Wicked Games

CHAPITRE 6

-Louis, tu sais qu'il va falloir que tu me parles au bout d'un moment? demanda Nick, face à un châtain le nez dans son café, le regard plus noir que le liquide dans sa tasse.

Cela faisait deux heures qu'il était assis à sa table, à fixer le contenant comme s'il était plus intéressant que ce racontait Nick. Il n'avait pas envie d'en parler, c'était trop honteux pour qu'il ose dire un seul mot à ce sujet. Tout le monde (excepté Hevan mais ce mec était un con) avait placé ses espoirs en lui, et son caractère de cochon avait tout gâché. Tout le monde serait déçu de lui, et surpris de savoir qu'un être aussi doux et raisonné que lui, ait pu laisser sa colère prendre le dessus sur son calme permanent.

-Louis s'il te plaît, dis quelque chose.
-J'ai envie d'être tranquille. Des clients attendent.
-Et ils attendront jusqu'à ce que tu me parles. Tu ne voudrais pas qu'ils partent par ta faute...
-Tu es injuste Nick, je t'ai dit de me laisser! J'ai besoin d'être seul!

Cria le châtain, avant de s'enfuir encore sur son vélo. Mais il ne rentra pas chez lui, il alla se cacher dans l'un des nombreux tunnels de la ville, peu souvent en fonction à cause de la grande séparation faite entre le Sud et le Nord. La végétation avait repris le dessus sur les graffitis et les rails du train, et il aimait mieux rester ici que face aux quatre murs de son appartement.

Depuis qu'il était rentré, il était aussi froid et mauvais que la veille de sa rupture avec Hevan, et ce souvenir ne fit qu'empirer son agacement. Il attrapa l'une des pierres au sol, et la lança contre un des murs du tunnel avant de retirer sa chemise et son pantalon pour les ranger dans son sac, dans lequel il avait emmené son jogging et son t-shirt gris. Et pourtant, il avait toujours sa veste repliée sur son épaule, à attendre d'être remise dans son armoire pendant une durée indéterminée. Mais en rangeant ses vêtements, il retomba sur le petit paquet de cigarettes qu'il réutilisait sans cesse pour y déposer les nouveau tubes. Ce pourquoi il attrapa la première qu'il avait entamé avant de se rendre à son entretien, frottée contre un mur pour l'éteindre et n'éveiller aucun soupçon. Il la coinça entre ses lèvres, puis l'alluma à l'aide de son briquet, pour s'asseoir contre la motte de terre, et fumer tranquillement à l'abris des regards.

Mais c'était sans compter sur le fait qu'Hevan l'avait suivi, sûrement sur ordre de son père. Il arriva donc dans le rond de lumière du tunnel, les mains sur les hanches, et sûrement un regard de prédateur rivé sur le petit corps de Louis. Rien qu'à sa démarche, il devina son énervement, et un soupir lui échappa. Franchement, il ne l'effrayait même plus ainsi, il était las de le voir s'agacer contre lui quand il ne faisait rien de mal, alors il attendait souvent qu'il se calme pour lui parler de nouveau.

-Bon Louis! T'as quoi? Un des bourges t'as fait tirer un mauvais coup? T'as honte de dire à papa que t'as aspiré une queue pour avoir ton emplois?
-J'aimerais en avoir sucé un pour te le cracher au visage Hevan, tu m'soules, lâche moi, ok?
-Depuis que tu fréquentes ta rouquine, t'es devenu un autre gars Louis et je supporte mal ça, depuis quand tu me parles ainsi? Depuis quand tu réponds, déjà?
-Depuis que tu te barres après m'avoir baisé, depuis que tu as perdu la notion du respect, et moi la notion d'un job!
-Mais t'as un job, en fait, et papa se bat pour t'aider quand toi t'es pas capable de venir bosser, et préfère avoir un "entretien" au nord. Toute la matinée on a attendu tes nouvelles, et là tu viens de passer deux heures à nous ignorer, pour au final nous lâcher sans une explication! Reprends toi en main? Tu es le plus irrespectueux de nous deux, à laisser ta famille t'aider sans retour!
-Ma famille? Tu veux rire j'espère? Depuis quand tu sautes ta famille? Arrête, avec tes notions de famille, si tu veux être le seul fils aux yeux de Nick mais sois le, il est pas mon père et j'veux pas qu'il le soit c'est pas son rôle! Fais pas ton jaloux, et laisse moi tranquille.
-Tu veux pas qu'il le soit mais t'as été content qu'il te prenne sous son aile quand les tiens ont disparu.

Ce fut la goutte de trop. Hevan avait toujours été capable de tirer le meilleur et le pire de Louis, se comportant tantôt comme son frère, la seconde d'après comme son copain, pour redevenir le dernier des idiots. Il lança alors son mégot loin de lui, attrapa son sac en hurlant des atrocités au visage de son ex qu'il aurait bien frappé, puis s'enfuit en grimpant sur son vélo, pédalant à toute vitesse malgré sa difficulté à respirer quand il fumait, et s'énervait en prime.