« Ses lointains ancêtres avaient assisté à la dislocation de leur univers. S'étaient-ils laissés mourir pour autant ? Non, ils s'étaient inventés une autre vie. » - Christelle Dabos, Les fiancés de l'hiver
Morgane s'est habituée avec faciliter à ce quotidien ponctué des visites de Chemwie et d'Isidore. Ils avaient tous deux entrepris de remettre sur pied la jeune fille.
Chemwie avec des massages thérapeutiques, des décoctions, et de nombreux mystérieux froncement de sourcil et... Et bien quant à Isidore il demeurait fidèle à lui-même. En effet, Chemwie avait eu raison de reconstruire le muscle de la jeune fille car très vite le maître avait voulu reprendre sans tarder l'apprentissage de son élève peu importe les sévices qu'elle avait subi au cours des derniers mois.
Ils s'étaient, comme à la bonne habitude d'Isidore, installer dans le jardin de l'hospice à une heure très matinale car il n'y en avait pas de meilleure d'après lui pour méditer. Et il attaquerait sûrement après les séances d'entraînement, Morgane serait alors obliger de feinter, d'esquiver et de se tortiller dans tous les sens mettant son corps fraîchement remit bien à mal. Ainsi, malgré les protestations et la fatigue de son élève il refusa de céder et la jeune apprentie finie, dépitée, par abdiquer.
Assise en tailleur, l'esprit étendu et laissé ouvert de manière à s'imprégner de la nature Morgane était concentrée sur les pensées d'une fourmi qui avançait laborieusement, de façon à transporter ce qu'elle comptait ramener à la fourmilière.
Le morceau de pain était lourd mais le travail la faisait se sentir pleinement vivante.
Inspiration Expiration.
La fourmi avançait péniblement bientôt elle serait à la fin de son périple. Elle salua la fourmi de garde et se faufila agilement dans la mince ouverture. Là elle suivit l'ordre bien organisée selon lequel ses confères descendait.
L'esprit de Morgane voyageait sereinement débarrasser de préoccupation qui parasitaient ces nuits, la réveillant hurlante et suante en proie à ces pires cauchemars.
Elle était fière de faire partie d'une telle organisation, elle était fière de pouvoir nourrir sa reine.
Inspiration Expiration.
Morgane détacha délicatement ces pensées de celle de la petite fourmi et laissa ces dernières courir doucement dans l'herbe folle, parcourir avec hargne le vent qui hurlait et décoiffait ses cheveux noirs. Elle prit alors pleinement conscience de son corps, de ses mains posées sur ces genoux, de son souffle régulier mais aussi de la présence d'Isidore. Elle resta ainsi quelques secondes perdue dans le néant absolu de ses pensée, dérivant d'idée en idée.
C'est pourquoi elle ne la vit pas arrivée, elle et ses longs cheveux roux battant au vent.
Elle ne se rendit compte de sa présence que lorsqu'elle fut à quelques mètres d'elle. A ce moment, elle ouvrit les yeux et lui lança un regard de chat. Ma était là. Un drôle de sourire la barrant la figure.
La mère et la fille se toisèrent quelques secondes du regard. Morgane retenait son souffle, les secondes semblaient s'étirer en heures.
Finalement, elle se leva d'un bond et se jeta précipitamment dans les bras de Ma. De longues larmes coulèrent de ces joues et un soulagement infini l'envahit quand elle huma avec ferveur le parfum boisé de Ma. Elle fut prise de ce sentiment, mélange de ressentiment et d'amour intense, qui ne la quittait jamais réellement malgré les visites régulières de la guerrière rousse présente depuis bientôt deux mois à Esméralda.
Derrière elle se tenait Kyle et Meryje qui se toisent toujours du même regard provocateur et mécontent.
Ah ces deux idiots là pensa Morgane.
Mais un large sourire éclaira quand bien même sa figure à leur vue. Cette vision lui rappela un souvenir seulement vieux de quelques mois cette fois-ci.
***
Elle est allongée sur le dos dans une petite chambre aux murs bleu pastel. La chaleur est suffocante dans cette partie des villes méridionale et grandit à mesure qu'ils se rapprochent de la Citadelle. L'ambiance de sa chambre et lourde et pesante. Elle a le sentiment que tout son corps va s'unir avec le matelas. Isidore la fait énormément voyager ces derniers temps et elle ne sait pas exactement si c'est dans le cadre de sa formation de rêveuse ou juste parce qu'il ne sait pas réellement rester en place. Elle soupire profondément voilà des mois qu'elle n'a vu ni Ma ni Meryje. Et tous deux lui manquent cruellement.
La porte de sa chambre s'ouvre brutalement troublant la quiétude tiède des lieux et elle est à peine surprise d'entendre la voix tonitruante d'Isidore lui sommer de se lever. Elle se retourne en grognant, regarde de ses yeux simplement entrouvert la drôle de figure burinée d'Isidore et soupire bruyamment. Elle rabat sa couverture sur sa tête, soupire à nouveau, et maudit intérieurement le jour où elle a accepté d'être son apprentie.
« - Debout jeune fille si tu n'es pas devant les écuries dans cinq minutes je viens te chercher moi-même ! s'exclame Isidore d'une voix rieuse.
La porte de sa chambre se referme dans un claquement sec, et un bruit de pas se poursuit dans le couloir. La voilà à nouveau seule. Elle se redresse en position assise sur son lit et regarde le drôle de portrait que lui renvoi le miroir suspendu en face de son lit. Une jeune fille d'allure plutôt mince mais au visage rond la regarde de ses grands yeux vert perçant, ses cheveux noirs formant une auréole de petites boucles autour de sa tête.
Nouveau soupire.
Mais elle fait contre mauvaise fortune bon cœur et la voilà quelques instant plus tard devant les écuries entrain de seller Tempête, son cheval, prête à partir. Elle se passe une main sur le front pour essuyer la sueur qui perle sur sa figure, malgré l'heure matinale le soleil est déjà haut dans le ciel.
Elle ne sait, comme à l'habitude, rien de la destination. Ce qu'elle ne sait que trop bien en revanche c'est qu'Isidore ne sera prêt à la lui donner que lorsqu'il l'aura décidé.
Elle soupire profondément et observe le ciel blanc qui cache à grand peine le soleil, il est ici une menace imminente de l'arrivée de l'hiver. Elle patiente encore à peine quelques minutes et Isidore arrive Funambule tenu en longe. Les voilà prêt au départ. Ils quittent donc la petite cité les sabots de leurs chevaux battant le sol brûlant et soulevant de lourds nuages de poussière.
Les jours passent et à mesure que le temps se rafraîchit la jeune fille reconnaît le paysage. Ils arrivaient dans le nord : terre de son enfance.
Elle soupire profondément, qu'allait-il donc bien se passer ?
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Le livre sans nom
FantasyTout commence par un livre... A 8 ans Morgane n'a pas basculé dans un chaudron de potion magique mais dans un livre. Elle se retrouve soudainement propulsée dans le monde merveilleux d'Azmog avec sa sœur jumelle, sans aucun repère... Mais quel secr...