrouillai et l'ouvris. Une jeune fille blonde aux yeux vert clair se tenait devant moi un sourire aux lèvres. Je la fis rentrer avant de refermer la porte à double tour. Je repartis m'asseoir et recommençai à manger silencieusement. La nouvelle arrivante n'était visiblement pas de cet avis puisqu'elle prit la parole.

- Tu pourrais au moins dire bonjour !

Je lui répondis d'un hochement d'épaules, continuant de rester silencieuse en mangeant mon déjeuné. Le seul bruit emplissant la pièce en dehors de nos respirations respective était le bruit des céréales broyées par mes dents.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? Tu n'as pas l'air de bonne humeur aujourd'hui, on dirait même que tu as vu un fantôme ,vraiment, tu as vu ta tête ? demanda-t-elle avec inquiétude.

- Non juste ma propre mort, dis-je avec détachement.

- Quoi ?!Mais de quoi tu parles !? hurla-t-elle d'une voix aiguë,paniquée qui me déchira les tympans.

- J'ai fait un cauchemar, rien de plus, lui répondis-je pour la rassurer d'une voix lasse.

- Raconte-moi ! M'ordonna-t-elle en me regardant.

- C'était la pleine lune, je courrais sous forme de loup dans la forêt, j'ai senti une odeur de cerf alors j'ai cherché l'animal et j'ai commencé à le manger. Un chasseur est arrivé et m'a tuée. Fin de l'histoire puisque je me suis réveillé juste après ça.

- Oh mon Dieu Tyrine ! C'est horrible ! dit-elle en écarquillant les yeux.

- Non, juste ce qui m'arrivera un jour, lui répondis-je toujours d'un air aussi détaché.

- Ne raconte pas de bêtises. Tu ne te feras pas tuer.

- Je suis un loup-garou Clarisse ! Les chasseurs me tuent sans ménagement, je me fais pourchasser depuis des années je te rappelle !

- Je sais, dit-elle en baissant les yeux.

Je me levai en faisant traîner la chaise sur le sol dans un bruit sourd, déposais ma vaisselle dans l'évier puis partis dans ma chambre, passant dans le couloir d'un pas détaché, laissant ma meilleure amie, seule. Je pris des vêtements propres puis me rendis dans la salle de bain. Je retirai l'ample tee-shirt gris délavé qui me servait de pyjama, puis mes sous-vêtements. J'ouvris le robinet de la baignoire, laissant couler l'eau chaude abondamment. Je pris ma brosse à dent bleu clair que je badigeonnais de dentifrice et la fourais dans ma bouche. Je me brossai les dents, remis le matériel à sa place puis me glissai dans l'eau chaude. J'éteignis le robinet et m'allongeai dans l'eau détendant mes muscles,regardant le plafond blanc à carreaux. Je plongeai la tête sous l'eau, mes cheveux flottant au-dessus. Dix minutes plus tard, je me redressai, attrapai mon shampoing dont je mis une noix dans ma paume droite. J'appliquai le produit sur ma chevelure et la frottai énergiquement. Je passai mes mains dans l'eau pour les rincer rapidement, attrapai un gant de toilette et y mis du savon. Je frottais frénétiquement mon corps du haut vers le bas, laissant mes pensées vagabonder. Je me rinçai, le savon coulant le long de mon corps nu, puis vidais l'eau. Je me séchai puis enfilai mes sous-vêtements  noir a dentelle, passais mon short blanc le long de mes jambes avant de le boutonner puis enfillais mon tee-shirt noir a manches courtes dont une petite poche y reposais sur mon sein gauche. Je  pris ma brosse à cheveux et sortis de la salle de bain. Je vis Clarisse assise sur le canapé, sans doute perdue dans ses pensées. Elle releva les yeux vers moi, me souriant légèrement.

- Je suis désolée, dit-elle d'une voix tremblante.

- Pourquoi ?demandai-je incrédule.

- Pour tout à l'heure, dit-elle en me regardant les yeux brillants.

- Non,c'est à moi de m'excuser, je n'aurais pas dû te parler comme ça, dis-je en m'asseyant à côté d'elle.

- C'est vrai mais je n'aurais pas dû insister en voyant que tu n'avais pas envi d'en parler.

- Tu sais comment je suis le matin, j'aime le silence c'est tout, rien n'est de ta faute. Lui dis-je en souriant pour qu'elle comprenne que je ne lui en veux pas.

- On oublie ? demanda-t-elle en se tournant vers moi.

- On oublie, dis-je en souriant.

- Tourne-toi. M'ordonna-t-elle.

Elle me prit la brosse des mains, alors je me tournai dos à elle. Elle se mit à me démêler les cheveux, passant ses mains dedans. Une fois mes cheveux coiffés, elle me rendit la brosse que je posai sur la table. Nous nous levâmes, je pris mon sac gris foncé, mis mes nike noires puis nous sortîmes. Je verrouillai la porte puis nous partîmes en direction de notre travail.

Métamorphe Tome 1-Tyrine WolfterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant