Speed-Ou 24 heures au pays de l'amour

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Je m'étais réveillée ce matin-là et la première question qui m'était venue en tête avait été:"Est-ce que je suis morte?" Puis la deuxième:"Où est Dom?" J'avais étiré le bras pour tâter l'autre partie du lit mais avais stoppé mon mouvement en poussant un gémissement.Je venais de me rendre compte que chacun des os de mon corps étaient en train de se casser sous ma peau.J'avais vainement tenté de me rouler sur le côté en sifflant des petits cris d'animal blessé,mais avais abandonné l'idée.Trop douloureux.Mon coeur allait exploser.Ça faisait plus d'un an que je n'avais pas eu si mal.La dernière fois,c'était à cause de cette salope de dépression.
Haaaaaa mon dos!Fuck!
Je sentais mon coeur se débattre dans ma poitrine,chercher à s'enfuir...J'avais envie de chiâler.
Je suais de grosses gouttes salées et puantes,acides...J'avais de l'acide qui roulait sur mon corps,les murs se refermaient au dessus de ma tête fiévreuse...Un trip de LSD sans LSD.
Puis,j'avais compris:Cela faisait 3 jours que nous étions sur la md non-stop,Dom et moi.J'étais tout simplement en train de redescendre,mon corps faisait sortir le poison.J'étais en train de mourir,de pourrir de l'intérieur.Mais où était Dom?!
J'avais réussis à agripper mon cellulaire et là,j'avais reçu une dizaine de messages de mon homme me demandant si tout allait bien.J'avais juste répondu:"Y avait du Fentanyl dans les dernières qu'on a pris".Pas la force d'en écrire plus.
Il était 11 heure du matin,ma mère était au travail.La semaine de relâche avait été bien remplie jusqu'à date.Malgré mon état,je voulais absolument que ça continu.Fallait juste trouver de la bonne,de la vraie,qualité supérieure;De la blanche.Le problème,c'est qu'il n'y en a pour ainsi dire jamais à Chambly,que de minables substitues bourrés de Fentanyl et de p'tite vache.
J'avais voulu me lever,me disant que plus vite je serais sur pieds mieux ça irait.Mais non.
À partir du moment où mon corps avait quitté mon lit,mes yeux s'étaient tout simplement éteints.Complètement.Noir total.Aveugle.
Ça m'avait pris une bonne heure avant d'être capable de descendre les escaliers menant au rez-de-chaussé.Chaque fois que je tentais de me relever,c'était le même manège.Le vertige me sautait à la gorge et je perdais l'équilibre,aveuglée par un rideau noir.

Après une éternité,j'avais réussi à me lever,faisant fie de ma vue qui déconnait et des points noirs qui l'obscurcissait,et à descendre à la cuisine.Là,j'avais essayé de manger quelque chose,mais rien à faire:Le quart d'orange qui ne m'avait pas trop donné la nausée à première vue a fini par trouver le chemin de la sortie en moins de cinq minutes.Depuis ce trip dégueulasse où j'avais tout déballé à ma mère à propos de la dope,j'avais jamais été aussi mal en point.J'étais ravagée,à moitié vivante, même plus qu'à moitié...Si mon cœur battait encore,c'était seulement parce que le dealer n'avait pas mit asser de Fentanyl dans sa merde.

...

Ce soir-là,j'étais allé à Longueuil pour la nuit blanche du Sac Ado,la cousine de Dom bosse là-bas.

On avait poppés les deux dernières md,question d'en finir une fois pour toute avec ce stock de merde.Évidemment,avec ma tolérance de bâtard,ça ne m'avais rien fait.Ça m'en prend au moins 3 pour décoller.4 si c'est de la brune et que le dealer est un enculé.Guillaume,un mec qui vendait du hash de fou à Chambly il y a deux ans,nous avait refilé 6 speeds,comme ça,sans rien nous demander en échange.C'est sa tante qui lui en donne,il n'en avait rien à foutre.On s'était fait des lignes dans les chiottes,à tour de rôle.C'était de la bonne.De la Ice.Ça faisait une éternité que j'avais pas fais autre chose que de la UFC.

Dom avait passé la nuit à me chuchoter son amour au creux du cou, trop défoncé et amoureux qu'il était pour dormir.

Moi,je l'avais écouté en apprivoisent quelque chose de bien nouveau qui était venu se blottir là,tout au fond de ma poitrine:De l'amour.

Pas pour Dom,même si ça revenait un peu au même.

Pour moi.

Du respect.

La certitude que je méritais de vivre.

Que j'avais ma place sur cette Terre au même titre que tous les autres humains.

Et que ça irait.

Peut-être pas là,peut-être dans cinq,dix ans.Peut-être dans longtemps,peut-être demain.

Mais ça irait.

Un jour.

L'amour au temps des catastrophesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant