By The Way

Day 1 - 8h25

8h25

  Comme à son habitude, Liam déboule devant la maison de Poppy, manquant de l'écraser et n'épargnant cependant pas la clôture qui, pour la énième fois, va nécessiter une légère réparation.
« - Tu l'as eu où ton permis déjà ? » crie-t-elle quand la voiture s'arrête à sa hauteur.
« - Quel permis ? » répond-il en riant.

  Le code de la route doit sembler bien superflu lorsque l'on est au volant d'une sublime Aston Martin noire aux vitres teintées. Il faut admettre que ce genre de conducteur se fait rarement contrôler, et disons que l'argent et la notoriété de leurs parents permettent de régler certains problèmes, tant que ceux-ci restent discrets.
« - Logan sera en retard, comme d'habitude. Où sont Carter et Faith ? » demande P.
« - Cart nous retrouve devant le lycée et Faith...tu la connais, le métro lui plait bien plus que les voitures de luxe. » répond Hope, levant les yeux au ciel comme pour signifier son incompréhension.

  Il est vrai que Faith, la plus jeune sœur Burton, ne semble guère attirée par l'excès. Le métro, les vêtements rétro, et les cheveux colorés lui paraissent sans doute bien plus appréciables que tout cet étalage de richesse. Bien entendu, tout BH sait d'où elle vient, de quel milieu, mais les élèves ont plutôt tendance à l'ignorer; un seul tyran suffit, pas besoin de s'attirer les foudres d'un second. Si F ne ressemble pas à sa sœur aînée, elle n'en est pas moins un monstre d'égocentrisme. Elle possède son propre royaume, ses suivantes et ses adorateurs, même si ces-derniers sont plus considérés comme les outsiders que comme les kings and queens de BH.

  En effet, tout bon royaume a besoin de sa hiérarchie, au sommet de laquelle se hissent, sans peine, Queen Hope et ses amis. Cependant, si le sommet de la pyramide est facilement identifiable, le reste semble plus...flou ? Annabeth, par exemple, ne fait évidemment pas partie de l'élite de BH, sans pour autant appartenir au groupe décalé de Faith. Elle est plus ou moins « dans la masse », ni populaire, ni paria; elle est juste...là. Cela lui convenait plutôt bien jusqu'à l'année dernière, lors de son grand retour aux Etats-Unis, première occasion pour elle de retourner à New York depuis le divorce de ses parents, ayant eut lieu pourtant cinq ans auparavant. Son père, Ethan Waters, véritable cliché du businessman new-yorkais, avait quitté celle qui est aujourd'hui son ex-femme, Lucie Morel, et son ancienne vie à cheval entre New York et Paris, pour une nouvelle femme, Vanessa, anciennement secrétaire et aujourd'hui mère de son troisième enfant, Parker. Il s'investit aujourd'hui pleinement dans sa carrière et règle le moindre de ses problèmes à coups de chéquier ou de carte de crédit. Une fois la relation entre le richissime E. Waters et sa secrétaire dévoilée par les médias –comment faire plus cliché ?–, il n'a pas fallu attendre longtemps avant que Lucie ne le quitte, entraînant à sa suite leurs deux filles, Annabeth et Charlie, alors âgées de dix et six ans. Mais après avoir étudié en France pendant ses quatre années de collège, l'aînée a décidé de poursuivre son éducation aux Etats-Unis, dans l'un des meilleurs lycées du pays, passage lui paraissant obligatoire pour intégrer une université de l'Ivy League. C'est ainsi qu'elle est retournée à New York, ville dont elle rêvait depuis des années et où elle espérait tant revenir, bien que d'autres circonstances auraient été préférables, car si la ville qui ne dort jamais lui avait manqué, ce n'était pas le cas de sa nouvelle belle-mère. Cette-dernière ayant donné naissance au petit Parker, aujourd'hui insupportable bambin de cinq ans, est donc rapidement devenue la nouvelle Mme Waters, adepte des soirées mondaines et des frasques exclusivement réservées aux détenteurs de portefeuilles bien remplis. Et c'est donc avec elle qu'Annabeth doit désormais vivre, en compagnie de l'abominable demi-frère, et de son père –lorsqu'il n'est pas en voyage d'affaire– dans leur luxueux appartement de Lincoln Square.

  À peine arrivée en ville l'année dernière, sa mère et sa sœur restées en France lui avait terriblement manquées. Elle avait perdu tout contact avec ses amis d'enfance et son seul et unique but à Burton était de se faire aussi discrète que possible; mais c'est durant cette première année de lycée qu'elle a réalisé la différence entre sa vie parisienne et sa vie, ici, dans les quartiers huppés de New York... C'est aussi ici qu'elle a découvert, pour la première fois le monde scandaleux et fascinant des grandes figures de Manhattan. Bien évidemment, Charlie et elle ont connu, lorsqu'elles étaient plus jeunes, une bonne partie des avantages que procure l'argent mais sans pour autant fréquenter les jeunes que Beth s'est surprise à admirer dans les couloirs de BH. Toujours est-il qu'une année complète en coulisse a suffit à la faire changer d'avis. Secrètement envier l'élite de Burton est une chose, mais en faire partie en est une autre. C'est pourquoi tout va changer.

  By the way, quoi de mieux qu'une soirée quelque peu alcoolisée pour se propulser sur le devant de la scène ? Fini les coulisses Beth, à elle le feu des projecteurs.