Chapitre 2 : L'arcane sans nom

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- Tu sais quelle est la prochaine ville ? demandais-je à Emilie

Elle me tendit sa cigarette que j'acceptais et répondit en fermant la dernière boite de sucre :

- Je ne sais pas exactement, mais je crois que le Boss veut rester en Arkansas. Il dit que le beau temps c'est mieux pour les clients et il n'a pas tort.

Elle s'essuya le front et me repris la cigarette avant d'inspirer la fumée, les yeux clos.

- Moi j'aimerais mieux qu'on aille en Louisiane. L'Arkansas c'est déprimant. Pas de fête, pas de vie, pas de débauche.

Elle rit en soulevant sa jolie poitrine qu'on pouvait entrapercevoir à travers sa chemise d'homme mal boutonnée. Emilie était responsable de presque tous les stands de douceur et autre sucreries ce qui, de l'avis de presque tous les hommes du Carnaval des Lucioles, lui allait comme un gant. C'était une jeune femme pétillante et vive qui se moquait éperdument des conventions et n'en faisait, le plus souvent, qu'à sa tête. Elle n'était pas née foraine, mais s'y était sentis comme chez elle dès son arrivée.

- Je suis née dans une famille de bigots, m'avait-elle raconté un jour entre deux bouchées de guimauve. Ma mère allait à l'église tous les jours de la semaine et régentait la maison avec une poigne de fer. Notre vie entière était régie par la bible et le moindre manquement aux règles était sévèrement puni. Nous devions vivre dans la crainte de dieu et plus encore dans celle du diable. Tu parles ! Dès mes douze ans je suis devenu un joli petit bout de femme et j'ai eut vite fait de comprendre que l'amour des hommes me plaisait bien mieux que le respect de dieu. Quand ma mère l'a découvert, elle est rentrée dans une rage telle que ni une ni deux j'ai fais mes valises et je me suis enfuie. Il se trouve qu'à ce moment passait par là le Carnaval de Lucioles.

- Ta famille ne te manque jamais ?

- Ma sœur parfois, si.

Elle avait englouti un bout de guimauve puis avait dit dans un sourire :

- Mais le jeu en valait la chandelle. J'aime ma vie ici, j'aime ma liberté et le fait de ne pas être soumise parce que je suis une femme. Je gagne mon propre argent et je ne dépends de personne. Je prends les hommes que je veux et rejette ceux que je ne veux pas. Cela vaut bien quelques regrets de temps à autre.

Puis elle m'avait embrassé et ses lèvres étaient aussi sucrées que le bonbon qu'elle venait de finir.

- Tu devrais coucher avec moi un jour Snow. Tu apprendrais sûrement des choses, avait-elle lancé en riant.

Je m'étais contenté de lui sourire alors qu'elle s'éloignait avec un signe de main.

- Peut être irons-nous en Louisiane la fois d'après, avançais-je en tirant fort le lacet qui entourait l'auvent de toile que je venais de rouler.

- Non j'en doute. Je pense que nous irons plutôt au Texas. Ça va être la bonne période.

C'est à ce moment là que Josh surgit et attrapant Emilie par les hanches, l'embrassa dans le cou. Elle sursauta puis rit en le repoussant.

- Aller Emy, sois gentille.

- Tu as bien du culot Josh Hummer ! déclara-t-elle mains sur les hanches.

- Et pourquoi pas ? Je sais que tu n'as pas d'amant en ce moment et j'en vaut bien un autre.

Elle rit et dit :

- Mais si, mais si.

Josh me jeta un coup d'œil suspicieux et demanda, incrédule :

- Ce n'est quand même pas Snow.

Foraine (Fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant