By The Way

Day 1 - 8h30

8h30

  Une fois engouffrée dans le métro à la station Columbus Circle, Beth ne patiente que quelques minutes avant de voir son métro arriver, celui-ci étant évidemment plein à craquer. Serrant son sac contre elle et s'efforçant de masquer son dégout à l'idée de se retrouver étouffée au milieu d'une foule d'inconnus, elle entre dans le wagon.
« -Allez, je n'en ai que pour cinq minutes... » se dit-elle à voix basse, en guise d'encouragement.

  Cinq minutes, trois stations et quelques escaliers plus loin, elle émerge sur la 86ème, quand une paire de bras l'entourent soudainement. Jules. Jules Anderson, petite brune aux mèches rebelles, excentrique à souhait et meilleure amie de Beth depuis qu'elles se sont toutes deux retrouvées en retenue l'année précédente, suite à une malencontreuse histoire de cigarette allumée trop près de l'établissement. Beth, qui avait pris la mauvaise habitude de fumer, s'était retrouvée bien embêtée en apprenant la politique anti-tabac que mènent la quasi-totalité des écoles des Etats-Unis, contrairement aux lycées français qui tolèrent que les étudiants, et les professeurs, soulagent leur besoin en nicotine en fin de journée. Jules, quant à elle, ne pensait tout simplement pas aux professeurs et autres figures d'autorité de Burton, qui pouvaient à tout moment la surprendre en train d'enfreindre le règlement. C'est ainsi que sa cigarette lui fut arrachée des lèvres par M. Graham, professeur de biologie, qui la gratifia d'un regard désapprobateur, d'une moue dégoutée, et surtout, d'un billet de retenue. Suite à cet incident, les deux jeunes filles se sont découverts une infinité de points communs et ont fini par passer leur année ensemble.
« - Juuules ! » hurle Beth à la vue de sa meilleure amie.
« - Hola Blondie, quoi de neuf ? Tiens, je suis passée par le Starbucks de Colombus. » répond-elle en lui tendant un latte et un sachet à la contenance plus qu'alléchante.
« - Tu es officiellement mon sauveur J, je meurs de faim.
- Pas de petit déjeuner dans le royaume des Waters ?
- Un pancakes à la volée, mais rien de suffisant, tu sais comment je suis quand je suis nerveuse...
- Tu n'as aucune raison de l'être B, tout se passera bien aujourd'hui. Dis-toi que c'est une journée comme une autre, et on est deux à affronter tout ça cette année.
- Justement, ça ne doit pas être une journée comme les autres ! Cette rentrée est supposée déterminer notre année et celles à venir...
- J'avais oublié tes plans de devenir la nouvelle Hope; à vrai dire je pensais même que cette idée te passerait durant l'été.
- Au contraire J, cette idée ne m'a pas quittée une seconde. Elle a constitué ma principale occupation cet été. Charlie m'a même beaucoup aidée, et que tu le veuilles ou non, cette année est l'année du changement.
- Si tu le dis...
- Tu as demandé à ta sœur pour ce soir ? » essaye Beth, sans y croire vraiment.

  Les parents de Jules étant souvent absents, celle-ci reste la plupart du temps sous la responsabilité de sa sœur aînée Abby. C'est l'accord de cette-dernière qu'il faudrait à Beth et Jules pour organiser la parfaite soirée de rentrée, le soir même, dans leur appartement de Williamsburg. Cependant, le temps presse et Abby ne semble guère d'humeur à leur céder l'appartement, ce qui compromet sérieusement le rêve de popularité d'Annabeth.
« - Hum, oui. J'ai demandé, voire même supplié, mais elle n'a toujours pas pris de décision... Beth, sérieusement, si j'étais toi j'oublierais cette soirée, Abby ne nous laissera jamais l'appart'. De toute façon, j'habite Brooklyn...
- Et ? Brooklyn ou non, tu habites un penthouse, piscine et terrasse incluses, tout le luxe qu'il faut pour une soirée réussie ! Même Hope pourrait t'envier » la coupe Beth.
« - Ce n'est pas une question de luxe ou d'appartement, tu le sais très bien. Mais j'habite à une heure d'ici, et en métro ! ce qui est, rappelons le, le moyen le plus rapide de circuler jusqu'à Brooklyn. Jamais Hope et sa bande n'accepteraient d'aller aussi loin, de prendre les transports en commun ou de rester coincés des heures dans les embouteillages, tout ça pour une soirée à Brooklyn dans l'appartement d'une fille qu'ils ne connaissent absolument pas ! »

  Jules marque un point. Aucun des élèves de Burton n'accepterait un déplacement pareil, encore moins pour une fête organisée par deux sombres inconnues. Mais Beth ne peut s'empêcher de penser que cette soirée est leur billet d'entrée pour ce monde qu'elle admire tant. Elle trouvera un moyen, la journée n'est pas finie.