CHAPITRE 3

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The truth runs wild like the rain to the sea. Trying to set straight the lines that I trace to find some release. This voice inside has been eating at me trying to embrace the picture I paint and colour me free.

Depuis qu'il avait eu le numéro de cette chère Anya, le jeune châtain n'avait toujours pas trouvé le courage de lui envoyer un message. Il n'y arrivait pas, il était trop dévasté pour cela. Certes, devant Nick, Hevan et cette jeune femme il était resté droit, n'avait pas faibli. Mais après une nuit à ruminer sur son statut, il était fragile. Beaucoup trop fragile.

Désormais, il était dix heures du matin, et il avait le regard rivé sur le dossier qu'on lui avait donné lors de son licenciement. Il en avait assez de le voir, il voulait comprendre ce qu'il avait fait de mal. Glapissant de douleur, il se jeta dessus tel un fauve en chasse, arracha la couverture avec hargne, et la laissa tomber au sol. Il avait été viré ! Tout était résumé sur un ensemble de cinq feuilles, un suivi précis de ses années à travailler pour Lender & sons, et il en lisait chaque ligne.

Ses yeux détaillèrent chacun des commentaires sur son travail, son assiduité, et c'était de pire en pire. Il était très travailleur au début, on le félicitait pour son efficacité, puis il y avait du relâchement, de la fatigue, puis une dépression, jusqu'à... "Des problèmes psychologiques qui devenaient nocifs pour l'entreprise et les collègues de Mr. L. Tomlinson."

Quoi ? Des problèmes psychologiques ? On le prenait pour un fou ? Pour un dérangé ? Il était sans doute le plus sain d'esprit de cette entreprise ! Et... Nocif ? Lui, nocif ? Il n'avait même pas le droit de parler aux autres, comment pouvait-il leur être nocif s'il ne leur faisait rien ? C'était n'importe quoi. Il n'était pas fou, pas lui. Il était stable. Juste totalement déprimé et fatigué par un système de travail trop lourd pour lui.

Un gémissement faible lui échappa, avant qu'il vienne arracher la dernière feuille pour la déchirer en de nombreux morceaux. Ses poings emplis des débris de papiers frappèrent son matelas, et de chaudes larmes coulèrent le long de ses joues roses. Il envoya le dossier valser à travers la fenêtre ouverte, et ne prêta même pas attention au son qu'il avait fait en s'écrasant au sol. Il se remit à geindre comme un louveteau, un petit animal à l'agonie. Non, il n'aimait pas son ancien emplois, mais il le tenait en vie, maintenant qu'il ne l'avait plus, il pouvait laisser tomber ses projets.

Il voulait cesser d'avoir ma alors, idiot, il appela Hevan.

-Louis. Je bosse.
-Je sais... Je sais. Mais j'ai besoin de toi...
-Tu pleures ?
-Ta gueule ! Je te demande juste d'être là pour moi...
-Je savais que tu finirai par revenir vers moi. Qu'est-ce que tu as?
-Tu le sais très bien, idiot ! hurla t-il à travers le combiné.
-Respire, tu sais que tu me plait bien plus quand tu es calme. Et tu racontes un flot de conneries quand tu t'énerves.
-Mais Hevan... J'ai tout perdu. Et tu me manques. murmura Louis, hésitant.
-Alors ne me fuis plus.
-Non arrête... C'est ta faute tout ça.
-Tu étais insupportable, à être si vide et si sensible à la seconde d'après! Tout ce que je voulais c'était te retrouver.
-Alors pourquoi je suis seul ? J'ai besoin de toi. grogna le plus jeune, la respiration saccadée.
-Détends-toi bébé. Tu te souviens de ce que je t'ai donné ? A chaque fois ça te calmait. Ne pleure plus, on en parlera ce soir, je viendrai te voir après le travail, avec ces macarons que tu aimes tant.
-D'accord. Oui. Ne tarde pas trop, tu me manques...
-Reste tranquille. Rappelle moi si tu as besoin, Louis.

A peine Louis eut-il le temps d'ouvrir la bouche pour répondre, que le jeune homme avait déjà raccroché. Au moins, sa crise était passée. C'était déjà ça. Près de lui gisait toujours le sachet du dinner qu'il aimait tant, cela le fit sourire. Hevan était vraiment adorable avec lui, il prenait toujours soin de lui.

Cinq minutes plus tard, il était couché dans son lit, le regard rivé sur le plafond taché par l'humidité de l'étage, une cigarette au bord des lèvres. Ce n'était rien de très fameux, cela ne valait pas le tabac que fumait les grandes personnes de la haute société, celles qu'on fumait au nord. C'était d'ailleurs très mauvais en vérité, cela lui brûlait toujours autant la gorge et lui faisait picoter le nez comme les yeux, mais il finissait toujours par s'endormir paisiblement. Fumer lui éteignait le cerveau.

La journée passa ainsi, il resta dans son lit à mettre sur papier ses écrits désespérés, il n'avait plus de courage pour son roman pour le moment. Il enchaîna deux ou trois cigarettes, passa d'états d'éveil partiel à un sommeil profond. C'était toujours plus agréable que se torturer l'esprit avec son licenciement. Il attendait Hevan de toute manière, et prépara un semblant de diner en réchauffant une pizza qu'il avait eu en promotion car la date de péremption était très proche, on voulait à tout prix limiter le gaspillage, mais on continuait de produire toujours plus. Où s'était envolée la logique des producteurs ?

Alors qu'il mettait le plat à chauffer, il entendit qu'on frappait à la porte, et un sourire triste orna son visage. Il était enfin arrivé. Il partit lui ouvrir en penchant légèrement la tête sur le côté, une moue timide, et se décala pour le laisser entrer. Il ne savait pas comment agir, il ne savait pas comment se comporter avec lui, il l'intimidait dans un sens, mais il avait surtout peur de la conséquence de ses actes.

Hevan l'aida beaucoup, puisqu'il prit ses aises dans son maigre appartement, s'installa sur son lit qui faisait tout aussi bien office de canapé, puis tapota le matelas à côté de lui pour l'inviter à s'asseoir contre son corps. Et le plus jeune ne se fit pas prier, et vint épouser ses formes en posant sa tête sur son épaule. Il aimait quand le brun était ainsi avec lui, il aimait quand il le rassurait plutôt que l'ignorer. Il le faisait surtout quand il sentait Louis s'éloigner, alors il s'éloignait souvent pour mieux le retrouver, mais la dernière fois avait été la fois de trop.

Et pourtant, le plus grand lui manquait. Il avait besoin de le retrouver, entendre sa voix à nouveau, alors il engagea la conversation de la manière la plus idiote du monde, après de longues minutes à attendre l'un contre l'autre.

-Tu n'as pas emmené les macarons...?
-Non. J'ai jugé que ce serait inutile. Tu devrais aussi éteindre ton four, j'aimerais manger maintenant, ça sent bon.
-Oh tant pis... Tu as raison, j'y vais tout de suite. Tu ne bouges pas ? demanda t-il avant de se lever.
-Où veux-tu que j'aille ?

Il se précipita ensuite dans le semblant de cuisine, puis sortit la pizza du four pour la couper en tranches dans une assiette qu'il ramena tout aussi vite. Il n'aimait pas être loin de lui, il était toujours bien avec lui, il l'avait toujours respecté. Plus ou moins.

-Voilà a... La pizza.
-En voilà un garçon parfait, viens t'asseoir et mange, tu as perdu du poids depuis que l'on s'est séparés.
-A qui la faute? Ne me parle pas de notre rupture, c'était il y a plusieurs mois, je n'aime pas y repenser, ça fait trop mal. Et je n'ai pas perdu beaucoup, juste une taille de vêtements, j'en avais marre qu'on me dise "boudin frêle" juste parce que j'avais un peu de ventre et de cuisses, alors que j'étais pas musclé.
-J'aimais ton petit cul non musclé quand il tremblait pour moi.
-Hevan... Tu es sensé m'aider, pas empirer les choses.
-Alors que dis-tu de cela ?

La main du brun glissa le long de sa joue, caressa sa pommette, puis ses lèvres pleines se ruèrent sur les siennes. Louis laissa un petit soupir timide lui échapper, et se détendit totalement. Hevan avait toujours eu un pouvoir de soumission sur lui, il savait le faire fondre au point de lui faire faire tout ce qu'il voulait. Sa main se glissa d'ailleurs au creux de sa cuisse lorsqu'il l'eut couché sur le dos, et alors que sa bouche glissait le long de sa gorge fébrile, put entendre les paroles délicieuses du jeune Louis.

-Ne m'abandonne plus jamais... Je veux être à toi...

Il était si désespéré, au point de laisser Hevan faire un peu ce qu'il voulait avec lui, et passer une nuit en sa chaleureuse compagnie. Lui qui s'était promis de ne jamais retomber dans ses bras...

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