Ça s'annonçait pour être une belle journée de merde.Ouais,un réveil de merde pour une journée de merde.Je m'étais réveillé aux côtés d'un Dom encore magané de la veille qui n'avait même pas daigné me laisser ne serait-ce que l'ombre d'une place dans le lit,et j'avais une de ces gueules terribles,comme si j'avais fais pour 100 piastres de coke la veille,alors que j'étais clean depuis plus de 48 heure,ce qui était plutôt impressionnant.C'est peut-être aussi pour ça que j'avais envie de tuer tout le monde et que même la vue du visage de mon Homme n'était même pas parvenu à m'attendrir.Je m'étais levé et avais jeté un coup d'œil à mon cadran.8 heure du mat.Fuck,pourquoi je suis incapable de dormir jusqu'à midi,comme une ado normale?
Dom avait finalement ouvert les yeux quand j'avais fini par lui donner des coups de pieds dans le bas du dos(Ne jamais sous-estimer le pouvoir des pieds froids d'une femme). On avait attendu d'entendre le bruit de la porte d'entrée se refermer sur ma mère avant de se lever du lit. On puait comme des chiens galeux,j'avais monopoliser le bain,lui la douche.Alors qu'il se déshabillait,j'avais regardé son corps en grimaçant.Puis,j'avais eu honte.Merde,qu'est-ce qui m'arrivait?
La veille,Dom était arrivé chez nous épuisé mort et avait dormit 4 heure dans mon lit,avant de tout me raconter.Soirée chez lui.Une dizaine de personnes.Beaucoup de coke.Trop de mush,encore.Et de la md.Y avait des filles.M'en foutais.
Puis,il m'avait dit qu'il voulait arrêter la dope.Qu'il voulait qu'on arrête.
Le choc!Bon,j'étais plutôt d'accord avec lui,et il avait de bons arguments.C'est vrai qu'on était plus fatigués qu'avant,que nos corps avaient changés,surtout avec la poudre,qu'on avait l'air maganés...Et plus je l'écoutais parler,plus j'y croyais.Ouais.Arrêter.Dis comme ça,ç'avait pas l'air si terrible.Arrêter.Ouais,pourquoi pas?J'y croyais pour de bon.On allait arrêter.Et ça serait bien.
Pour fêter notre nouvelle sobriété,et surtout notre premier mois de relation,Dom avait emmené de la md.De la brune.
Je dois avouer que je ne le sentais pas dès le début,ce trip.J'étais de mauvaise humeur,j'avais envie d'être seule,j'étais triste sans vraiment comprendre pourquoi.C'est qu'habituellement,la md fait disparaître tout ça,la tristesse,la déprime,les problèmes...Avec ça dans le sang,y a plus rien qui compte à part l'amour que tu portes à la planète entière.
L'attente avait été interminable.Dom avait déjà décollé depuis une bonne demi-heure quand j'avais sentis la nausée monter en moi.Un trip de merde,le pire que j'ai jamais vécu.
J'ai été malade comme un chien,comme une chienne.Quand Dom est partit,je me suis retrouvée seule,désespérément défoncée et atrocement triste.Je lui en voulais de m'avoir abandonné dans cet état,au moment où j'avais le plus besoin de sa présence,alors que j'étais constamment là pour lui,toujours à ses côtés à l'écouter brailler,se plaindre et se lamenter sur sa vie de merde.
Dans la salle de bain,mes yeux avaient croisés mon reflet.Là,j'avais gémis.Mon état était lamentable,et c'était la première fois que je m'en rendais vraiment compte.Ma peau pâle et ravagée par de vilaines cicatrices.Les cernes sous mes yeux morts.Mes joues creuses.Les longues mèches de cheveux noirs et secs qui me bouffaient le visage.J'avais laissé glisser mon pull jusqu'au sol,sans bruit.Bouffée de chaleur.Putain.Les mots de ma mère m'étaient revenus;
"Estelle,t'as maigris..."
Mes côtes.Les os de mes hanches.Mon ventre creusé.Mes poignets osseux.Mes fesses et mes cuisses toujours étrangement forts et charnues.Mes seins flottant dans mon soutifs trois tailles trop grand.Les bleus-couleurs-du-ciel naissants sur le tissue de ma peau.Je ne me souvenais plus de la dernière fois que j'étais montée sur la vieille balance sous l'évier de la salle d'eau au rez-de-chaussé,ni du dernier vrai repas que j'avais mangé.Dans un coup de vent,j'étais sortis de la pièce et avais dévalé les escaliers,manquant de perdre connaissance,le cœur battant à cent à l'heure sur l'autoroute après une demi livre de poudre.Putaindebordeldemerdequ'est-cequ'ilm'arrivait?!La balance,oui,la putain de balance...
115.
115 livres.
52 kilos.
J'avais pas fais ce poids depuis mes 12 ans.
Putain,qu'est-ce qu'il s'était passé?!
J'avais enfin atteint l'objectif que je m'étais fixé lorsque j'avais décidé d'arrêter de manger pour maigrir.Alors que je mangeais à ma faim et que je ne me rappelais plus la dernière fois que je m'étais privée de quoi que ce soit...Mais justement...C'était quand,la dernière fois que j'avais ressentis la faim?
Vite,fallait que je règle ça au plus vite.
Fallait que je me prouve que tout ça était normal,que rien ne clochait dans cette perte de poids.
Que tout était comme avant mais en mieux.
Tout simplement.
J'avais ouvert la porte du frigidaire et avais enfouie ma tête à l'intérieur à la recherche de ma faim perdue,de quelque chose qui la ferait revivre de ses cendres,n'importe quoi.
Rien.
Mal au cœur.Vite vite,refermer la porte.
De l'eau!Oui,de l'eau!Fallait que je boive,voilà tout.Ouais,c'était exactement ça.La tête en dessous du robinet.Le goût du métal et du sable sur ma langue.Une,deux,trois grandes gorgées.Je dégueule la quatrième par le nez.
Je m'étais affalée au sol,le dos appuyé contre la cuisinière.J'étais tombée endormie en moins de cinq minutes et n'avais pas fais un seul rêve.Un sommeil de plomb,lourd et triste.
...
Ce soir-là,j'ai tout dis à ma mère.
Tout,ou presque.
Du Hash à la coke,en passant par la md et le mush.
En pleurant tout le long.
Y a que le crack qui n'avait pas voulu me sortir de la gorge.Rien à faire,pas capable.
Ce soir-là,j'ai promis que j'arrêterais.
Pour de bon.
Ce soir-là,en larme dans la cuisine de ma mère,j'y ai cru.
J'allais arrêter.
Devenir l'adolescente puis la jeune adulte que mes parents souhaitaient me voire devenir.
Grandir.
Étudier.
Aimer.
Vivre.
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L'amour au temps des catastrophes
Teen FictionOn se tient debout sous l'ouragan Mon regard dans tes yeux rouge sang Je garde de toi un vent subtil Nos baisers doux dans un missile L'amour au temps, l'amour au temps, l'amour au temps des catastrophes Mais pour l'instant Faisons semblant L'amour...